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En Egypte, on ne badine pas avec l'image du candidat Sissi

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  • En Egypte, on ne badine pas avec l'image du candidat Sissi

    Il n'est plus permis de rire en Egypte. Omar Abul Maged l'a appris à ses dépens. Ce jeune agriculteur de 31 ans, sans histoire ni le moindre passé d'opposant politique, a été condamné, dimanche 30 mars, à un an de prison par le tribunal de Qena, en Haute-Egypte, pour « avoir humilié l'armée ».

    Les faits datent de septembre 2013. Pour exprimer son opposition au coup d'Etat militaire contre le président issu des Frères musulmans Mohamed Morsi, Omar Abul Maged choisit l'humour. Il affuble son âne d'un poster à l'effigie du général Abdel Fattah Al-Sissi, qui a mené le putsch, coiffe l'animal d'une casquette militaire avant de le chevaucher dans son village. La moquerie est évidente : en égyptien, « sissi » signifie le mulet.
    La farce fait mouche, mais elle n'est pas du goût de tout le monde. Des riverains dénoncent Omar Abul Maged à la police. L'outrage est tel que le jeune homme est placé en détention provisoire en attendant le déroulement de l'enquête et l'issue de son procès. Il lui reste encore six mois de prison à purger. L'armée égyptienne manquerait-elle d'humour ? Elle ne manque en tout cas pas de poigne. L'histoire d'Omar Abul Maged n'est qu'un énième exemple de la répression tous azimuts menée par le régime militaire depuis le renversement de la confrérie.

    La semaine dernière, 529 Frères musulmans ont été condamnés à mort par le tribunal de Minieh, en Haute-Egypte, pour avoir tué un policier lors de manifestations, l'été 2013. Même si beaucoup d'observateurs s'attendent à ce que le verdict soit cassé en seconde instance, cette décision de justice est sans précédent dans l'histoire de l'Egypte moderne.
    Nouvel homme fort du pays, Al-Sissi, promu maréchal en janvier, s'est porté candidat à la succession de Mohamed Morsi qu'il a lui-même destitué il y a moins d'un an. Le 26 mars, le militaire a démissionné de son poste de ministre de la défense pour participer à l'élection présidentielle prévue les 26 et 27 mai.

    Avec pour l'instant un seul rival déclaré, le nassériste Hamdine Sabahi, l'élection semble laisser peu de place au suspense. Le coup d'envoi de la campagne officielle est prévu pour début mai. Pourtant, des portraits immenses d'Al-Sissi ont déjà été placardés dans les grandes villes du pays. On y voit le visage du maréchal, souriant et confiant, sur fond de slogan nationaliste : « Vive l'Egypte ».
    Dans ce contexte de propagande écrasante, Internet reste l'ultime bastion de libre pensée. En réponse au hashtag « Je voterai Sissi », des opposants au régime militaire ont lancé sur Twitter un hashtag concurrent, « Votez pour le maquereau » – une insulte gratuite –, retweeté des centaines de milliers de fois.
    « Il n'y a que sur les réseaux sociaux que l'on peut exprimer notre opposition. C'est devenu extrêmement difficile de manifester », raconte The Big Pharaoh, un militant libéral très actif de la Toile égyptienne.

    Source: Le Monde
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