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Les talibans frappent dans un hôtel de Kaboul

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  • Les talibans frappent dans un hôtel de Kaboul

    Les talibans avaient promis de mener des attaques pour perturber l'élection présidentielle afghane. Jeudi soir, ils ont tenu leur parole en tuant au moins neuf personnes dans un hôtel bondé de Kaboul, où logent des observateurs électoraux, des personnalités politiques et des journalistes étrangers.
    Quatre jeunes hommes ont ouvert le feu dans la salle de restaurant de l'hôtel Serena dans la soirée, alors que les clients célébraient le Nouvel An perse. Parmi les morts, au moins quatre étrangers et cinq Afghans dont le journaliste de l'Agence France-Presse Ahmad Sardar, sa femme et deux de ses enfants. Son fils est à l'hôpital dans un état critique.
    Alors que les autorités tentent de comprendre comment les assaillants ont fait pénétrer six pistolets dans l'hôtel jugé le plus sûr de la capitale, la communauté expatriée de Kaboul est sur le qui-vive. L'attentat s'inscrit dans une vague de violence visant les civils étrangers. Le 11 mars, le journaliste anglo-suédois Nils Horner a été tué en pleine rue de Kaboul par une balle tirée à bout portant.En janvier, 21 personnes dont 13 étrangers sont mortes dans un attentat contre un restaurant libanais fréquenté par des expatriés. L'année dernière, ceux-ci avaient déjà attaqué les bureaux du comité international de la Croix-Rouge à Jalalabad, dans l'est du pays, ainsi que ceux de l'Organisation internationale pour les migrations (IOM), tandis que des bandits avaient violé une jeune humanitaire dans un quartier résidentiel de la capitale.
    Assaut meurtrier

    S'il s'agit de violences pré-électorales, le ciblage de civils étrangers est néanmoins alarmant. «La situation se détériore depuis un an et demi», indique Justine Piquemal, directrice de l'association Acbar qui regroupe plus de 120 ONG travaillant en Afghanistan. Le pays recensait de loin le plus grand nombre d'attaques contre les ONG dans le monde en 2013, soit 79 selon le site Aid Workers Security.
    Depuis quelques mois déjà, les compagnies étrangères ont renforcé leurs mesures de sécurité. Un plan spécial est mis en place pour la présidentielle du 5 avril, période pendant laquelle les talibans ont annoncé leur intention d'attaquer les dispositifs électoraux.
    Sur les plans politique et militaire, l'année 2014 est charnière pour l'Afghanistan. Hamid Karzaï quitte le pouvoir. Son successeur devra décider de maintenir, ou non, une force américaine après le départ de l'Otan à la fin de l'année.
    Dans cette conjecture, l'insécurité croissante pourrait aussi être déterminante pour l'aide internationale, pourtant essentielle à l'économie du pays après le départ des soldats étrangers. «C'est justement maintenant qu'ils ont besoin de nous», indique Piquemal. La directrice d'Acbar évoque des conditions de travail difficiles, notamment dans les centres hospitaliers où des médecins ont été agressés par des soldats afghans qui «réquisitionnent les ambulances et pillent les médicaments». Selon un rapport de l'Enna, un réseau d'ONG européennes en Afghanistan, celles-ci redoutent que la situation sécuritaire ne se détériore au point qu'elles soient prises pour cible. «Dans ce cas, les humanitaires étrangers seraient amenés à quitter le pays et les employés locaux devront travailler de chez eux», indique le rapport.

    Pour le gérant d'un restaurant français, un cap est franchi. «Quelque chose s'est cassé dans la tête des expatriés», explique Ehsan Mehrangais, gérant de l'Atmosphère, qui a inspiré la série télévisée Kaboul Kitchen désormais sur Canal +. Un temps le point de rencontre des humanitaires de Kaboul, les clients y sont désormais rares. «Même si leurs consignes de sécurité leur permettent de sortir, les étrangers préfèrent rester chez eux», dit-il. «Le but des talibans est de couper les étrangers des Afghans, et ils ont réussi leur coup.»

    le figaro
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