Annonce

Réduire
Aucune annonce.

L’Ukraine pourra-t-elle combattre seule la Russie ?

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • L’Ukraine pourra-t-elle combattre seule la Russie ?

    Alexandre Khramtchikhine, directeur de l’Institut russe d’analyse politique et stratégique, explique à la revue Russkaïa Planeta pourquoi l’armée ukrainienne pourra difficilement, dans son état actuel, tenir tête aux forces russes. Le Courrier de Russie a traduit son article, publié en novembre 2013.

    À la chute de l’URSS, l’Ukraine a hérité d’une armée excellente – trois districts militaires très puissants et trois armées aériennes, soit un effectif de près de 800 000 individus. Ces troupes étaient équipées de technologies militaires contemporaines en grande quantité. En nombre de chars (plus de 6100) et d’avions de combat (plus de 1100), l’Ukraine se plaçait ainsi à la quatrième place mondiale après les USA, la Russie et la Chine.

    Comment l’Ukraine a dilapidé l’héritage soviétique

    Si la Russie et l’Ukraine étaient entrées en guerre au début des années 1990, l’Ukraine aurait bénéficié d’une supériorité significative sur les forces russes de la partie européenne de la Russie.

    En 1994, Washington et Moscou ont contraint Kiev à renoncer à l’arme nucléaire. Pourtant, même malgré cette perte, les conditions de départ pour l’édification militaire de l’Ukraine étaient véritablement fastueuses, les meilleures, sans hésiter, parmi tous les pays de l’ex-URSS. Le pays avait hérité d’un potentiel en officiers très puissant et d’un complexe militaro-industriel hautement développé. L’Ukraine comptait sur son territoire pas moins de 700 entreprises du complexe militaro-industriel, capables de fabriquer quasiment n’importe quelle technologie. En outre, elle se retrouvait avec le monopole, dans l’espace post-soviétique, de la production de fusées à propulsion liquide intercontinentales et spatiales, de porte-avions, d’avions lourds de transport militaire et de moteurs d’hélicoptères.

    Cependant, l’Ukraine, pour employer un euphémisme, n’a pas utilisé de la meilleure façon les deux décennies post-soviétiques. En termes de PIB par habitant, l’Ukraine est passée de la deuxième à la neuvième place entre 1991 et 2011 parmi les pays de l’ex-URSS. Concernant l’augmentation de cet indice, elle a chuté, sur la même période et relativement au même groupe de pays, à la 15ème place – la dernière. Pendant que la population se réduisait, sur la même période, de 7 millions de personnes.

    Alors que de nombreuses armées post-soviétiques ont pris le chemin d’un développement progressif (à l’exception de la Moldavie, de la Kirghizie, du Tadjikistan et des Pays baltes), les forces armées ukrainiennes sont restées dans un état de dégradation chaotique. Finalement, partie avec les meilleures conditions de départ, l’Ukraine a obtenu le pire résultat.

    « Surplus » au rabais

    Au cours des vingt dernières années, les forces armées de l’Ukraine ont subi un certain nombre de transformations structurelles. Les districts militaires des Carpates, d’Odessa et de Kiev sont devenus les commandements opérationnels de l’Ouest et du Sud et la direction territoriale du Nord. Les divisions sont devenues des brigades, aujourd’hui au nombre de 17 (deux de chars, huit mécaniques, une aéroportée, deux aéromobiles, une de missiles et trois d’artillerie). Avec encore, au-dessus, 20 régiments, dont trois de forces spéciales.

    Selon les chiffres officiels du Traité sur les forces conventionnelles en Europe, l’Ukraine possédait, au 1er janvier 2013, 2311 chars, 3782 véhicules militaires blindés, 3101 canons, 507 avions militaires et 121 hélicoptères d’attaque. Sachant que ces chiffres sont purement formels – la moitié seulement, au mieux, de la technologie recensée dans les forces armées ukrainiennes étant réellement apte au combat.

    En 20 ans, une grande quantité des équipements sont soit devenus hors d’usage, soit ont été vendus. Au cours de la période post-soviétique, l’Ukraine a rejoint le groupe des plus gros exportateurs d’armes mondiaux. Sur cette période, les sites de production ukrainiens ont fabriqué pour l’export 285 chars et 430 blindés (et doivent encore honorer des commandes pour 50 chars et environ 200 blindés). Entre 1992 et 2002, l’Ukraine a vendu à l’étranger, sur son équipement existant, 1162 chars, 1221 véhicules militaires blindés (BRDM, véhicules de combat d’infanterie, véhicules de transport de troupes), 529 canons, 134 avions militaires, 112 hélicoptères d’attaque et une quantité significative de ressources de lutte anti-aérienne.

    Il est toutefois évident que si l’Ukraine est devenue un exportateur majeur de technologie militaire, c’est en vendant massivement ses possessions – et non grâce aux succès de son industrie de défense. La vente rapide et au rabais de l’héritage soviétique se poursuit jusqu’aujourd’hui même, et ses consommateurs principaux sont les pays d’Afrique subsaharienne (Mali, Éthiopie, République démocratique du Congo). Selon les déclarations officielles, l’Ukraine ne vendrait que les surplus de son armement et des technologies désuètes. Mais ces « surplus » s’avèrent être extrêmement nombreux, et il ne s’agit pas, de très loin, des équipements les plus vieux en comparaison avec ce qui reste en Ukraine. Surtout, cette massive vente de l’héritage soviétique n’est pas le moins du monde compensée par de nouvelles fournitures.

    Le projet de modernisation de 400 chars soviétiques T-64, apparu au début des années 2000, a rapidement été réduit à 85 unités : pour, finalement, seulement 76 engins réellement modernisés aujourd’hui. L’Ukraine n’a réussi à acheter que 10 nouveaux chars T-84U « Rempart » : le ministère ukrainien de la Défense n’ayant pas trouvé l’argent pour un renouvellement plus significatif de son parc. Sachant que les Ukrainiens, dans le même temps, ont produit et vendu 50 chars « Rempart » à la Thaïlande, et que le Tchad et la Birmanie achètent des véhicules blindés de transport de troupes ukrainiens par centaines.

    Parasitage sur les restes de l’équipement soviétique

    Ces derniers temps, l’Ukraine rencontre une série de problèmes concernant l’export de ses blindés. L’Irak a récemment dénoncé un contrat qui le liait à l’Ukraine sur la livraison de BTR-4, du fait de la mauvaise qualité des véhicules. Les BTR-3 ukrainiens ont également été refusés, il y a peu, par le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et les Émirats arabes unis. Pour l’instant, les principaux acheteurs de nouveaux véhicules blindés ukrainiens restent le Nigeria et la Thaïlande.

    La récente affaire du complexe de missiles Sapsan illustre de façon frappante la situation de l’industrie militaire ukrainienne. Entre 2007 et 2013, le pays a consacré au projet plus de 200 millions de hryvnias (environ 1 milliard de roubles). Pourtant, au cours de cette période, non seulement aucun prototype n’a été créé, mais on n’a même établi aucune documentation. Finalement, le projet a dû être clos. 100 % des moyens financiers qui y avaient été alloués ont, au fond, été tout simplement volés.

    L’Ukraine a cessé totalement la fabrication de canons, de ressources de lutte anti-aérienne, d’avions militaires et d’hélicoptères d’attaques. Et elle ne s’empresse pas d’acquérir ces technologies à l’étranger. Le pays modernise ses avions d’assaut Su-25 et ses chasseurs MiG-29, mais le rythme de cette modernisation est excessivement faible – et, surtout, l’Ukraine se contente de prolonger la vie de ses anciens équipements plutôt que de s’occuper d’en produire de nouveaux.

    Théoriquement, l’Ukraine pourrait fabriquer des navires, mais le programme de construction de corvettes projet-58250 sur « l’argent du peuple » a dégénéré, dès le départ, en véritable farce : à la place des 20 navires promis, le premier en 2012, le pays obtiendra dans le meilleur des cas quatre corvettes, la première en 2016. C’est-à-dire qu’en 20 ans d’indépendance, les forces armées du pays ont reçu 10 nouveaux chars – et rien d’autre.

    Au cours des 20 années écoulées, le ministère ukrainien de la défense a également pratiquement réduit à zéro l’entraînement des soldats. Le raid moyen par pilote dans les forces aériennes d’Ukraine atteignait en 2012 40 heures de vol – alors qu’il pouvait aller jusqu’à 120 heures dans l’aviation militaire russe. Les exercices des troupes terrestres en Ukraine sont rares. Et la situation extrêmement difficile de l’économie du pays interdit d’espérer une quelconque amélioration de cet état des choses.

    Au jour d’aujourd’hui, l’armée ukrainienne n’est pas capable de résister aux forces armées de la Fédération russe, qui surpassent son potentiel autant en qualité des équipements qu’en niveau de préparation militaire.

    Source : Russkaïa Planeta
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    c'est un problème de gouvernance qui est la cause de cette déconfiture , le pays étant habitué au dirigisme , s'est trouvé en plein pied dans un système qui n'est capitaliste ni socialiste et le manque de compétence aidant et sans préparation à réussir la transition , le pays a dilapidé tout son potentiel scientifique et économique , alors il aurait du prendre un temps de pause pour passer sans grand dégâts cette anachronisme nécessaire , en s'employant à la formation des cadres dans les pays occidentaux comme l'a bien fait avec brio la Chine

    Commentaire


    • #3
      Tres bon article, merci zek pour le partage.
      "L' Algérie c'est le seul pays, où quand les gens me tendaient la main c'était pour m'offir quelque chose alors que dans les autres pays c'était pour m' en demander " Yann Arthus Bertrand

      Commentaire


      • #4
        Après l'effondrement de l'Union soviétique, tous les types d’armes stratégiques que fabriquait la Russie dépendaient des composantes ukrainiennes. Il a fallu plusieurs années à Moscou pour se doter d’une certaine indépendance par rapport aux livraisons d’Ukraine. En modifiant progressivement les modèles de coopération industrielle, l’industrie de la défense russe continue à l’heure actuelle à devenir moins dépendante de l’industrie militaro-industrielle ukrainienne, mais elle est encore très loin de son indépendance complète. Malgré le lancement d’une usine des moteurs pour hélicoptères près de Saint-Pétersbourg, le rôle de Motor Sich dans la demande russe reste très important.

        La Voix de Russie
        C'est ce qu'on appelle la descente au enfer, comment un pays a pu couler aussi vite, aussi vite que l'Espagne et le Portugal après l'immense héritage Arabo Andalou qu'ils n'ont pas su maintenir à niveau.

        L'héritage soviétique était faramineux, science, éducation, industries, recherche, bibliothèques, instituts et 20 ans après plus rien, juste l'espoir d'immigrer en Pologne pour ramasser les Choux et les pommes de terre.
        Dernière modification par zek, 18 mars 2014, 18h03.
        Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

        Commentaire

        Chargement...
        X