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De l’Océan au Golfe... et tutti quanti !

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    De l’Océan au Golfe... et tutti quanti !

    31.03.2014

    Mais qu'est-ce qui leur prend les dirigeants arabes à vouloir se réunir tous les quelques temps au niveau du sommet ou, à défaut, de celui du Conseil de la Ligue alors qu'ils n'ont plus rien à se dire depuis longtemps ? Mais qu'est-ce qui les incite à pousser le masochisme jusqu'à se flageller en public, à s'autodétruire devant les caméras et télévisions du monde entier ?


    Pathétique était la dernière conférence de « l'arabisme renaissant » tenue la semaine écoulée à Koweït, désastreuses étaient les interventions des dirigeants arabes, exceptée celle du représentant de la Tunisie qui leur a lancé leurs quatre vérités à la figure ! Avec sa nouvelle Constitution, la Tunisie est évidemment bien en avant, à des années-lumière du reste du monde arabe, pour ce qui est des droits de l'homme et de la parité hommes-femmes.
    Mais le président tunisien, Moncef Marzouki, a-t-il seulement été entendu, a-t-on juste compris le sens de ses paroles ? Il y a lieu d'en douter au vu des mines désinvoltes des participants, de l'air indifférent de certains enturbannés... L'essentiel était de se réunir, de se congratuler, de montrer à l'univers entier l'image truquée d'une unité arabe préservée, d'un monde musulman capable de faire face aux crises qui le désintègrent...

    Une fois de plus on s'est contenté de vœux pieux, d'appels à la réconciliation interarabe, à la « préservation des droits palestiniens », de souhaits de « prompt rétablissement » au « peuple syrien qui souffre »... et le Liban a eu, bien évidemment, sa part de marques de sympathie, les mêmes qu'on nous serine depuis des décennies et qui n'ont eu pour conséquences que la transposition au pays du Cèdre de tous les conflits, de tous les antagonismes et autres islamismes qui déchirent le monde arabe... Il ne manquait que les larmes et les mouchoirs. Rideau !
    Deux jours de palabres, de prestations photogéniques et c'est la conscience tranquille que grands cheikhs et chefs de tribus ont regagné leurs pénates en promettant bien sûr de se revoir à la première occasion. Le temps de réévaluer l'état des divisions, des querelles et des détestations qui dévastent le monde arabe « Min al-Mouhit ila al-Khalige », (de l'Océan au Golfe) vaste, très vaste territoire des ambitions et des illusions perdues...

    L'Irak se désintègre, la Syrie se suicide, le Yémen se renie entre Nord et Sud, entre chiites et sunnites, Bahrein s'enfonce dans les haines intercommunautaires, l'Égypte, rattrapée par le terrorisme, ne sait plus à quel dictateur se vouer, l'Algérie, pas encore guérie de ses guerres civiles, de la psychose islamiste, se soumet, à son corps défendant, au fait accompli de la gérontologie (*) et les pays du Golfe, engoncés dans leurs certitudes, s'entredéchirent, balancent entre potentats vieillissants et relèves arrogantes, donnent à tout leur entourage des leçons de démocratie mais perpétuent, sans états d'âme, les mêmes traditions tribales...

    Très large, très désastreux tableau mais panorama nullement exhaustif ! Et le Liban, me diriez-vous, où en est-il dans ce capharnaüm général ? Lisez donc la presse quotidienne dans tout son éventail, dans toutes ses facettes, lisez les « sorties » des hommes politiques de toutes tendances, le compte-rendu des catastrophes du jour et de celles prévues pour le lendemain : vous découvrirez alors que les tares arabes sont également les nôtres et qu'on n'est certainement pas logé à meilleure enseigne...

    En mars 2002, le Liban avait accueilli le quatorzième sommet arabe, le seul peut-être, malgré l'absence de plusieurs dirigeants, qui avait réussi à dépasser la langue de bois et à s'élever à un niveau de vraie responsabilité. À l'initiative du royaume saoudien, un plan de paix global avait alors été adopté permettant d'espérer une issue au conflit arabo-israélien. Depuis lors, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, les pays arabes se sont embourbés dans des conflits sans fin et le peuple palestinien a été floué, une fois de plus, comme en 1948.
    En Israël, entre-temps, les héritiers de Ben Gourion et de Golda Meïr assistent, tranquillement, à la noyade de ce qui reste d'un rêve arabe s'étendant du « Mouhit » au « Khalige »...

    NAGIB AOUN
    LORIENT-LE-JOUR

    *La gérontologie (du grec ancien γέρων / gérôn « vieillard » et λογία / logía « étude ») est un champ d'étude qui porte sur le vieillissement humain
    Dernière modification par choucha, 31 mars 2014, 03h50.
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