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Bienvenue à Birmingham, capitale britannique du chômage

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  • Bienvenue à Birmingham, capitale britannique du chômage

    Courrier International 20/03/2014 The Independent par | Emily Dugan

    A la suite du budget 2014 présenté ce 19 mars par le chancelier de l'Echiquier, The Independent est parti en reportage à Birmingham. L'objectif : dénoncer le peu d'engagement du gouvernement vis-à-vis des plus démunis.

    Ce 19 mars, le gigantesque Jobcentre Plus de Handsworth, dans la banlieue de Birmingham, était l'un des lieux les plus fréquentés du quartier. Le centre [équivalent britannique de nos agences de Pôle emploi] se trouve à la lisière de la circonscription de Perry Barr, qui détient le triste record du plus fort taux de chômage du Royaume-Uni.

    [Dans son discours prononcé le 19 mars devant la Chambre des lords pour présenter le budget 2014], le chancelier de l'Echiquier George Osborne s'est engagé à soutenir "cette Grande-Bretagne qui épargne", mais il n'a guère pensé à ces Britanniques qui n'ont pas un sou en poche.

    Le taux de chômage dans le pays est aujourd'hui de 7,2 %, mais, dans ce coin-là du nord-ouest de Birmingham, ce ne sont pas moins de 27,4 % de la population active qui sont officiellement sans emploi.

    Abdi Aismail, 19 ans, habitant de Handsworth, est sorti de son rendez-vous avec un conseiller du Jobcentre Plus au moment où George Osborne concluait sa présentation du budget. Cela fait un an qu'il cherche du travail. "Je n'arrête pas d'envoyer des candidatures, et je n'ai jamais de réponse, raconte-t-il. J'ai tenté ma chance dans les services clients, un peu dans tout, vraiment. J'ai décroché mon diplôme en informatique à la fac il y a un an, mais il n'y a pas de boulot."

    Des antivols sur des cuisses de poulet

    Bob Jones, le préfet de police des West Midlands, a fait état tout récemment d'une montée spectaculaire des vols à l'étalage, une "délinquance liée à la pauvreté" qui pousse les plus démunis à voler des produits de base, comme des produits alimentaires ou des couches. En 2013, plus de 29 000 vols à l'étalage ont été recensés dans les West Midlands, une hausse de 11 % par rapport à l'année précédente. Pour Bob Jones, ces délits sont attribuables "au taux de chômage, à la baisse des aides sociales et aux difficultés liées au coût de la vie".

    Selon Patricia White, directrice de la Birmingham Central Foodbank, une banque alimentaire fournissant des produits de base à ceux qui en ont besoin, la demande s'est envolée. "En moyenne, on recevait 25 nouvelles personnes par permanence, mais maintenant ce chiffre tourne plutôt autour de 45, précise-t-elle. Depuis la réforme du système d'aides sociales, en avril 2013, le nombre de personnes qui sollicitent la banque alimentaire a énormément augmenté. Cela semble s'expliquer par le durcissement des sanctions, et par le fait que certains bénéficiaires d'indemnités maladie ont été transférés vers l'allocation chômage. Dans les supermarchés, vous verrez des antivols sur la viande, même sur des cuisses de poulet à deux livres sterling. Les gens n'ont tout bonnement pas les moyens de manger de la viande, ni des fruits et légumes frais. On ne voit pas de changement dans la situation économique, on a plutôt l'impression que ça empire, par ici."

    589 euros pour une famille de cinq

    Pendant que le Chancelier de l'Echiquier se vante de vouloir plafonner la facture des aides sociales, "pour que la Grande-Bretagne vive de nouveau selon ses moyens", Terri, 28 ans, assise dans la salle d'attente de la banque alimentaire, subit déjà de plein fouet le plafonnement de ses propres allocations. Célibataire et mère de deux petites filles de moins de 3 ans, elle est aussi le tuteur légal de ses deux plus jeunes sœurs, âgées de 8 et 11 ans, depuis le décès de sa mère il y a quatre ans.

    Se retrouver subitement avec quatre enfants à charge était déjà compliqué, mais, depuis l'entrée en vigueur du plafonnement des aides, elle doit se contenter de 500 livres [600 euros] par semaine pour payer le loyer et faire vivre cinq personnes. "Avant le plafonnement, c'était déjà dur, mais maintenant c'est une gageure. Je bénéficiais d'une aide financière à la garde, d'un complément de revenus et d'allocations familiales, mais on m'a supprimé mon aide à la garde sous prétexte que je touchais trop d'argent. Une fois que j'ai acheté de quoi manger, il ne me reste plus rien."

    Terri est venue à la banque alimentaire avec sa tante Dawn, qui a 45 ans. L'attitude de George Osborne à l'égard des bénéficiaires de l'aide sociale ? "Je crois qu'il n'en a rien à faire, assène Dawn. Il nous voit comme une bande de parasites qui feraient mieux d'aller mendier."

    Chez nombre de ceux qui, dans la circonscription, ont un travail, le sentiment n'est guère plus positif. Mohamed Nazir, 45 ans, tient depuis près de vingt ans le magasin de fruits et légumes Mirpur Food Store. "George Osborne se trompe, lâche-t-il. L'économie n'est pas en train de se redresser, ça va mal. Le commerce ne tourne pas, et c'est parce que les clients n'ont pas d'argent. Ca fait trois ou quatre ans que ça dure, et aujourd'hui cela s'aggrave tous les jours. Je ne fais pas de bénéfices, je travaille pour rien, tout simplement."
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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