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Le mois des martyrs ...Mars

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  • Le mois des martyrs ...Mars

    On ne sait pas qui a fait le premier ce fabuleux constat. Mais l’historiographie algérienne a tôt fait de mettre en exergue tous les valeureux moudjahidine, si nombreux, tombés au champ d’honneur, en ce mois « sacré », propice à l’éclosion des fleurs et au bourgeonnement de la nature, où fécondation rime aussi avec sanctification.

    Hasard du calendrier, sans doute – mais pas de l’Histoire –, le mois de mars a vu le sacrifice d’une pléiade de dirigeants politiques ou militaires parmi les plus illustres de la Révolution algérienne, de 1954 à 1962. L’Histoire retiendra, pêle-mêle, les noms des martyrs Larbi Ben M’hidi, mort dans la nuit du 3 au 4 mars 1957 dans sa prison, à Alger, tué par le général tortionnaire Paul Aussaresses comme il l’a avoué lui-même dans ses mémoires parues avant sa mort. La disparition de Ben M’hidi, l’un des architectes de la Révolution et animateur principal du Congrès de la Soummam, à cette date, eut de fâcheuses incidences sur le moral des combattants et des cadres dirigeants et mit fin à la bataille d’Alger dont il était l’instigateur et le planificateur.
    Mustapha Benboulaid, autre artisan de la Révolution, fondateur du CRUA et chef historique des maquis auréssiens, a trouvé la mort, lui, dans la nuit du 22 au 23 mars 1956, dans sa région des Aurès, tué dans un mystérieux attentat, par l’explosion de son poste radio qu’il tenait à la main. Sa disparition plongera toute la région dans une longue et dangereuse guerre fratricide et empêcha la région des Aurès, bastion de la Révolution, de prendre part au Congrès de la Soummam, qui sera organisé cinq mois plus tard. Ce qui va encore entraver les laborieux efforts pour aboutir à une unité d’action. Beaucoup d’historiens se sont penchés sur ce cas, pour essayer de comprendre l’évolution de la lutte armée.

    Cela dit, l’événement le plus populaire, non pas, faut-il souligner, parce qu’il est le plus médiatisé, restera sans doute la mort héroïque des colonels Si Haoues et Amirouche, tués lors de la célèbre bataille de Djebel Thameur le 29 mars 1959, à la suite d’une embuscade meurtrière qui leur fut tendue par l’ennemi qui mobilisa ce jour-là une armada de soldats, et qui coûta également la vie à quelque 70 hommes qui accompagnaient les deux dirigeants en partance pour la Tunisie. Cet anniversaire est commémoré presque chaque année, où des témoignages sur le parcours et les hauts faits d’arme des deux prestigieux colonels de l’ALN viennent enrichir cette ambitieuse entreprise d’écriture de l’Histoire. Aussi, la mort de Si Houès et Amirouche a-t-elle donné lieu à des débats parfois pernicieux sur les circonstances de leur mort et de leur enterrement et à tant de biographies et d’ouvrages consacrés à cet épisode charnière de la lutte armée.

    Un autre colonel non moins prestigieux, mais beaucoup moins médiatisé, le colonel Lotfi, est tombé, lui, au champ d’honneur le 27 mars 1960 à Djebel Béchar, lors d’une bataille rangée avec l’ennemi qui mobilisa ce jour-là son aviation et une lourde artillerie. Il venait de rentrer du congrès de CNRA à Tripoli où étaient tracés les fondements politico-idéologiques du futur Etat algérien qui suscitèrent des débats houleux. Originaire de Tlemcen, le colonel Lotfi, de son vrai nom Benali Boudghène, était le plus jeune colonel de l’ALN. Cultivé et visionnaire, il était aussi connu pour ses qualités d’organisateur et de stratège. Il était mort à l’âge de 26 ans.

    On citera aussi le cas plus dramatique d’Ali Boumendjel, l’un des membres les plus actifs et les plus éminents du collectif d’avocats du FLN, qui a été arrêté puis assassiné le 23 mars 1957. Il mourut sous la torture avant d’être jeté du 6e étage d’un immeuble à Alger-Centre, sur ordre du même bourreau général Aussaresses, pour faire croire à un suicide, comme cela a été essayé avec Larbi Ben M’hidi, vingt jours plus tôt. L’exécution de cet ancien militant de l’UDMA de Ferhat Abbas, pourtant pacifiste, apportera la preuve que le colonialisme s’attaquait à toutes les énergies vivantes et intelligentes de la nation algérienne, abstraction faite de leur affiliation politique ou idéologique.

    La liste des glorieux martyrs morts en ce mois de mars ne s’arrête pas là. Il ne s’agit là que de la liste restreinte des plus connus et des plus illustres. On peut bien remarquer que certains d’entre eux sont morts, si ce n’est pas le même jour, la même année. Ne fallait-il pas décréter « une journée des martyrs » un jour de ce mois de mars, plutôt que d’opter pour la journée du 18 février, qui, elle, ne renvoie pas à un imaginaire aussi riche et aussi glorieux ?


    Adel Fathi

    Memoria
    Dernière modification par Chegevara, 28 mars 2014, 15h32.
    عيناك نهر من جنون... عيناك أرض لا تخون
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