Malgré la perspective d'une élection présidentielle particulièrement délicate et les troubles à Ghardaia, notre chroniqueur, Richard Labévière, insiste sur le rôle de l’Algérie comme puissance régionale. Avec le Nigéria et l’Afrique du Sud, ce pays est l’un des trois « big three » qui détiennent les clefs de l’avenir du grand continent.
Avec une superficie de 2381741 km2, l’Algérie est le plus vaste pays d’Afrique mais également du monde arabe et du bassin méditerranéen. Sa géographie assemble de multiples atouts dont une façade maritime de 1 200 km et d’immenses étendues sahariennes riches en hydrocarbures. Avec 36 millions d’habitants, l’Algérie est aussi une puissance démographique : les moins de 30 ans représentent 70% de la population. Le secteur des hydrocarbures assure à lui seul 97% des exportations (36% du PIB) en direction de l’Union européenne, du Maghreb et des Etats-Unis qui achètent une grande partie de son gaz naturel liquéfié (GNL).
Bien que l’Algérie reste un modeste producteur de pétrole en rapport aux pays du Proche-Orient, son gaz constitue une dimension essentielle des relations économiques et géopolitiques du bassin méditerranéen. Elle est le troisième fournisseur en gaz de l’UE après la Russie et le Norvège. Les réserves d’hydrocarbures sont réparties sur quelques 200 gisements d’huile et de gaz, situés dans les bassins d’Oued Mya, de Hassi Messaoud (67%) et d’Illizi (14%) - où se situe le complexe gazier d’In Amenas – de Rhourde Nouss (9%) et d’Ahnet Timimoun (4%).
190 milliards de dollars en réserve
Les recettes de l’Etat ont ainsi fortement augmenté et les réserves de change atteint des niveaux record avec plus de 140 milliards de dollars en 2008 et 190 milliards en 2012. La croissance est continue – de l’ordre de 3% par an en moyenne depuis une décennie -, faisant de l’économie algérienne l’une des plus saines du monde arabe. Le niveau d’endettement y est faible. Le pays a été qualifié en 2012 par le FMI dev »pays le moins endetté des 20 Etats de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord avec une dette extérieure de 2,4% du PIB et une dette publique de 9% du PIB. Par ailleurs, l’alphabétisation est en hausse (96% en primaire). Le raccordement au réseau électrique est effectué à 98% et l’on doit assister au lancement de la 3G en novembre 2013. L’Algérie s’apprête à inaugurer la plus grande usine de dessalement d’eau de mer au monde près d’Oran d’une capacité de 500 000 m3 d’eau par jour mettant ainsi progressivement fin aux crises récurrentes d’approvisionnement des grandes villes du pays.
Dix milliards de dollars pour la Défense
Enfin, l’Algérie est la première puissance militaire régionale. Avec une budget de la défense estimé à 10,3 milliards de dollars en 2013 (2,7 milliards en 2000), le neuvième importateur d’armes au monde s’est doté d’équipements modernes, notamment aériens. Client traditionnel de la Russie, l’Algérie a diversifié des approvisionnements en direction de la Chine, des Etats-Unis, de l’Afrique du Sud, de l’Allemagne et de la France. Elle dispose désormais d’une industrie militaire qui produit notamment des véhicules blindés d’infanterie et des corvettes. En effet, l’Algérie veut surtout accroître ses capacités militaires maritimes pour afficher ses ambitions sécuritaires en Méditerranée. Durant l’opération Serval au Mali, l’Algérie a d’abord renforcé la défense de ses frontières puis elle a coupé l’approvisionnement en carburant des factions jihadistes en réduisant les filières de contrebandes. Et le geste le plus fort fut de donner l’autorisation aux avions de chasse et de transport français de survoler le territoire algérien, ce qui ne s’était jamais vu depuis la fermeture des bases militaires françaises en Algérie en 1962.
L'OTAN comme partenaire
Compte-tenu de l’ensemble de ces données, la géopolitique de l’Algérie se déploie dans trois perspectives principales : tout d’abord, on l’a dit, participer à la stabilité de la Méditerranée en s’imposant comme un partenaire majeur de l’OTAN et des Etats-Unis ; continuer à servir de médiateur dans les conflits africains à partir de la mémoire de sa lutte anticoloniale et d’une position dominante au sein de l’Union africaine ; enfin s’imposer comme la grande puissance sahélo-saharienne. Depuis plusieurs années, la Sonatrach, la toute puissante société nationale des hydrocarbures, ambitionne de relier le dispositif énergétique nigérian à son propre réseau de pipelines et d’oléoducs, option qui permettrait de faire l’économie de la piraterie maritime… Mais Alger cherche aussi à contrôler les autres richesses du Sahel, dont l’uranium et les autres minerais stratégiques de ce grand morceau d’Afrique.
Ces différents enjeux restent toutefois conditionnés par nombre de fragilités intérieures qui concernent, tant une économie restant largement cartellisée et relativement fermée qu’une classe politique excessivement cadrée par un FLN vieillissant et des islamistes très conservateurs. Après une décennie sanglante (1988 – 1998) qui a fait près de 100 000 victimes, l’Algérie est restée épargnée par les mal nommées « révolutions arabes ». Tout en continuant et en accélérant les réformes structurelles engagées par le président Bouteflika, l’Algérie - qui continue très judicieusement à baser sa diplomatie sur la non-ingérence et la souveraineté des Etats -, pourrait prochainement s’imposer comme l’un des grands émergeants/émergés aux côtés de la Chine, l’Inde et le Brésil.
Source: MondAfrique
Avec une superficie de 2381741 km2, l’Algérie est le plus vaste pays d’Afrique mais également du monde arabe et du bassin méditerranéen. Sa géographie assemble de multiples atouts dont une façade maritime de 1 200 km et d’immenses étendues sahariennes riches en hydrocarbures. Avec 36 millions d’habitants, l’Algérie est aussi une puissance démographique : les moins de 30 ans représentent 70% de la population. Le secteur des hydrocarbures assure à lui seul 97% des exportations (36% du PIB) en direction de l’Union européenne, du Maghreb et des Etats-Unis qui achètent une grande partie de son gaz naturel liquéfié (GNL).
Bien que l’Algérie reste un modeste producteur de pétrole en rapport aux pays du Proche-Orient, son gaz constitue une dimension essentielle des relations économiques et géopolitiques du bassin méditerranéen. Elle est le troisième fournisseur en gaz de l’UE après la Russie et le Norvège. Les réserves d’hydrocarbures sont réparties sur quelques 200 gisements d’huile et de gaz, situés dans les bassins d’Oued Mya, de Hassi Messaoud (67%) et d’Illizi (14%) - où se situe le complexe gazier d’In Amenas – de Rhourde Nouss (9%) et d’Ahnet Timimoun (4%).
190 milliards de dollars en réserve
Les recettes de l’Etat ont ainsi fortement augmenté et les réserves de change atteint des niveaux record avec plus de 140 milliards de dollars en 2008 et 190 milliards en 2012. La croissance est continue – de l’ordre de 3% par an en moyenne depuis une décennie -, faisant de l’économie algérienne l’une des plus saines du monde arabe. Le niveau d’endettement y est faible. Le pays a été qualifié en 2012 par le FMI dev »pays le moins endetté des 20 Etats de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord avec une dette extérieure de 2,4% du PIB et une dette publique de 9% du PIB. Par ailleurs, l’alphabétisation est en hausse (96% en primaire). Le raccordement au réseau électrique est effectué à 98% et l’on doit assister au lancement de la 3G en novembre 2013. L’Algérie s’apprête à inaugurer la plus grande usine de dessalement d’eau de mer au monde près d’Oran d’une capacité de 500 000 m3 d’eau par jour mettant ainsi progressivement fin aux crises récurrentes d’approvisionnement des grandes villes du pays.
Dix milliards de dollars pour la Défense
Enfin, l’Algérie est la première puissance militaire régionale. Avec une budget de la défense estimé à 10,3 milliards de dollars en 2013 (2,7 milliards en 2000), le neuvième importateur d’armes au monde s’est doté d’équipements modernes, notamment aériens. Client traditionnel de la Russie, l’Algérie a diversifié des approvisionnements en direction de la Chine, des Etats-Unis, de l’Afrique du Sud, de l’Allemagne et de la France. Elle dispose désormais d’une industrie militaire qui produit notamment des véhicules blindés d’infanterie et des corvettes. En effet, l’Algérie veut surtout accroître ses capacités militaires maritimes pour afficher ses ambitions sécuritaires en Méditerranée. Durant l’opération Serval au Mali, l’Algérie a d’abord renforcé la défense de ses frontières puis elle a coupé l’approvisionnement en carburant des factions jihadistes en réduisant les filières de contrebandes. Et le geste le plus fort fut de donner l’autorisation aux avions de chasse et de transport français de survoler le territoire algérien, ce qui ne s’était jamais vu depuis la fermeture des bases militaires françaises en Algérie en 1962.
L'OTAN comme partenaire
Compte-tenu de l’ensemble de ces données, la géopolitique de l’Algérie se déploie dans trois perspectives principales : tout d’abord, on l’a dit, participer à la stabilité de la Méditerranée en s’imposant comme un partenaire majeur de l’OTAN et des Etats-Unis ; continuer à servir de médiateur dans les conflits africains à partir de la mémoire de sa lutte anticoloniale et d’une position dominante au sein de l’Union africaine ; enfin s’imposer comme la grande puissance sahélo-saharienne. Depuis plusieurs années, la Sonatrach, la toute puissante société nationale des hydrocarbures, ambitionne de relier le dispositif énergétique nigérian à son propre réseau de pipelines et d’oléoducs, option qui permettrait de faire l’économie de la piraterie maritime… Mais Alger cherche aussi à contrôler les autres richesses du Sahel, dont l’uranium et les autres minerais stratégiques de ce grand morceau d’Afrique.
Ces différents enjeux restent toutefois conditionnés par nombre de fragilités intérieures qui concernent, tant une économie restant largement cartellisée et relativement fermée qu’une classe politique excessivement cadrée par un FLN vieillissant et des islamistes très conservateurs. Après une décennie sanglante (1988 – 1998) qui a fait près de 100 000 victimes, l’Algérie est restée épargnée par les mal nommées « révolutions arabes ». Tout en continuant et en accélérant les réformes structurelles engagées par le président Bouteflika, l’Algérie - qui continue très judicieusement à baser sa diplomatie sur la non-ingérence et la souveraineté des Etats -, pourrait prochainement s’imposer comme l’un des grands émergeants/émergés aux côtés de la Chine, l’Inde et le Brésil.
Source: MondAfrique
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