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Boycott : un 7ème candidat pour contrer le chaos programmé

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  • Boycott : un 7ème candidat pour contrer le chaos programmé

    Cela n’aurait rien d’original de l’affirmer aujourd’hui : l’élection présidentielle d’avril 2014 que pouvoir et candidats s’affairent à « réussir » est rocambolesque, drôle, surréelle, au point où les Algériens, les jeunes internautes en premier, ne s’y intéressent que pour s’en gausser sans se lasser. Donnant libre cours à leur imagination, chacun à sa manière, ils ne se gênent pas de s’éclater comme ils peuvent. Dans un pays où la capitale ne compte que quatre salles de cinéma qui tournent à petit régime, c’est toujours ça de gagné. C’est même une aubaine. Que des jeunes qualifient ces élections présidentielles de « film de science-fiction » suffit peut-être à rendre compte de leur dépit devant le spectacle désolant que les candidats et les souteneurs livrent au quotidien à une opinion qui n’en revient pas. Mais cela met surtout en relief la vanité de ces discours tantôt lénifiants, tantôt menaçants, mais toujours creux et pompeux par lesquels les Sellal, Bensalah et le revenant Ouyahia, désormais rappelé aux affaires ou appelé en renfort, tentent de convaincre les Algériens que leur salut et celui de leur pays passent par leur participation au vote, c'est-à-dire par leur concours au maintien du statuquo qui les étreint, qui les tue à petit feu.

    A vouloir trop bien faire, et comme si ce cirque ne suffisait pas à amuser la galerie, Sellal vient de commettre sa pire plaisanterie depuis qu’il a commencé à sillonner le pays, en novembre 2012. Trois jours après avoir été nommé directeur de campagne du « candidat Bouteflika », il traite les Chaouis de « hacha ennaâma » ! Lui qui plaidait pour une campagne propre ! Benflis a de quoi jubiler, puisqu’aux dernières nouvelles, la « blague » ne fait pas seulement le buz sur la toile. Elle a eu naturellement l’effet d’une bombe dans les Aurès. Et ailleurs aussi. Il faut dire que ça promet.
    Est-ce donc sous l’effet de l’affolement ? Est-ce l’incompétence ? Est-ce l’aveuglement ? Ou serait-ce tout cela à la fois qui a fait que le « directeur de campagne pour le quatrième mandat » en vienne ainsi à prendre le risque d’allumer un nouveau brasier du régionalisme, lui qui, alors Premier ministre, s’était montré impuissant à mettre fin aux affrontements intercommunautaires à Ghardaïa qui, comme par hasard, viennent de reprendre de plus belle ?

    Il faut dire que Benyounès, ce second couteau aiguisé à souhait, nous avait avertis. « Nous ne sommes pas sur le terrain de la morale mais sur celui de la politique », disait-il, il y a à peine quelques jours dans un entretien à Liberté. Dans la bouche d’un laudateur confirmé, cela s’appelle un aveu. Et cela a du sens : quand on dit ouvertement avoir rompu avec la morale et qu’on prétend encore faire de la politique, alors la politique peut consister à insulter les Algériens. Tout bonnement. Sans autre forme de procès. Et c’est ce que vient de faire le directeur de campagne du monarque sur le déclin. Le pedigree DRS de Sellal étant connu et authentifié, et En-Nahar TV étant à l’origine de la diffusion du propos scandaleux en direct, Saïd Bouteflika a de quoi s’interroger et même s’inquiéter. Le loup est peut-être dans la bergerie du quatrième mandat. La suite s’annonce passionnante. Tant mieux pour nos jeunes qui vont s’en donner à cœur joie, à coup de clics sur leurs claviers.

    C’est connu, les Algériens rient plus de Sellal que de ses blagues. Mais, désormais, ils n’y pas matière à s’esclaffer. Une fois n’est pas coutume, la blague n’a inspiré que colère, désolation et désapprobation. Colère, désolation et désapprobation y compris chez les jeunes internautes qui, eux-mêmes, pour avoir saisi toute la gravité du moment, se sont départis de leur insouciance juvénile. Ils ont brusquement compris que ces gens là au nom desquels parlent notre ci-devant Premier ministre, ce gens là qui nous somment d’aller voter le 17 avril sous peine de voir le pays sombrer dans le chaos, auront été les producteurs des causes directes du chaos qui guette l’Algérie.
    Pourquoi donc tenter de brandir l’épouvantail du chaos, messieurs ? Par la grâce de votre entêtement à réanimer le cadavre du système que vous avez fait et qui vous a faits, le pays ne s’est pas arrêté d’aller fatalement et tout droit à la dérive depuis déjà bien longtemps. Et depuis que vous tentez vaille que vaille de nous imposer un quatrième mandat rien que pour sauver le système et garder votre main haute sur la rente, la course vers le chaos a gagné en cadence. Le chaos ? Ghardaïa y a déjà mis les deux pieds et le pays chaoui vient d’y être « cordialement » invité par l’un des prophètes attitrés de la stabilité. Et, le printemps étant pour bientôt, parions que vous êtes en ce moment tentés d’y convierla Kabylie.Lechaos ? C’est votre programme.

    Mais les Algériens sauront se donner une alternative à votre « programme ». Ni les Aurès nila Kabyliene répondront à votre invite en enfer. Vous êtes trop lents à la détente pour le saisir, mais l’Algérie est désormais hors de votre portée, messieurs. Si le Conseil constitutionnel, cet instrument aux mains du clan au pouvoir, a retenu six candidats pour la parodie d’élection du 17 avril, les Algériens en ont choisi un septième qui n’a pas eu besoin de déposer un quelconque dossier chez Medelci. Le septième candidat a un nom : le boycott. Et il a la côte. Sur la toile et dans la rue. A Alger, dans les Aurès, en Kabylie. A Ghardaïa, mais aussi à Oran, Tlemcen et Constantine.
    Oui, le risque de chaos est réel. Il a grandi au fil des années. Mais les élections du 17 avril n’écarteront pas le spectre d’une dislocation du pays. Quatrième mandat ou pas, elles feront grandir le péril. Peut-être vont-elles le précipiter.
    Le boycott de ce scrutin unique dans les annales, c’est le chemin du retour sur le terrain de la politique et de l’éthique dans ce pays où, désormais, les obséquieux avouent et étalent leur immoralité dans les colonnes des journaux. Le boycott, ce septième candidat interdit de campagne, c’est l’antidote au chaos programmé dont Sellal et consorts font désormais ouvertement la promotion.

    Hassan Talbi
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