Le RCD mène campagne pour le boycott avec des partis islamistes que vous aviez combattus lorsque vous étiez à sa tête…
Il y a des éléments qu’il est utile de rappeler. Ce n’est pas la première fois que le RCD se lance dans des activités politiques conjoncturelles avec des partis islamistes. Tout le monde se rappelle de la protestation en 1997 à Alger. Nous étions dans la rue avec l’ensemble des forces politiques activant légalement sur la scène politique pour dénoncer la fraude.
En 2004, je me suis présenté à l’élection présidentielle. Nous avions averti, conjointement avec Abdellah Djaballah et Ali Benflis, l’opinion sur les dépassements. Nous avions signé un communiqué commun.
J’observe qu’il y a beaucoup de manipulations dans ces remarques. Plus fondamentalement, ce sont précisément ceux qui accusaient le RCD de sectarisme, d’être incapable de se mettre autour d’une table avec d’autres formations algériennes, qui aujourd’hui agitent l’idée d’une collusion doctrinale politique.
Le meeting de la salle Harcha était destiné à dire que l’élection était un péril pour le pays. Premièrement, l’alternative en Algérie ne peut pas être située, enfermée, dans le marécage du système politique algérien. Il s’agit de se mettre d’accord pour mettre à plat la vie publique afin que chacun puisse défendre son programme politique.
Ce n’est ni une alliance, ni une coalition, c’est un regroupement qui est destiné à d’abord alerter le pays sur l’élection qui pourrait être probablement lourde de conséquences et deuxièmement ; créer les conditions pour que chaque acteur politique puisse défendre son programme. Ce n’est pas une alliance de programmes. Ça a été dit par l’ensemble des intervenants : nous sommes différents et nous assumerons nos différences. Ce n’est pas avec la fraude, ni avec la désinformation et l’argent sale que nous allons construire un pays.
Il me semble aussi que le courant islamiste a évolué aussi par rapport à la compréhension de ce qui doit être un combat démocratique. On n’a malheureusement pas eu le temps d’entendre ça en 90. Ça semble être possible aujourd’hui. Il faut se saisir de cette opportunité tout en restant vigilant bien évidemment.
L’institution militaire n’a pas choisi son candidat pour la prochaine présidentielle, selon Mouloud Hamrouche. Partagez-vous cet avis ?
Je ne suis pas là pour parler au nom de l’armée ou pour dire qui elle a choisi ou qui elle n’a pas choisi. Ce que je peux déplorer par contre c’est que l’armée ait jusqu’à présent choisi les candidats. Cela étant dit, il faut que tout acteur politique qui aspire à intervenir dans la vie publique de son pays s’exprime, si possible, d’une manière pérenne, d’une manière continue quand on veut se battre.
Ce que j’observe dans ces dernières sorties, c’est une espèce d’incohérence dans la logique politique. Tout le monde est d’accord pour dire que le pays est dans une impasse politique. Que si on perdait encore un peu plus de temps, nous pourrions aller vers une situation qui mettrait en péril l’Algérie en tant qu’État, Nation et société. Mais, dès qu’il faut identifier les causes de cette impasse, proposer des solutions pour la dépasser, il y a comme une espèce d’aveuglement. Les solutions avancées sont pires que le mal. Toutes ces propositions qui, d’une manière ou d’une autre, essaient d’assurer qu’il est possible de réformer le système de l’intérieur sont vaines et dangereuses. Vaines parce que ça fait un demi-siècle que nous sommes dans le même système, et qu’à chaque fois qu’une opportunité d’ouverture et de changement s’est présentée à l’Algérie, elle a été littéralement étouffée ou détournée, maquillée et dénaturée. Je ne vais pas faire la liste de l’ensemble des occasions perdues. Il n’y a pas de réforme possible à partir de l’intérieur du système.
En appeler à l’armée aujourd’hui pour peser sur le débat politique est, au minimum, une grave irresponsabilité. C’est la nature militaire du système politique algérien qui a conduit l’Algérie à être l’exemple du plus grand désastre de la vie contemporaine. Il faut absolument que l’armée algérienne se tienne à l’écart du jeu politique. Si on veut que cette institution préserve ce qui peut l’être encore, les acteurs politiques ne doivent ni la solliciter ni l’impliquer. Que cela soit fait par omission, par calculs ou par naïveté. L’impasse algérienne est d’abord une problématique politique avant d’être une affaire militaire.
L’armée algérienne est intervenue en 1992. Une fois l’arrêt du processus électoral effectué, elle a été incapable de lancer une alternative. Pour des raisons politiques, historiques et sociologiques. À l’époque, l’armée algérienne avait plus de cohésion. Elle avait un crédit nettement meilleur que celui qu’elle a aujourd’hui. Elle avait un soutien populaire réel. Je ne vois pas pourquoi ni comment ce qui n’a pas été fait en 92 va l’être aujourd’hui. C’est dangereux. Il faut dire à l’armée algérienne : il est de l’intérêt de votre institution et du pays que vous ne soyez plus jamais instrumentalisée dans les jeux politiques de la Nation ; on a menti en votre nom. J’ai été emprisonné et torturé au nom de l’armée, on m’a insulté au nom de l’armée. On a tué au nom de l’armée, il faut absolument arrêter ce jeu de massacre. L’armée algérienne le voudrait-elle qu’elle ne pourrait de toute façon mener une alternative politique. Il y va de sa stabilité, de sa crédibilité et de l’intérêt de la Nation. Même si je salue les dernières sorties médiatiques, partant du principe que tout un chacun a le droit de s’exprimer, je me situe dans des positions politiques sensiblement différentes.
Pensez-vous que l’armée a une volonté de se retirer de la vie politique ?
Je ne peux pas vous dire exactement quelles sont les intentions de l’armée. Je dis ce que je pense en tant que citoyen, en tant que républicain et en tant que patriote. Il ne faut pas s’en remettre à l’armée aujourd’hui. Elle ne peut pas et elle ne doit pas s’immiscer dans l’action politique. Quelles sont ses intentions ? J’espère que dans cette armée aussi, il y a des Algériens qui ont le souci de leurs institutions et de la Nation pour tirer toutes les conséquences de la nature militaire du régime algérien qui a prévalu depuis 1962.
Pourrions-nous imaginer une sortie de crise sans la participation ou même l’aval de l’institution?
Le système politique algérien n’a pas simplement que les institutions formelles. Il y a aussi la communication. Donc, il s’est débrouillé pour que l’opinion soit convaincue qu’en dehors du système, il n’y a pas de solutions. Or, la solution, elle est en dehors du système. J’étais à la salle Harcha, la quasi-totalité des intervenants avaient moins de cinquante ans. Les trois quarts de la salle étaient des jeunes. C’est cette catégorie-là qui doit assumer la responsabilité politique et assumer l’alternative.
L’armée algérienne a des tâches qui incombent à chaque institution militaire. Nous ne pouvons pas ne pas prendre acte du fait que l’armée algérienne a été instrumentalisée et prise en otage par une police politique. Cette dernière a mené une politique opaque et incontrôlable qui fait que nous en sommes là aujourd’hui. Nous ne pouvons pas refaire une succession d’erreurs qui ont déjà coûté trop cher au pays. Cela fait un demi-siècle que l’Algérie tourne autour du même système. Il y a eu des alternances claniques, mais il n’y a jamais eu d’alternance systémique.
La situation est très grave sur le plan politique. Il ne faut pas masquer les problèmes. S’il n’y a pas rapidement une mise à plat de l’ensemble du bilan de l’Algérie indépendante, il faut penser déjà à envisager des lendemains terribles pour notre pays. Et je le répète : l’armée en tant qu’institution ne doit pas faire partie du débat.
Il appartient à la classe politique, aux personnalités, de se mettre autour d’une table pour faire l’état des lieux et ensuite fixer les règles qui doivent déterminer l’exercice politique. Il n’y a aucune visibilité politique dans notre pays, personne ne peut dire qui pèse quoi. Nous sommes passés d’un système oligarchique à un système délinquant. L’argent sale est en train de polluer toute la campagne électorale et l’espace médiatique. Il sert à déstabiliser les partis politiques.
Une phase de transition est une urgence. Il est temps de lancer le débat qui n’a jamais été amorcé depuis l’indépendance.
Il y a des éléments qu’il est utile de rappeler. Ce n’est pas la première fois que le RCD se lance dans des activités politiques conjoncturelles avec des partis islamistes. Tout le monde se rappelle de la protestation en 1997 à Alger. Nous étions dans la rue avec l’ensemble des forces politiques activant légalement sur la scène politique pour dénoncer la fraude.
En 2004, je me suis présenté à l’élection présidentielle. Nous avions averti, conjointement avec Abdellah Djaballah et Ali Benflis, l’opinion sur les dépassements. Nous avions signé un communiqué commun.
J’observe qu’il y a beaucoup de manipulations dans ces remarques. Plus fondamentalement, ce sont précisément ceux qui accusaient le RCD de sectarisme, d’être incapable de se mettre autour d’une table avec d’autres formations algériennes, qui aujourd’hui agitent l’idée d’une collusion doctrinale politique.
Le meeting de la salle Harcha était destiné à dire que l’élection était un péril pour le pays. Premièrement, l’alternative en Algérie ne peut pas être située, enfermée, dans le marécage du système politique algérien. Il s’agit de se mettre d’accord pour mettre à plat la vie publique afin que chacun puisse défendre son programme politique.
Ce n’est ni une alliance, ni une coalition, c’est un regroupement qui est destiné à d’abord alerter le pays sur l’élection qui pourrait être probablement lourde de conséquences et deuxièmement ; créer les conditions pour que chaque acteur politique puisse défendre son programme. Ce n’est pas une alliance de programmes. Ça a été dit par l’ensemble des intervenants : nous sommes différents et nous assumerons nos différences. Ce n’est pas avec la fraude, ni avec la désinformation et l’argent sale que nous allons construire un pays.
Il me semble aussi que le courant islamiste a évolué aussi par rapport à la compréhension de ce qui doit être un combat démocratique. On n’a malheureusement pas eu le temps d’entendre ça en 90. Ça semble être possible aujourd’hui. Il faut se saisir de cette opportunité tout en restant vigilant bien évidemment.
L’institution militaire n’a pas choisi son candidat pour la prochaine présidentielle, selon Mouloud Hamrouche. Partagez-vous cet avis ?
Je ne suis pas là pour parler au nom de l’armée ou pour dire qui elle a choisi ou qui elle n’a pas choisi. Ce que je peux déplorer par contre c’est que l’armée ait jusqu’à présent choisi les candidats. Cela étant dit, il faut que tout acteur politique qui aspire à intervenir dans la vie publique de son pays s’exprime, si possible, d’une manière pérenne, d’une manière continue quand on veut se battre.
Ce que j’observe dans ces dernières sorties, c’est une espèce d’incohérence dans la logique politique. Tout le monde est d’accord pour dire que le pays est dans une impasse politique. Que si on perdait encore un peu plus de temps, nous pourrions aller vers une situation qui mettrait en péril l’Algérie en tant qu’État, Nation et société. Mais, dès qu’il faut identifier les causes de cette impasse, proposer des solutions pour la dépasser, il y a comme une espèce d’aveuglement. Les solutions avancées sont pires que le mal. Toutes ces propositions qui, d’une manière ou d’une autre, essaient d’assurer qu’il est possible de réformer le système de l’intérieur sont vaines et dangereuses. Vaines parce que ça fait un demi-siècle que nous sommes dans le même système, et qu’à chaque fois qu’une opportunité d’ouverture et de changement s’est présentée à l’Algérie, elle a été littéralement étouffée ou détournée, maquillée et dénaturée. Je ne vais pas faire la liste de l’ensemble des occasions perdues. Il n’y a pas de réforme possible à partir de l’intérieur du système.
En appeler à l’armée aujourd’hui pour peser sur le débat politique est, au minimum, une grave irresponsabilité. C’est la nature militaire du système politique algérien qui a conduit l’Algérie à être l’exemple du plus grand désastre de la vie contemporaine. Il faut absolument que l’armée algérienne se tienne à l’écart du jeu politique. Si on veut que cette institution préserve ce qui peut l’être encore, les acteurs politiques ne doivent ni la solliciter ni l’impliquer. Que cela soit fait par omission, par calculs ou par naïveté. L’impasse algérienne est d’abord une problématique politique avant d’être une affaire militaire.
L’armée algérienne est intervenue en 1992. Une fois l’arrêt du processus électoral effectué, elle a été incapable de lancer une alternative. Pour des raisons politiques, historiques et sociologiques. À l’époque, l’armée algérienne avait plus de cohésion. Elle avait un crédit nettement meilleur que celui qu’elle a aujourd’hui. Elle avait un soutien populaire réel. Je ne vois pas pourquoi ni comment ce qui n’a pas été fait en 92 va l’être aujourd’hui. C’est dangereux. Il faut dire à l’armée algérienne : il est de l’intérêt de votre institution et du pays que vous ne soyez plus jamais instrumentalisée dans les jeux politiques de la Nation ; on a menti en votre nom. J’ai été emprisonné et torturé au nom de l’armée, on m’a insulté au nom de l’armée. On a tué au nom de l’armée, il faut absolument arrêter ce jeu de massacre. L’armée algérienne le voudrait-elle qu’elle ne pourrait de toute façon mener une alternative politique. Il y va de sa stabilité, de sa crédibilité et de l’intérêt de la Nation. Même si je salue les dernières sorties médiatiques, partant du principe que tout un chacun a le droit de s’exprimer, je me situe dans des positions politiques sensiblement différentes.
Pensez-vous que l’armée a une volonté de se retirer de la vie politique ?
Je ne peux pas vous dire exactement quelles sont les intentions de l’armée. Je dis ce que je pense en tant que citoyen, en tant que républicain et en tant que patriote. Il ne faut pas s’en remettre à l’armée aujourd’hui. Elle ne peut pas et elle ne doit pas s’immiscer dans l’action politique. Quelles sont ses intentions ? J’espère que dans cette armée aussi, il y a des Algériens qui ont le souci de leurs institutions et de la Nation pour tirer toutes les conséquences de la nature militaire du régime algérien qui a prévalu depuis 1962.
Pourrions-nous imaginer une sortie de crise sans la participation ou même l’aval de l’institution?
Le système politique algérien n’a pas simplement que les institutions formelles. Il y a aussi la communication. Donc, il s’est débrouillé pour que l’opinion soit convaincue qu’en dehors du système, il n’y a pas de solutions. Or, la solution, elle est en dehors du système. J’étais à la salle Harcha, la quasi-totalité des intervenants avaient moins de cinquante ans. Les trois quarts de la salle étaient des jeunes. C’est cette catégorie-là qui doit assumer la responsabilité politique et assumer l’alternative.
L’armée algérienne a des tâches qui incombent à chaque institution militaire. Nous ne pouvons pas ne pas prendre acte du fait que l’armée algérienne a été instrumentalisée et prise en otage par une police politique. Cette dernière a mené une politique opaque et incontrôlable qui fait que nous en sommes là aujourd’hui. Nous ne pouvons pas refaire une succession d’erreurs qui ont déjà coûté trop cher au pays. Cela fait un demi-siècle que l’Algérie tourne autour du même système. Il y a eu des alternances claniques, mais il n’y a jamais eu d’alternance systémique.
La situation est très grave sur le plan politique. Il ne faut pas masquer les problèmes. S’il n’y a pas rapidement une mise à plat de l’ensemble du bilan de l’Algérie indépendante, il faut penser déjà à envisager des lendemains terribles pour notre pays. Et je le répète : l’armée en tant qu’institution ne doit pas faire partie du débat.
Il appartient à la classe politique, aux personnalités, de se mettre autour d’une table pour faire l’état des lieux et ensuite fixer les règles qui doivent déterminer l’exercice politique. Il n’y a aucune visibilité politique dans notre pays, personne ne peut dire qui pèse quoi. Nous sommes passés d’un système oligarchique à un système délinquant. L’argent sale est en train de polluer toute la campagne électorale et l’espace médiatique. Il sert à déstabiliser les partis politiques.
Une phase de transition est une urgence. Il est temps de lancer le débat qui n’a jamais été amorcé depuis l’indépendance.
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