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Hypocrisie encore et toujours, hypocrisie partagée quoique déséquilibrée, peut-être le prélude à un affrontement mondial entre impérialismes. Derrière la Crimée, on aperçoit le spectre du Kosovo qui a ouvert la « boîte de Pandore », la balkanisation de l'Europe.
Le président russe peut se réjouir de mettre les États-Unis et les pays européens devant leurs contradictions : eux qui ont soutenu la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo sont les mêmes qui s'indignent devant la décision du peuple de Crimée de rejoindre la Russie.
Hypocrisies occidentales, de Fabius à Kerry
La liste des hypocrisies s'allonge à merci du côté occidental.
Défendre l'intangibilité des frontières en Europe ? Quand on se souvient qu'en 1991, c'est la reconnaissance des référendums indépendantistes slovènes, croates et bosniaques par les pays européens, d'abord l'Allemagne, qui ont conduit à l'éclatement de la Yougoslavie, avec une guerre civile fratricide, c'est difficile à tenir.
Parler de « Référendum illégal » ? (L.Fabius) quand en 2011 le Sud-Soudan a pris son indépendance après un référendum à 98,9 % de « Oui » et 97,5 % de participation. Les pays occidentaux ont tous salué ce « référendum », cette indépendance qui entravait les plans africains de l'allié stratégique du Soudan : la Chine.
Se lamenter sur l'intégrité territoriale, l'unité nationale ... de quoi sourire en pensant au Soudan, à la Yougoslavie, on peut évoquer les plans de partition – de jureou de facto – de la Libye, l'Irak, de la Syrie ou du Mali.
Crier aux « ingérences étrangères » en Ukraine, c'est un tour de force quand on sait le rôle qu'ont joué les pays occidentaux dans la crise ukrainienne. Ne serait-ce que pour la France, son attitude au Mali, en Centrafrique, en Libye, en Syrie, ces trois dernières années, se passe de commentaires.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a tout de même oosé déclarer : « On n'envahit un autre pays en usant d'un prétexte fallacieux pour défendre ses intérêts ». Mais qu'ont fait les Etats-unis en Irak en 2003, une guerre qu'a défendu ardemment M.Kerry !
On peut y ajouter les propos du Ministre des Affaires étrangères William Hague, qui a lui aussi approuvé la guerre en Irak en 2003 : « Le monde ne peut donner le feu vert à une telle violation de la souveraineté d'une autre nation ». Hypocrisie, n'en jetez plus !
Ou encore le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui dénonce un « référendum illégal » sous « la menace des forces d'occupation russes », menaçant « la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine ». Et les élections au Mali avec les troupes d'occupation françaises, qu'en dit-on ?
Pour la Russie, il est facile de défendre sa position – au vu des liens historiques indéniables entre Russie et Crimée, de l'incohérente décision (une de plus) de Khrouchtchev en 1954 de la rattacher à l'Ukraine, de l'inquiétant gouvernement de Kiev peuplé de néo-fascistes et de banquiers à la botte du FMI.
Facile de cacher sa propre hypocrisie, de cette Russie qui n'hésite pas à briser définitivement l'intégrité territoriale du seul État de son « étranger proche » à bénéficier d'un certain poids économique, le tout pour faire main basse sur un potentiel énergétique, agricole et humain.
Mais le précédent mentionné par le président russe révèle une vraie question, soulevée par les nombreux opposants (bien loin d'être tous anti-impérialistes !) à la reconnaissance de la déclaration d'indépendance du Kosovo : c'était en 2008.
En février 2008, le parlement de la province du Kosovo proclame une déclaration d'indépendance unilatérale, après dix années de tutelle officiellement sous mandat de l'ONU, sur le terrain sous occupation des troupes de l'OTAN.
Le Kosovo était depuis 1999 un territoire dont les fonctions régaliennes (armée, justice, police) étaient assurées par la « KFOR », la force d'occupation de l'OTAN, et la « MINUK », mission d'administration de l'ONU, alimentée par les fonds européens.
Le premier responsable de la « MINUK » n'était nul autre que … Bernard Kouchner qui fut aussi le premier à reconnaître l'indépendance du Kosovo en 2008, en tant que ministre des Affaires étrangères français.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne se sont empressés de reconnaître le Kosovo. La Russie, la Chine, dans le jeu des grandes puissances, ont dénoncé la manœuvre.
La grande majorité des pays américains, asiatiques et africains ont refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo.
En Europe, si l'Union européenne a reconnu le Kosovo, avec 23 pays de l'UE : cinq pays de l'UE ont refusé (Chypre, Espagne, Roumanie, Grèce, Slovaquie), tout comme les pays d'ex-URSS, Ukraine compris.
Ce n'est pas un hasard si les nationalistes catalans ou basques, les « minorités » d'Europe centrale ou orientale (notamment hongroises) ont sauté sur l'occasion pour faire du Kosovo leur justification à l'explosion des revendications sécessionnistes, souvent peu progressistes.
Roublarde, la Russie en a profité pour prendre acte de ce « précédent ». Elle a depuis pu légitimer ses menées en Géorgie, aujourd'hui en Ukraine pour élargir sa sphère d'influence.
La décision de la Cour internationale de justice, en juillet 2010, qui affirme que « l'adoption de cette déclaration d'indépendance ne viole pas le droit international » stimule depuis les velléités indépendantistes, la balkanisation de l'Europe, la montée des tensions.
La Bosnie comme le Kosovo sont aujourd'hui au bord de l'implosion, les minorités serbes ne reconnaissant pas le pouvoir (qu'on ne peut qualifier de central dans les deux cas).
Ainsi, en Bosnie, elles envisagent de réclamer l'indépendance, suivant le cas kosovar, de la « Republika srpska », partie du territoire bosniaque peuplé de Serbes et déjà largement autonome.
Hypocrisie encore et toujours, hypocrisie partagée quoique déséquilibrée, peut-être le prélude à un affrontement mondial entre impérialismes. Derrière la Crimée, on aperçoit le spectre du Kosovo qui a ouvert la « boîte de Pandore », la balkanisation de l'Europe.
Le président russe peut se réjouir de mettre les États-Unis et les pays européens devant leurs contradictions : eux qui ont soutenu la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo sont les mêmes qui s'indignent devant la décision du peuple de Crimée de rejoindre la Russie.
Hypocrisies occidentales, de Fabius à Kerry
La liste des hypocrisies s'allonge à merci du côté occidental.
Défendre l'intangibilité des frontières en Europe ? Quand on se souvient qu'en 1991, c'est la reconnaissance des référendums indépendantistes slovènes, croates et bosniaques par les pays européens, d'abord l'Allemagne, qui ont conduit à l'éclatement de la Yougoslavie, avec une guerre civile fratricide, c'est difficile à tenir.
Parler de « Référendum illégal » ? (L.Fabius) quand en 2011 le Sud-Soudan a pris son indépendance après un référendum à 98,9 % de « Oui » et 97,5 % de participation. Les pays occidentaux ont tous salué ce « référendum », cette indépendance qui entravait les plans africains de l'allié stratégique du Soudan : la Chine.
Se lamenter sur l'intégrité territoriale, l'unité nationale ... de quoi sourire en pensant au Soudan, à la Yougoslavie, on peut évoquer les plans de partition – de jureou de facto – de la Libye, l'Irak, de la Syrie ou du Mali.
Crier aux « ingérences étrangères » en Ukraine, c'est un tour de force quand on sait le rôle qu'ont joué les pays occidentaux dans la crise ukrainienne. Ne serait-ce que pour la France, son attitude au Mali, en Centrafrique, en Libye, en Syrie, ces trois dernières années, se passe de commentaires.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a tout de même oosé déclarer : « On n'envahit un autre pays en usant d'un prétexte fallacieux pour défendre ses intérêts ». Mais qu'ont fait les Etats-unis en Irak en 2003, une guerre qu'a défendu ardemment M.Kerry !
On peut y ajouter les propos du Ministre des Affaires étrangères William Hague, qui a lui aussi approuvé la guerre en Irak en 2003 : « Le monde ne peut donner le feu vert à une telle violation de la souveraineté d'une autre nation ». Hypocrisie, n'en jetez plus !
Ou encore le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius qui dénonce un « référendum illégal » sous « la menace des forces d'occupation russes », menaçant « la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine ». Et les élections au Mali avec les troupes d'occupation françaises, qu'en dit-on ?
Pour la Russie, il est facile de défendre sa position – au vu des liens historiques indéniables entre Russie et Crimée, de l'incohérente décision (une de plus) de Khrouchtchev en 1954 de la rattacher à l'Ukraine, de l'inquiétant gouvernement de Kiev peuplé de néo-fascistes et de banquiers à la botte du FMI.
Facile de cacher sa propre hypocrisie, de cette Russie qui n'hésite pas à briser définitivement l'intégrité territoriale du seul État de son « étranger proche » à bénéficier d'un certain poids économique, le tout pour faire main basse sur un potentiel énergétique, agricole et humain.
Un prélude à la balkanisation de l'Europe
Mais le précédent mentionné par le président russe révèle une vraie question, soulevée par les nombreux opposants (bien loin d'être tous anti-impérialistes !) à la reconnaissance de la déclaration d'indépendance du Kosovo : c'était en 2008.
En février 2008, le parlement de la province du Kosovo proclame une déclaration d'indépendance unilatérale, après dix années de tutelle officiellement sous mandat de l'ONU, sur le terrain sous occupation des troupes de l'OTAN.
Le Kosovo était depuis 1999 un territoire dont les fonctions régaliennes (armée, justice, police) étaient assurées par la « KFOR », la force d'occupation de l'OTAN, et la « MINUK », mission d'administration de l'ONU, alimentée par les fonds européens.
Le premier responsable de la « MINUK » n'était nul autre que … Bernard Kouchner qui fut aussi le premier à reconnaître l'indépendance du Kosovo en 2008, en tant que ministre des Affaires étrangères français.
Les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne se sont empressés de reconnaître le Kosovo. La Russie, la Chine, dans le jeu des grandes puissances, ont dénoncé la manœuvre.
La grande majorité des pays américains, asiatiques et africains ont refusé de reconnaître l'indépendance du Kosovo.
En Europe, si l'Union européenne a reconnu le Kosovo, avec 23 pays de l'UE : cinq pays de l'UE ont refusé (Chypre, Espagne, Roumanie, Grèce, Slovaquie), tout comme les pays d'ex-URSS, Ukraine compris.
Ce n'est pas un hasard si les nationalistes catalans ou basques, les « minorités » d'Europe centrale ou orientale (notamment hongroises) ont sauté sur l'occasion pour faire du Kosovo leur justification à l'explosion des revendications sécessionnistes, souvent peu progressistes.
Roublarde, la Russie en a profité pour prendre acte de ce « précédent ». Elle a depuis pu légitimer ses menées en Géorgie, aujourd'hui en Ukraine pour élargir sa sphère d'influence.
La décision de la Cour internationale de justice, en juillet 2010, qui affirme que « l'adoption de cette déclaration d'indépendance ne viole pas le droit international » stimule depuis les velléités indépendantistes, la balkanisation de l'Europe, la montée des tensions.
La Bosnie comme le Kosovo sont aujourd'hui au bord de l'implosion, les minorités serbes ne reconnaissant pas le pouvoir (qu'on ne peut qualifier de central dans les deux cas).
Ainsi, en Bosnie, elles envisagent de réclamer l'indépendance, suivant le cas kosovar, de la « Republika srpska », partie du territoire bosniaque peuplé de Serbes et déjà largement autonome.
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