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Livraisons de Mistral à la Russie: le dossier qui pourrait gêner la France dans la crise ukrainienne

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  • Livraisons de Mistral à la Russie: le dossier qui pourrait gêner la France dans la crise ukrainienne

    Le HuffPost | Par Sara Taleb Publication: 18/03/2014

    INTERNATIONAL - Face à l'attitude de Vladimir Poutine vis-à-vis de la Crimée, l'Union européenne et les Etats-Unis ont sanctionné lundi 17 mars plusieurs personnalités russes et ukrainiennes par des gels d'avoirs et des restrictions de visas.

    La carte de l'embargo militaire réclamée par le Parlement européen n'a donc pas été abattue. De quoi soulager la France qui pourrait avoir à gérer, si une telle sanction était prise, un dossier sensible.

    Car Paris a vendu à la Russie des navires de guerre dont la construction est en cours. Signé en juin 2011 sous l'ère Sarkozy, le contrat d'un montant d'1,2 milliard de dollars prévoit la construction de deux navires type Mistral, des bâtiments de projection et de commandement (des BPC, c'est-à-dire qu'ils servent à débarquer des troupes sur un théâtre d'opérations), à la fois par les industriels français STX et DCNS à Saint-Nazaire et par les chantiers navals russes OSK.

    "Vladivostok" et "Sébastopol"

    Le "Vladivostok" dont l'assemblage s'est achevé à l'été 2013 a fait ses premiers essais en mer début mars et doit être livré fin 2014. Le second le "Sébastopol", du nom de la ville de Crimée, doit l'être en 2016. Surnommé le "couteau suisse", le Mistral est considéré comme "l'un des joyaux de la marine française, doté d'un réel caractère stratégique, que de nombreuses armées nous envient", rappelle Le Figaro.

    Invité de TF1 lundi soir, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, dont le voyage en Russie avec Jean-Yves Le Drian a été annulé ce mardi 18 mars, s'est arrêté sur le sujet. La France "pourra envisager" d'annuler la vente de ces navires "si Poutine continue ce qu'il fait", a menacé le chef du Quai d'Orsay tout en précisant que cette option relevait d'un niveau supérieur de sanction. "Ça fait partie du troisième niveau des sanctions. Pour l'instant nous sommes au deuxième niveau", a précisé Laurent Fabius.

    Par ailleurs, le ministre a fait comprendre que l'annulation de cette vente dépendait également du positionnement des autres pays occidentaux. "Nous pouvons envisager d'annuler ces ventes mais nous demanderons à d'autres, je pense notamment aux Britanniques, de faire l'équivalent avec les avoirs russes des oligarques à Londres. Les sanctions doivent toucher tout le monde", a-t-il déclaré. Une précaution verbale nécessaire, car comme l'a souligné Laurent Fabius lui-même, l'annulation du contrat Mistral serait aussi "négatif pour les Français".

    "D'un côté, nous ne pouvons envisager de livrer en permanence des armements compte tenu de ce comportement. De l'autre côté, il y a la réalité de l'emploi et de l'économie" a résumé mardi le ministre sur Europe 1.

    Qui dit contrat, dit en effet emploi. En l'occurrence, ces chantiers font travailler un millier de personnes sur quatre ans. "En 2011, la signature du contrat avec la Russie a permis aux chantiers STX de Saint-Nazaire de sortir la tête de l'eau après de graves difficultés et l'annonce d'un plan de départs volontaires en 2009", écrit Francetv info.

    Les syndicats ont d'ailleurs réagi à l'annonce de Laurent Fabius dès ce mardi matin. "Si tout ça se confirme il ne faut pas que ce soit les salariés qui soient la variable d'ajustement, les salariés ne sont pas responsables", a réagi auprès de l'AFP Joël Cadoret de la CGT.

    "On se retourne vers l'État. C'est à lui de prendre ses dispositions pour que ces commandes ne restent pas sur les bras de l'entreprise et que les salariés ne subissent pas les décisions du gouvernement", a aussi estimé Jean-Marc Perez de FO, "il ne doit y avoir en aucun cas des conséquences sur l'emploi des salariés".

    Le Front national n'a pas tardé à réagir également. "Ce n'est plus un ministre des Affaires étrangères que nous avons, mais un saboteur en chef de l'industrie française et de ses milliers d'emplois", s'est insurgé le vice-président du parti, Florian Philippot, dans un communiqué mardi. "Ce faisant il commet une faute très grave qui porte directement atteinte aux intérêts fondamentaux de notre pays", a-t-il ajouté.

    Côté russe, la menace se semble pas vraiment être prise au sérieux. "Notre collègue ne sait-il pas combien de postes de travail ont été créés en France grâce à notre partenariat?", a souligné le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine. "La France commence à trahir la confiance qu'on place en elle comme fournisseur fiable", a écrit Dmitri Rogozine sur son compte Twitter, appelant ses "collègues européens à ne pas attiser la situation".

    Au-delà des conséquences sur l'emploi à Saint-Nazaire, annuler ce type de contrat militaire ne se fait pas en un claquement de doigts. "Ça paraît opportun politiquement mais juridiquement et économiquement, ce serait très compliqué", explique Frédéric Coste, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique.

    "Il faudrait soit rembourser les sommes déjà engagées soit que l'Etat rachète les deux bâtiments [aux constructeurs, ndlr]. Or, la France n'en a pas les moyens", indique Frédéric Coste. Par ailleurs, il faut savoir que la construction d'un navire pour un pays engendre des ajustements techniques liés aux spécificités de l'armée qui va l'utiliser. "Les cahiers des charges varient en fonction des armées. Entre la France et la Russie, les systèmes d'armement ou de communication ne sont pas les mêmes", rappelle Frédéric Coste.

    Une des voies possibles serait donc "la revente des deux bâtiments à d'autres pays". Mais encore faudrait-il trouver des intéressés. "Tous les pays n'ont pas le besoin de ce type de bâtiment et surtout tous les pays n'ont pas les moyens d'en acheter", observe-t-il. De plus, cette option obligerait sûrement l'Etat à brader les bâtiments.

    La Russie, un marché non négligeable

    D'une manière plus large, économiquement, tirer un trait sur le contrat avec la Russie, ce serait se priver d'un marché non négligeable. "La Russie fait partie des pays ciblés par les industries de défense françaises, en raison notamment de la forte augmentation des dépenses militaires russes: +40% dans les trois ans", souligne Rue89. "Tout en étant en pointe dans sa condamnation de la Russie, la France ne veut pas handicaper son industrie de défense à l’exportation, l’un des secteurs phare pour réduire le déficit du commerce extérieur français", analyse le pure-player.

    Dans l'hypothèse où la France hausserait le ton d'un point de vue militaire, un des scénario probables serait non pas d'annuler la livraison mais de la ralentir. L'avantage de cette voie, c'est d'envoyer "un message politique sans pour autant aller trop loin", selon Frédéric Coste. Ralentir la livraison permettrait également de gagner du temps pour "permettre à l'Etat français ou au constructeur de trouver une autre issue voire un autre acquéreur". Mais il y a fort à parier que Paris fera tout pour ne pas arriver à cette extrémité.

    Un contrat à l'origine de tensions entre alliés

    Ironie de l'histoire, la signature de ce contrat entre la France et la Russie "avait provoqué des tensions entre Paris et ses alliés américains et est-européens", se souvient Le Figaro. En effet, la conclusion de l'accord était survenue moins de deux ans après la guerre en Géorgie.

    "En 2008, les tensions entre la Géorgie et Moscou autour de la région séparatiste d'Ossétie du Sud avaient conduit à une guerre de cinq jours. Le Kremlin a ensuite reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et d'un autre territoire séparatiste, l'Abkhazie, et y a stationné des milliers de soldats. Tbilissi et les pays occidentaux avaient dénoncé une occupation de fait", expliquait le HuffPost dans un précédent article. Un cas de figure qui rappelle évidemment la Crimée.

    Face aux opposants à la vente des Mistrals à la Russie, Nicolas Sarkozy avait alors rétorqué: "La guerre froide est terminée".
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

  • #2
    Livraisons de Mistral à la Russie: le dossier qui pourrait gêner la France dans la crise ukrainienne
    Ça va les gêner encore plus s'ils ne livrent pas les navires,le contrat prévoit une forte amende si l'une des parties veut renoncer a ses engagements .


    le ministre a fait comprendre que l'annulation de cette vente dépendait également du positionnement des autres pays occidentaux. "Nous pouvons envisager d'annuler ces ventes mais nous demanderons à d'autres, je pense notamment aux Britanniques, de faire l'équivalent avec les avoirs russes des oligarques à Londres. Les sanctions doivent toucher tout le monde", a-t-il déclaré. Une précaution verbale nécessaire, car comme l'a souligné Laurent Fabius lui-même, l'annulation du contrat Mistral serait aussi "négatif pour les Français".
    Il bombe le torse mais il a une peur bleu le con .
    "Les petits esprits parlent des gens, les esprits moyens parlent des événements, les grands esprits parlent des idées, et les esprits supérieurs agissent en silence."

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