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Les mises en garde de Liamine Zeroual

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  • Les mises en garde de Liamine Zeroual

    Liamine Zeroual rompt le silence, quinze ans après avoir quitté le pouvoir, le 27 avril 1999. Ce jour-là, celui qui avait présidé l’Algérie depuis 1994 en succession au Haut Comité d’Etat durant la période la plus difficile de toute l’histoire du pays, faisait sa dernière apparition publique en même temps que les passations d’usage avec son successeur, l’encore Président et encore une fois candidat, Abdelaziz Bouteflika !
    Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - C’est manifestement cet autre coup de force qui aura fait réagir l’ancien Président, le dernier ancien chef de l’Etat encore en vie.
    Le général Zeroual, à l’austérité légendaire, s’est enfin décidé à intervenir publiquement, à travers un long communiqué, en cette période si cruciale, lui qui s’est volontairement éclipsé de la scène. «(…) par obligation de réserve et par éthique républicaine». Il est également de notoriété publique que Zeroual s’est fait un devoir de ne jamais croiser, ni officiellement, ni officieusement, son successeur au palais d’El-Mouradia. A telle enseigne qu’à chaque fois que Bouteflika programmait une visite à Batna où réside Zeroual, ce dernier se déplaçait systématiquement sur Alger ! «Finie l’ère des présidents stagiaires» ! proclamait un Bouteflika euphorique dès son accession au pouvoir.
    Une phrase que Zeroual n’a jamais pardonnée à son auteur. Mais ce qui semble plus que tout scandaliser le général, c’est cette quatrième candidature. D’emblée, dans son communiqué, Zeroual lance une flèche assassine lorsqu’il fera remarquer que la magistrature suprême est un «insigne honneur pour (son) prétendant, mais également une lourde et délicate charge, autant morale que physique. Une charge qui, pour être honorablement assumée, exige d’être entourée d’un certain nombre de conditions dont essentiellement celles qu’édicte la Constitution d’une part et celles qu’impose l’éthique des règles protocolaires liées à l’exercice de la fonction d’autre part» ! Autrement dit, la candidature de Bouteflika est, non seulement anticonstitutionnelle, mais elle consacre un président qui n’est pas en mesure d’exercer ses fonctions ! «Ce qui se passe aujourd’hui sur la scène nationale ne peut laisser indifférent et interpelle la conscience de tout citoyen...».
    Le concernant, Zeroual suggère qu’il est interpellé, lui, par «un devoir de mémoire». En une phrase, le général opère un pilonnage en règle au cœur même de ce qui fait office de bilan phare de Bouteflika : «Le recouvrement de la paix et de la stabilité.»
    «C’est l’armée qui a mis l’Algérie à l’abri du péril qui la menaçait»
    Zeroual tenait ainsi à remettre les pendules à l’heure. Il revient à l’avant-Bouteflika : «Au titre de ce devoir de mémoire, je voudrais, ici et de nouveau, rendre un hommage à toutes ces forces vives de la nation et saluer le rôle éminemment salutaire qu’elles ont joué, notamment celui assumé par l’armée et les forces de sécurité dans le dénouement de la grave tragédie nationale qu’a vécue l’Algérie.»
    Il enfonce encore le clou : «En dépit de la farouche hostilité manifestée à l’endroit de l’Algérie dans sa lutte contre le terrorisme, l’armée et les services de sécurité ont su et pu déjouer toutes les tentatives de déstabilisation du pays et ont réussi le pari inespéré de mettre l’Algérie à l’abri du grand péril qui la menaçait dans ses fondement mêmes.» Et là, la transition est vite faite pour épingler davantage Bouteflika. Zeroual relèvera que la scène nationale connaît ces derniers temps «des faits et des déclarations inhabituels».
    Plus explicite, il notera que «malheureusement et tout récemment, l’institution militaire s’est vue exposée à une regrettable diatribe dont la finalité n’est autre que celle de fragiliser de nouveau l’appareil national de défense et sécurité nationale et d’ouvrir ainsi la porte aux multiples dangers qui guettent l’Algérie». Bien entendu, le général cible Bouteflika , prioritairement, et Gaïd Salah accessoirement, à l’origine de la sortie «cascadeur» de Amar Saâdani !
    L’ancien président qui a eu, rappelons-le , à gérer le pays alors que les caisses étaient affreusement vides, démontera un autre volet du règne Bouteflika. «Il faut se garder, écrira-t-il, de sous-estimer la situation actuelle et de penser que la manne financière peut, à elle seule, venir à bout d’une crise de confiance structurelle. Même fondés, l’étalage des statistiques et des bilans chiffrés à l’adresse d’une opinion nationale exsangue n’est pas pour convaincre son scepticisme exacerbé…». Naturellement, Zeroual ne manquera pas d’évoquer la révision de la Constitution en 2008, «notamment l’amendement de l’article 74, relatif à la limitation des mandats présidentiels à deux». Ce qui a «profondément altéré le saut qualitatif qu’exigeait l’alternance au pouvoir…». Il faut rappeler que cet article limitant les mandats constitue l’une des plus grandes réalisations politiques du règne de Liamine Zeroual. Le communiqué de l’ancien président évoquera également longuement le rendez-vous du 17 avril. Et l’après-élection. Avec beaucoup de non-dits. D’abord lorsqu’il mettra en garde contre la fraude. «Si le citoyen algérien a le devoir d’exprimer sa voix dans les grandes haltes nationales, il incombe à l’Etat d’offrir les meilleurs conditions de transparence et de liberté afin que ce choix soit rigoureusement respecté et pris en considération.»
    Cela étant, c’est la dernière proposition de Zeroual, formulée sous la forme d’un vœu, qui demeure ambiguë. En effet, le général écrira que «indépendamment de ce qui va résulter du scrutin du 17 avril prochain, il faudra surtout retenir que le prochain mandat présidentiel est le mandat de l’ultime chance à saisir pour entamer, sous le sceau de l’urgence, dans la sérénité et de manière pacifique, les grands travaux de cette œuvre nationale salutaire», à laquelle tous les Algériens seraient associés.
    Avec ou sans Bouteflika ? Zeroual répond à sa manière : «Il faut se garder de croire que la grandeur du dessein national peut relever de la seule volonté d’un homme, serait-il providentiel...» L’après-17 avril promet bien des manœuvres…

    K.A

    Source : Le soir d’Algérie du Jeudi 20 mars 2014.

    P.

  • #2
    Liamine Zéroual a tout simplement mis en garde les partisans ou les adversaires de Bouteklika qui seraient tentés par une aventure dictée par la surestimation de leur égo et la sous estimation sur la détermination du travail à accomplir. Il dit que le manque de sérieux à ce niveau politique peut etre très dommageable pour le peuple.

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