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Ukraine : "Nous sommes au bord de la Troisième Guerre mondiale

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  • Ukraine : "Nous sommes au bord de la Troisième Guerre mondiale

    Ancien patron du SBU, les services secrets ukrainiens, et ancien colonel du KGB lorsque l'Ukraine appartenait encore à l'Union soviétique, Igor Smeshko connaît tous les secrets militaires des deux pays. Et c'est un homme en colère. Contre Poutine bien sûr. "Il fait prendre à l'Europe le risque de la Troisième Guerre mondiale", dit-il. Mais aussi contre l'actuel gouvernement ukrainien au pouvoir depuis la chute de Victor Ianoukovitch qui, selon lui, n'a rien fait pour éviter l'annexion de la Crimée par la Russie et pour montrer à Poutine que l'Ukraine était en mesure de se défendre. Un étonnant coup de colère dans un pays où le gouvernement de coalition tente justement de montrer que le pays est soudé.
    Aujourd'hui à la retraite, l'ex-officier porte le costume civil. Mais sa démarche et sa posture un peu raide ne trompent personne. Il est resté un homme proche des services. "Je ne comprends pas que l'on ne soit pas allé plus loin et plus vite dans l'enquête sur le drame de Maïdan. C'est le père qui parle : mes fils étaient dans la foule. Mais c'est aussi le spécialiste : il est très facile de retracer qui a donné les ordres, qui a tiré sur des civils, etc."

    Va-t-en-guerre

    Celui qui tente depuis quelques années une percée politique affirme que les militaires et la population ukrainienne sont prêts à donner la réplique à Moscou grâce aux 700 000 réservistes que compte le pays. Ces jours-ci, il cite fréquemment de Gaulle, Churchill, mais aussi les grands auteurs russes qui ont bercé sa jeunesse pour prouver qu'il aime "le peuple russe, mais pas son dirigeant". Il joue la carte du stratège, voire du recours... Et multiplie les interviews et les conférences de presse avec un discours va-t-en-guerre pour demander à "la vieille Europe" de "se réveiller avant le bain de sang". "Faute de crédits financiers et de modernisations, nos forces qui n'ont pas été modernisées depuis longtemps, nous ne pouvons pas lancer une contre-offensive sur le territoire russe. Mais nous sommes en mesure de défendre chaque morceau de terre ukrainienne."

    L'ancien colonel du KGB a gardé de nombreux liens avec les officiers russes des renseignements. Il met en garde ses anciens camarades. "Il y a des centaines d'officiers de renseignement russes sur le sol ukrainien. Nous savons très bien qui et où ils sont car jusqu'à une date récente, ils se cachaient à peine. Il suffirait d'en arrêter quelques-uns pour montrer à Vladimir Poutine que l'Ukraine n'est pas aussi affaiblie qu'il le pense. D'autant que Poutine n'a pas compris une chose importante : la Russie reste puissante grâce à son arme nucléaire. Mais ses forces conventionnelles ne sont pas prêtes à un conflit majeur avec une armée de résistance comme la nôtre. Ce qui s'est passé dans le Caucase le prouve. Il était peut-être facile pour lui de faire la guerre à la petite Géorgie. Mais l'Ukraine compte 40 millions d'habitants, et les mères russes ne laisseront pas partir leurs fils pour une guerre qui n'est pas juste et qui sera douloureuse en pertes humaines."

    En 2000, jusque-là homme de l'ombre très discret, Smeshko s'était retrouvé en pleine lumière. En proie à d'innombrables scandales financiers et surtout à des affaires très embarrassantes, Leonid Koutchma, le président ukrainien, l'avait nommé à la tête des services secrets en tentant d'en faire une sorte de "Monsieur Propre". Smeshkho avait été maintenu à son poste après la "révolution Orange" de 2004. Mais le successeur de Leonid Koutchma, Viktor Iouchtchenko, élu président en 2005, avait limogé l'espion un an plus tard.

    Poutine a perdu le sens commun

    Smeshko a lancé il y a quelques années un petit parti politique qui se veut un relais de la société civile qui "en a assez de la corruption". Il est extrêmement critique sur les ripostes du gouvernement intérimaire au pouvoir depuis la chute de Victor Ianoukovitch, il y a un mois. "J'ai eu plusieurs de mes amis généraux ukrainiens au téléphone ces derniers jours. Ils m'ont raconté que s'ils en avaient reçu l'ordre, ils auraient pu déployer leurs troupes pour éviter que les forces russes ne prennent d'assaut la Crimée. Ou en tout cas pour protéger les biens militaires ukrainiens dans la péninsule. Au lieu de ça, nous avons tout perdu et nos soldats ont été désarmés parce que Kiev ne leur a donné aucun ordre. Nous avons montré que nous étions faibles et indécis."

    L'ancien officier déplore aussi que la flotte navale ukrainienne n'ait pas été autorisée rapidement à quitter les eaux territoriales ukrainiennes lors des premières menaces russes. "Il suffisait d'envoyer nos navires dans les eaux internationales. Les Russes n'auraient pas osé tirer sur nos marins et nous aurions gardé le contrôle de notre flotte en Crimée. Au lieu de cela, nous avons montré que nous étions faibles. Et Poutine va en profiter." Avant, affirme l'ancien colonel du KGB, "de tout perdre". "Poutine ne fait ça que parce qu'il a eu peur de Maïdan. Il veut éviter la même chose en Russie. Mais ce qu'il a fait en Crimée va se retourner contre lui. Il perdra le pouvoir à cause de ce qu'il a fait en Crimée, parce que tout le monde comprend maintenant qu'il a perdu le sens commun.

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