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Pourquoi le mouvement Barakat peine-t-il à mobiliser sur le terrain ?

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  • Pourquoi le mouvement Barakat peine-t-il à mobiliser sur le terrain ?

    Entretien avec la politologue Louisa Dris Aït-Hamadouche.


    La dernière manifestation de « Barakat ! », organisée lundi 23 mars, devant le siège de l’ENTV, a mobilisé beaucoup moins de personnes que les précédentes actions du mouvement. Les explications de la politologue Louisa Dris Aït-Hamadouche.

    « Je ne sais pas si cela est dû au fait que le rassemblement a été organisé un jour de semaine ou s’il y a eu un effet d’essoufflement. Je pense qu’il est trop tôt pour le savoir. « Barakat ! » est un mouvement qui reste relativement circonscrit et qui mobilise peu au niveau de la rue. Même si, sur le plan du sens politique de ce mouvement, son discours et ses objectifs, il représente un courant présent et palpable. En revanche, il semble être très présent sur les réseaux sociaux.

    Comment expliquez-vous justement le manque d’interactions entre la mobilisation sur les réseaux sociaux et sur le terrain ?

    La particularité du réseau social est qu’il permet à l’utilisateur d’être anonyme. On peut facilement y multiplier les profils et afficher notre soutien sans que cela implique un engagement concret. Et puis, compte tenu de la conjoncture, il est plus facile de lutter sur Internet que sur le terrain puisque les manifestations sont toujours interdites à Alger.

    Quant à la faible mobilisation sur le terrain, il y a plusieurs explications. La première est le facteur temps : tout mouvement citoyen ou politique a besoin d’un certain temps pour s’enraciner, mobiliser et convaincre. Le second élément important est que « Barakat ! » est mouvement apparu ex-nihilo. On ne sait pas d’où il vient et qui l’a créé. « Barakat ! » est apparu très rapidement avec un slogan, un logo et une présence importante sur les réseaux sociaux. Chose qui peut susciter chez les citoyens des interrogations et même des suspicions. Les gens ont tendance à se méfier de ce qu’ils ne connaissent pas et des mouvements qui apparaissent soudainement et qui bénéficient d’une très grosse couverture médiatique aussi bien au niveau national qu’au niveau international.

    Les initiateurs du mouvement tentent pourtant de privilégier le terrain …

    Il est tout à fait normal que les initiateurs veuillent sortir d’un cloisonnement virtuel et passer au militantisme réel. Si leur objectif est d’amorcer un changement politique, il est clair qu’ils ne l’obtiendront aucunement sur le Net. Jamais un réseau social n’a fait tomber un régime politique.

    Les réseaux sociaux n’ont-ils pas, tout de même, joué un rôle en Tunisie et en Égypte par exemple ?

    Bien entendu. Mais plus on avance dans le temps et plus les événements survenus dans ces deux pays suscitent des interrogations quant au caractère exclusivement interne de ces mouvements et sur le rôle joué par des ONG internationales et de gouvernements étrangers dans la mobilisation et la promotion de mouvements considérés comme insurrectionnels. C’est précisément cet élément qui peut apparaitre comme un facteur dissuasif pour les Algériens. Ces derniers ont tendance à être sensibles à ce qui relève de la théorie du complot, de la main étrangère et à l’instabilité qui pourrait être alimentée de l’extérieur. S’il apparait que « Barakat ! » a, par exemple, des ramifications ou des soutiens extérieurs, cela pourrait lui être extrêmement dommageable.

    Je pense que le discours officiel est particulièrement efficace et dissuasif sur cette question. Celle-ci constitue d’ailleurs un argument capital dans le discours officiel. Et plus la théorie du complot mobilise des partisans et plus la crédibilité du mouvement en question risque d’être affaiblie. C’est la raison pour laquelle un mouvement de contestation doit prouver qu’il est essentiellement fondé sur des bases internes pour son succès. L’un des moyens les plus faciles de discréditer un mouvement de protestation est de dire qu’il est lié à des intérêts extérieurs occultes.

    Est-il nécessaire pour « Barakat ! » de se démarquer des partis politiques ?

    Pour « Barakat ! », les partis politiques ne sont pas suffisamment crédibles pour devenir des alliés intéressants et susceptibles de renforcer leurs actions. « Barakat ! » considère que le monde politique et partisan est devenu, aux yeux des Algériens, synonyme de clientélisme, de corruption et de cooptation. Et je pense aussi qu’ils se fient à l’expérience de la coordination (CNDC) de 2011 menée par le RCD et qui a échoué à mobiliser la population. À partir de là, ils considèrent que les partis seraient plus une tare qu’un soutien.

    À court terme, ils pourraient avoir raison, mais certainement pas à long terme. Si le but du mouvement « Barakat ! » est de s’inscrire dans le temps et de construire un projet politique, il ne peut le faire sans qu’il ne soit structuré et organisé et cela est plus dans les moyens d’un parti politique. Parce que celui-ci est une organisation qui réfléchit, qui a un programme et un projet de société. Or, « Barakat ! » n’a ni programme, ni projet de société. S’opposer au quatrième mandat et dire que le régime politique actuel doit tomber n’en est pas un. Contester obéit à une logique à court terme alors que la construction d’un projet obéit à une logique structurée et organisée avec la nécessité d’être présent sur l’ensemble du territoire et un besoin de s’inscrire dans une logique de compétition vers le pouvoir politique. C’est la fonction d’un parti politique, mais pas d’un mouvement de contestation pure.

    Que représente, selon vous, ce mouvement aujourd’hui ?

    Dans le paysage médiatique et politique actuel, ce mouvement semble avoir une certaine aura. Il a été très rapidement médiatisé. Il bénéficie, de la part des médias en tous cas, d’un traitement assez favorable. Au niveau des partis politiques, la vision est assez contrastée. Quant au niveau gouvernemental et des officiels, on observe un changement assez impressionnant de traitement dans la mesure où ils sont passés de la répression à une tolérance. Une tolérance qui fait que les manifestations de ce mouvement ne soient plus réprimées, même si elles ne sont pas autorisées.

    Et le fait qu’ils ne soient plus réprimés et qu’il n’y ait plus d’arrestations risque de réduire, au fil du temps, leur visibilité médiatique. Ce qui attirait les médias, ce sont les images de jeunes femmes et de jeunes hommes arrêtés par la police et violemment embarqués. Maintenant qu’il n’y a plus ces images fortes, l’attrait médiatique de ces rassemblements pourrait se réduire. Et si un mouvement ne s’amplifie pas, il risque de se réduire aussi.


    TSA

  • #2
    Pourquoi les bnadria avec tous les moyens mis à leurs disposition peine t il a rassembler autant que barakat née à peine depuis un mois?

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    • #3
      ...El djadja taouled oua serdouk wadjou taaou...Ceux qui s'acharnent sur Le mouvement "BARAKAT" pour le dévaloriser sont bien connus.
      " C’est la rivière qui apporte dans son cours l’espoir aux chercheurs d’or…Elle n’attends jamais de ces derniers qu’ils en remettent dans le sien" (r.b)

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      • #4
        Voici l'explication scientifique donnée par un expert en "psychologie politique"

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