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En Crimée, nous payons le prix de nos erreurs

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  • En Crimée, nous payons le prix de nos erreurs

    Après des semaines de crise, la signature par Vladimir Poutine du traité intégrant la Crimée dans la Fédération de Russie constitue pour les capitales occidentales un camouflet douloureux, dont on peut espérer que les leçons seront perçues dans les chancelleries. Le premier constat est bien évidemment pénible : la Russie nous a bien eus, et nous n’avons que ce que nous méritons.

    Oui, mille fois oui, les aspirations du peuple ukrainien pour le développement des libertés fondamentales, la réforme de leur économie et de leurs institutions ainsi que le respect de leur intégrité territoriale est plus que légitime.

    Oui, évidemment, les actions du président russe sont particulièrement graves et condamnables, créent un dangereux précédent et mettent en péril le système de sécurité européen en réduisant en miette le mémorandum de Budapest.

    Oui, bien sur, la crise ukrainienne sert de cache-misère à monsieur Poutine, dont l’incapacité à reformer les institutions et l’économie de son propre pays et à le hisser au rang de grande puissance économique mondiale qu’il mérite est patente.

    Le résultat d’erreurs occidentales

    Mais rien de tout cela n’empêche de constater que cette crise est en partie la résultante de l’incurie de la politique occidentale vis-à-vis de la Russie depuis la fin de la guerre froide, avec en premier chef notre incapacité à intégrer la complexité du dilemme politique et de sécurité russe, qui est sous-tendu par des facteurs historiques, stratégiques et démographiques profonds :

    Premièrement, proposer à l’Ukraine d’intégrer l’Otan a été une erreur stratégique majeure qui a entièrement fait fi de la psychologie russe.

    L’Ukraine, en dehors de sa valeur stratégique pour la flotte russe, fait réellement partie de l’univers russe, ce qui n’exclut pas qu’elle soit dotée de sa volonté propre. Intégrer l’Ukraine dans l’Otan, alliance défensive créée contre la Russie, ne pouvait être considéré que comme une agression par une Russie déjà en crise d’identité depuis la chute de l’Union soviétique. Les efforts américains de bouclier anti-missile sous George W. Bush n’ont rien arrangé non plus.

    Quand au « reset » du président Obama, il était largement insuffisant pour contrebalancer les autres effets de la politique extérieure américaine, dans le Caucase et au Moyen Orient, sur les perceptions russes. Oui, il est possible de se sentir agressé en termes existentiels tout en étant le pays doté de la plus grande superficie du monde ainsi que le plus grand colonisateur de l’histoire : telle est la complexité, certes absurde mais réelle, du paradoxe et de l’insécurité russe d’aujourd’hui. Si il n’est pas question de l’approuver, il est néanmoins nécessaire d’intégrer cette dimension.

    Deuxièmement, pourquoi être allé « mouiller la chemise » pour la cause ukrainienne si nous n’étions pas prêts, les Etats-Unis et l’Europe, à aller au bout de notre raisonnement en mettant un bâton dans les roues des ambitions russes ?
    Apprendre à choisir nos alliés

    Les prises de position politiques qui ne sont pas soutenues par des arguments et une volonté en acier trempé ont d’habitude une crédibilité très faible sur la scène internationale, cela ne date pas d’hier. Or, aucun américain ou européen n’est prêt à mourir pour la Crimée, il est nécessaire de regarder cette réalité en face. Les va-t-en-guerre français ou autres devraient regarder le charnier du Sud libyen et tourner leur langue sept fois dans leur bouche avant de s’enflammer.

    Troisièmement, nul ne doute que nous payons aujourd’hui au moins en partie le prix de l’indépendance précipitée du Kosovo. Il n’y avait aucune urgence à ce que cette région d’ex-Yougoslavie déclare son indépendance alors que nous étions parfaitement au fait des sensibilités russes sur le sujet.

    Le Kosovo aurait pu se voir accorder, sous pression occidentale, une autonomie très large vis-à-vis de la Serbie en attendant que la situation murisse et évolue de façon positive. Le résultat est que nous avons aujourd’hui un pays « confetti » indépendant qui constitue une plaque tournante pour de nombreux trafics, aux institutions insuffisantes et corrompues, au cœur de l’Europe.

    Quatrièmement, quand apprendrons-nous à choisir non seulement nos causes, mais nos alliés ? Nous le voyons avec la Syrie et nous aurions dû le voir avec l’Ukraine : il existe une différence fondamentale entre un soulèvement populaire et ses représentants. Les aspirations d’un peuple peuvent être légitimes tout en même temps que les représentants de ces aspirations peuvent n’apporter qu’une amélioration réelle marginale par rapport au régime en place ; voire, ils peuvent représenter une régression et desservir nos intérêts stratégiques.

    Nos choix d’alliés décrédibilisent ainsi aux yeux des tiers la sincérité de nos combats. « Les Occidentaux poursuivent le “deux poids, deux mesure” : Yanoukovitch était nul et corrompu » doit penser Poutine, « mais ils le remplacent par un “crony” de Ioulia Timochenko, qui était toute aussi nulle et corrompue… ». Difficile de lui dire qu’il se trompe tout en restant crédible.

    Enfin, au delà de l’histoire qu’elle partage avec la Russie, l’Ukraine ne peut vivre économiquement sans le gaz russe ; tout comme la Russie a besoin de l’Ukraine. Il est illusoire de penser briser cet écosystème avant de nombreuses années et par une unique politique d’isolement stratégique hier et de sanctions aujourd’hui.

    Par ailleurs, nos économies exsangues n’ont de toute façon pas les moyens d’assumer les conséquences ultimes de notre politique ukrainienne.
    Une occasion de réfléchir

    On peut cependant espérer que cette crise sera l’occasion pour les nations occidentales, et l’Europe en particulier, de réfléchir aux enjeux à long terme de leur relation avec la Russie et leurs ses propres insuffisances :

    Tout d’abord, à court terme, il est évidemment indispensable de faire preuve de la plus grande fermeté vis-à-vis de la Russie, afin de démontrer que ses graves agissements ne peuvent demeurer sans conséquences, tout du moins sur le plan économique et diplomatique si Poutine choisit, comme on peut l’espérer, de s’arrêter à la Crimée. Les coûts de la poursuite d’une telle politique doivent être clairement exprimés ;

    ensuite, à moyen/long terme, il conviendra néanmoins d’engager la Russie sur le terrain économique dans un double sens lui permettant de sortir du modèle de rendement décroissant de la rente énergétique et de poursuivre la modernisation de son économie. Sans cela, la Russie va continuer à se vider du bas de sa pyramide démographique et poursuivre sa stratégie de radicalisation et d’isolement. Nous aurions dû traiter la Russie comme nous avons traité la Chine – encore faut-il, évidemment, qu’il y ait une volonté en face. Des années d’un savant dosage entre fermeté et engagement seront nécessaires pour remonter la pente. Il est donc nécessaire sur le long terme que nous nous dotions d’une réelle politique russe qui place nos intérêts stratégiques en son cœur mais qui tienne également compte de la psychologie et des perceptions de Moscou ;

    en parallèle, il est naturellement indispensable d’assister l’Ukraine dans la détermination de sa propre voie et dans la réforme de ses institutions. Mais il apparaît difficilement concevable que cela se fasse uniquement « contre » la Russie. Une voie du milieu doit être trouvée ;

    malgré les conséquences supplémentaires que cela pourra avoir sur les perceptions russes, nous n’avons désormais pas d’autre choix que de rassurer les Etats membres de l’UE anciens satellites soviétiques en développant un nouveau cadre de sécurité européen et en donnant un « coup de pied dans le derrière » de l’Europe de la défense. Nous ne pouvons nous permettre que la Pologne ou les pays baltes vivent dans la peur de leur voisin de l’Est, notamment pour ces pays qui comportent des minorités d’origine russe qui doivent se concentrer sur leurs réformes économiques et préserver leur unité nationale.

    Enfin, comme cela a déjà été souligné ici et ailleurs, Poutine ne peut se permettre d’allumer une guerre civile durable en Ukraine qui accélèrerait très probablement sa propre instabilité économique puis politique, provoquant l’effet inverse de celui recherché par sa stratégie. Aussi enhardi – et paranoïaque – soit-il, Poutine demeure un acteur rationnel. Un dialogue politique plus large doit donc pouvoir être mené à terme, n’en déplaise aux partisans de l’isolation : une mise au ban de la Russie de la scène internationale produirait bien moins d’effets que la stratégie identique appliquée à l’Iran et comprimerait encore d’avantage la frange réformiste de la société russe.

    Romain Poirot-Lellig | Maitre de conférénce à Sciences Po Paris, ex-conseiller politique de l'UE à Kaboul

    Nouvel Observateur
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    À mon avis il est inutile de blamer les occidentaux là dessus. S'il y'a eu souhait de se rapprocher de l'Ukraine c'est parcequ'il y'a volonté de ce pays de les intégrer aussi. Les occidentaux ne sont pas chez la dictature Biélorusse par exemple, car pour le moment elle semble attachée à la Russie.
    Pour le Kosvo ca n'a rien à voir avec le cas Crimée.. il n'a pas été annexé nulle part. Mais là c'est clair que toute histoire a été crée par la Russie et une simple vengeance à la chute de la mafia à Kiev.
    Sinon pour l'histoire du gaz russe comme excuse pour que l'Ukraine reste attachée à la Russie c'est complètement débile de la part de ce maitre de conférence- Il est temps que l'Ukraine fasse comme la Finlande et installe ses centrales nucléaires pour satifaire ses besoins en électricité et réduire au trés bas niveau sa consommation de gaz, et pourquoi pas vendre de l'électricité à la Russie en échange du peu de gaz qu'elle va recevoir.
    Pas à la tique ..

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    • #3
      La Crimée à toujours été pro-russe, c'était une enclave russe en Ukraine, le fait qu'elle rejoigne la Russie n'a rien d'étonnant. Emmanuel Todd a dit récemment que ceci est même un excellente chose pour renforcer l'unité nationale de l'Ukraine. Les Européens sont prêts à soutenir les fascistes qui prennent le pouvoir en Ukraine juste pour embêter les Russes, je suis content que Poutine leur ait mis une belle quenelle pour qu'ils la ferment un peu et arrêtent de se croire partout chez eux.
      Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

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      • #4
        Ce qui est marrant c'est que la Russie ne possède aucune voie terrestre vers la Crimée...
        L'erreur de l'Ukraine c'est d'avoir gardé des pro-russes au pouvoir depuis 91.. c'est l'erreur fatale.. c'est des traitres qui regardaient les intérëts de la Russie et ont oublié leur peuple et leurs territoires.
        Pas à la tique ..

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        • #5
          Après des semaines de crise, la signature par Vladimir Poutine du traité intégrant la Crimée dans la Fédération de Russie constitue pour les capitales occidentales un camouflet douloureux, dont on peut espérer que les leçons seront perçues dans les chancelleries. Le premier constat est bien évidemment pénible : la Russie nous a bien eus, et nous n’avons que ce que nous méritons.
          j'aime bien ces occidentaux quand ils se lamentent sur leur sort .

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          • #6
            il faut se rendre a l’évidence la Crimée quelque soit le referendum aurait choisi la Russie ,les russes sont majoritaires ... les mêmes qui soutenaient le referendum et l’indépendance du Kosovo sont maintenant contre celui de Crimée .

            Ianoukovitch a été élu démocratiquement meme s'il a tout les defaults de la terre (nul,corrompu ... ) contrairement au gouvernement putschiste donc illégitime qui lui n'a pas été élu par le peuple mais financer et choisi par les occidentaux ( USA..) .

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            • #7
              Ce n'est pas parce que Ianoukouvitch est soutenu par Moscou qu'il faudra faire de 45 millions d'Ukrainiens leurs esclaves.
              Pas à la tique ..

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              • #8
                Il est temps que l'Ukraine fasse comme la Finlande et installe ses centrales nucléaires pour satifaire ses besoins en électricité
                Comme à Tschernobyl ....

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                • #9
                  il ne faut pas oublier que tout les russophones sont restés nostalgique á l ancienne URSS forte et respectable! Je comprends tout russe qui fait confiance á Poutine qui leur fait oubier les humiliations successives et tent de leur rendre ce sentiment de fierté d être russe!

                  le train russe est remis sur les rails, celui qui vient en retard, sera puni disait Korbatchov
                  بارد وسخون
                  M.Alhayani

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                  • #10
                    Comme à Tschernobyl ....
                    On est en 2014...
                    Pas à la tique ..

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                    • #11
                      Je comprends tout russe qui fait confiance á Poutine
                      Les erreurs on les paye ultérieurement.. le jour où ils verront les Ukrainiens suivre le chemin des Polonais et amélioreront leur situation, tandis qu'eux... ils feront la manchette devant les ambassades pour aller ailleurs.
                      Pas à la tique ..

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                      • #12
                        On est en 2014...
                        ...tu penses que l'Ukraine a evoluer depuis ? Elle n'arrive meme pas à couvrir
                        le reacteur d'une couche de beton.

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                        • #13
                          ce n'est pas l'Ukraine gardée à l'ombre de la Russie qui a évolué ... mais la technologie qui a évolué ya AigleNoir. Le probléme de la dépendance du gaz russe se règle avec un sacrifice. Les occidentaux doivent les aider à construire leurs réacteurs avec la technologie d'aujourd'hui pour couvrir ses besoins et non pas avec la racaille russe des années 80.
                          Pas à la tique ..

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                          • #14
                            mais la technologie qui a évolué ya AigleNoir
                            Demande-le aux responsables de la centrale nucleaire de Fukushima ...
                            Demande-le aux allemands qui veulent eteindre leur derniere Centrale nucleaire en 2022 ....
                            Demande, lis, on t'expliquera ....

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                            • #15
                              non pas avec la racaille russe des années 80.
                              Tu voulais sûrement dire ' QUINCAILLERIE . ????
                              " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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