Jamais les vols de voitures n’ont été aussi importants, donnant du fil à retordre à la police et la gendarmerie. Les Kangoo, les Atos et Hyundaï-Accent sont particulièrement visées. Et les réseaux semblent bien rodés.
« Vol de voitures ? Ça n’arrive pas qu’aux autres», observe Mokhtar, un habitant de la périphérie d’Oran. Face à l’explosion des vols à Oran, Alger et pratiquement toutes les villes de l’est du pays, la lutte s’intensifie pour endiguer les vols des caisses à quatre roues. A Oran, les propriétaires de véhicules le comprennent vite: la ville est aussi la capitale de la lutte contre les vols. Etre vigilant mais que faire d’autre ? Que faire devant un réseau bien structuré ? Ne plus garer sa voiture dehors ? Faut-il se payer systématiquement des assurances «vol» ? Les automobilistes ne savent contenir leurs craintes, même si les services de sécurité multiplient les saisies, démantelant d’interminables réseaux de voleurs.
A voir les chiffres des véhicules volés saisis, on mesure l’ampleur du phénomène. Plus qu’un phénomène: un fléau inquiétant. Les Oranais connaissent le secret de cette fièvre de vols de voitures.
Policiers et gendarmes le confirment: la lutte est grande et sans merci dans une ville infestée de gangs prêts à sévir à la moindre imprudence des propriétaires de véhicules. Les successifs coups de filets montrent que bien des vols du moment sont le fruit d’activités de réseaux très rodés. Le phénomène n’est, certes, pas récent. Mais les propriétaires de voitures s’inquiètent ces derniers mois de la recrudescence de ce phénomène. D’autant plus que les assaillants ne semblent reculer devant rien. Des conducteurs ayant résisté à leurs assaillants ont même laissé la vie parfois ou ont été abandonnés pour morts. Le trafic a même des ramifications internationales.
Les services de la gendarmerie comme ceux de la police d’Oran
ont mené, cette année, d’importantes opérations pour démanteler des réseaux de revente de voitures volées, couvrant plusieurs quartiers et localités de la cité oranaise. Des enquêtes sur ces vols à grande échelle ont été menées par les deux corps de sécurité. Les coups de filets se comptent par dizaines. Des centaines d’interpellations pour des faits de vol et trafic organisés de voitures ont été effectuées sur une vingtaine de sites, couvrant une dizaine de quartiers d’Oran.
On peut être dépossédé de son véhicule, n’importe où. Une nouveauté cependant: nombre de voleurs n’hésitent plus à employer les grands moyens. Les grands réseaux, eux, ne désarment pas. Ils constituent une association aux contours mal définis. Il y a là des cerveaux, habitués à comploter. Sans oublier les «authentiques» malfaiteurs, membres de ce qu’il est convenu d’appeler les «réseaux organisés». Il ne s’agit pas d’une mafia à proprement parler, plutôt de groupes assez restreints, rassemblant des hommes d’un même quartier ou d’un même clan. Le marché de la pièce détachée est juteux. Les affaires élucidées montrent que les réseaux démantelés travaillent de manière plus étudiée, plus professionnelle, en reproduisant, par exemple, de fausses cartes grises. Au fil du temps, les gangs ont gagné en envergure et noué des liens dans toutes les villes.
Certains profitent des vols pour investir le marché de la voiture d’occasion. Pour d’autres, le domaine de prédilection demeure le désossement des voitures et la vente en pièces détachées, Chteïbo (entrée Sud d’Oran) en est une plaque tournante. Les voleurs ont leurs techniques pour accomplir leurs sales besognes, qu’il s’agisse de voitures de luxe ou des plus modestes. Ils recourent parfois aux moyens sophistiqués pour ouvrir les serrures.
165 vols ont été enregistrés à Oran durant les neuf premiers mois de 2006. «La gendarmerie nationale a enregistré 65 vols de véhicules dont 6 ont été retrouvés durant la même période», relate le chargé de communication du groupement de la gendarmerie de la wilaya d’Oran. Le phénomène n’est pas nouveau: l’année 2005 a été aussi sans répit. La gendarmerie nationale a saisi 275 véhicules durant les quatre premiers mois de l’an dernier. Un nombre supérieur à celui enregistré durant toute l’année de 2004. Le nombre d’affaires traitées au cours des premiers mois 2005 représente 88% de celles traitées durant toute l’année de 2004. Cette année encore le nombre de vols a explosé. En mars dernier, une voiture neuve de marque Fiat est volée par un groupe de malfrats. Le conducteur fut sauvagement agressé. Quatre mois plus tard, la police récupère quatre véhicules dans un garage à Chteïbo: une Kangoo, une Renault Mégane ainsi que deux Peugeot (une 406 et une 206). Ces véhicules étaient en phase de désossement, les premières pièces détachées du moteur avaient déjà disparu. Une carte grise falsifiée a été également trouvée dans un coffre. Deux individus sont arrêtés. Le troisième est en fuite.
Le 31 juillet, un réseau composé de trois membres tombe dans les filets de la police. Deux R19 sont récupérées. Début août, une Peugeot 405 et une Clio volées sont retrouvées chez quatre individus qui sont arrêtés. Le 11 août, la plus importante enquête de vol de véhicules est lancée par la police judiciaire à Oran. La traque des réseaux bat son plein. Le lendemain, une Renault 19 volée est retrouvée à St-Pierre. Son numéro de châssis ainsi que sa carte grise sont faux. Une semaine plus tard, un voleur est arrêté à bord d’une Renault 4 qu’il a subtilisée à Gdyel. Son acolyte est arrêté près de Cité Djamel où il avait volé une Opel. Le lendemain, une Peugeot 405 subtilisée est récupérée à Petit Lac. Mi-août, près de Bousfer, une dizaine de réseaux spécialisés dans le vol, la falsification de documents et de numéros de châssis de véhicules sont démantelés. Pas moins de 22 véhicules ont été récupérés par la police. Le record venait d’être battu. Une autre affaire est élucidée à Brédéah et s’est soldée par la récupération de sept véhicules, dont trois camions Sonacome, un fourgon de type Renault Master, une Volkswagen Passat, une BMW et une Jaguar.
Tous ces véhicules portaient des numéros de châssis falsifiés et de fausses cartes grises. La falsification des numéros de châssis et des documents de mise en circulation de ces voitures, notamment les cartes grises, est un phénomène qui a pris énormément d’ampleur ces dernières années. Toujours en août, la police d’Oran a arrêté plusieurs personnes pour vol de véhicules, trafic international de véhicules. Les mis en cause étaient membres d’un réseau dirigé par deux frères aux casiers judiciaires chargés d’antécédents. Cinq autres membres du même réseau sont recherchés. Parmi les prévenus, figurent des employés de garages qui s’étaient chargés de confectionner le double des clés des voitures. Les véhicules volés étaient ensuite acheminés dans le hangar d’une ferme près de Brédéah (Boutlélis), pour y être... «maquillés» et revendus au Maroc. La perquisition du hangar donnera lieu à la découverte et à la récupération de quatre véhicules légers et trois camions de marque Sonacome, dont un volé à Hammam Bouhadjar, dans la wilaya de Aïn Témouchent. La police découvre, du coup, dans la même ferme le matériel utilisé par les trafiquants pour la falsification des numéros de châssis et des cartes grises ainsi qu’un lot d’armes blanches (couteaux, épées, bombes lacrymogènes). Au cours de leur audition, les mis en cause ont avoué avoir acheminé, à partir de la frontières ouest, plusieurs véhicules volés pour en falsifier les documents et les numéros de châssis avant de les revendre.
Mais il n’y a pas qu’Oran qui fait face à ce fléau. L’année 2006 débute en force pour la police dans la banlieue algéroise (El-Harrach).
Le premier groupe de l’année venait d’être arrêté. 18 individus recouraient aux méthodes dignes de grands professionnels: Faux barrages, menaces de toutes sortes, avec des armes à feu, cagoules... La cabale a pris fin avec l’arrestation de cinq d’entre eux alors qu’ils étaient à bord de deux véhicules.
Février 2006. La police démantèle à Alger encore un réseau qui sévissait dans plusieurs wilayas. Au total, 40 voitures et deux camions ont été retrouvés. Neuf mois de recherches et d’investigations. Les policiers ont arrêté 139 individus, impliqués dans ce réseau ayant fait 38 victimes. 102 témoins furent entendus. Les voitures volées qui provenaient de France, d’Italie, d’Angleterre et de Tunisie circulaient avec de faux papiers à Alger, Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa, Jijel, Biskra, Constantine, Skikda, Batna et Illizi. Cette prise fera date mais, depuis, le mal a empiré. Les bandits ciblent les grandes villes comme Oran, Alger, Sétif, Annaba mais aussi pratiquement toutes les wilayas de l’est du pays n’y échappement pas. Au total, une cinquantaine de véhicules seront volés, une dizaine de réseaux seront démantelés et 22 véhicules récupérés en un mois. 2 PA et 1 fusil à pompe seront saisis sur tout le territoire national. Les tentacules des réseaux s’étendent encore sur plusieurs wilayas du pays.
La lutte des services de sécurité s’avère âpre mais elle s’intensifie pour neutraliser ces bandes de criminels. La justice, elle, est ferme: lors du dernier procès en date, à Oran, les mis en causes ont été condamnés à de lourdes peines de prison.
- Le Quotidien d'Oran
« Vol de voitures ? Ça n’arrive pas qu’aux autres», observe Mokhtar, un habitant de la périphérie d’Oran. Face à l’explosion des vols à Oran, Alger et pratiquement toutes les villes de l’est du pays, la lutte s’intensifie pour endiguer les vols des caisses à quatre roues. A Oran, les propriétaires de véhicules le comprennent vite: la ville est aussi la capitale de la lutte contre les vols. Etre vigilant mais que faire d’autre ? Que faire devant un réseau bien structuré ? Ne plus garer sa voiture dehors ? Faut-il se payer systématiquement des assurances «vol» ? Les automobilistes ne savent contenir leurs craintes, même si les services de sécurité multiplient les saisies, démantelant d’interminables réseaux de voleurs.
A voir les chiffres des véhicules volés saisis, on mesure l’ampleur du phénomène. Plus qu’un phénomène: un fléau inquiétant. Les Oranais connaissent le secret de cette fièvre de vols de voitures.
Policiers et gendarmes le confirment: la lutte est grande et sans merci dans une ville infestée de gangs prêts à sévir à la moindre imprudence des propriétaires de véhicules. Les successifs coups de filets montrent que bien des vols du moment sont le fruit d’activités de réseaux très rodés. Le phénomène n’est, certes, pas récent. Mais les propriétaires de voitures s’inquiètent ces derniers mois de la recrudescence de ce phénomène. D’autant plus que les assaillants ne semblent reculer devant rien. Des conducteurs ayant résisté à leurs assaillants ont même laissé la vie parfois ou ont été abandonnés pour morts. Le trafic a même des ramifications internationales.
Les services de la gendarmerie comme ceux de la police d’Oran
ont mené, cette année, d’importantes opérations pour démanteler des réseaux de revente de voitures volées, couvrant plusieurs quartiers et localités de la cité oranaise. Des enquêtes sur ces vols à grande échelle ont été menées par les deux corps de sécurité. Les coups de filets se comptent par dizaines. Des centaines d’interpellations pour des faits de vol et trafic organisés de voitures ont été effectuées sur une vingtaine de sites, couvrant une dizaine de quartiers d’Oran.
On peut être dépossédé de son véhicule, n’importe où. Une nouveauté cependant: nombre de voleurs n’hésitent plus à employer les grands moyens. Les grands réseaux, eux, ne désarment pas. Ils constituent une association aux contours mal définis. Il y a là des cerveaux, habitués à comploter. Sans oublier les «authentiques» malfaiteurs, membres de ce qu’il est convenu d’appeler les «réseaux organisés». Il ne s’agit pas d’une mafia à proprement parler, plutôt de groupes assez restreints, rassemblant des hommes d’un même quartier ou d’un même clan. Le marché de la pièce détachée est juteux. Les affaires élucidées montrent que les réseaux démantelés travaillent de manière plus étudiée, plus professionnelle, en reproduisant, par exemple, de fausses cartes grises. Au fil du temps, les gangs ont gagné en envergure et noué des liens dans toutes les villes.
Certains profitent des vols pour investir le marché de la voiture d’occasion. Pour d’autres, le domaine de prédilection demeure le désossement des voitures et la vente en pièces détachées, Chteïbo (entrée Sud d’Oran) en est une plaque tournante. Les voleurs ont leurs techniques pour accomplir leurs sales besognes, qu’il s’agisse de voitures de luxe ou des plus modestes. Ils recourent parfois aux moyens sophistiqués pour ouvrir les serrures.
165 vols ont été enregistrés à Oran durant les neuf premiers mois de 2006. «La gendarmerie nationale a enregistré 65 vols de véhicules dont 6 ont été retrouvés durant la même période», relate le chargé de communication du groupement de la gendarmerie de la wilaya d’Oran. Le phénomène n’est pas nouveau: l’année 2005 a été aussi sans répit. La gendarmerie nationale a saisi 275 véhicules durant les quatre premiers mois de l’an dernier. Un nombre supérieur à celui enregistré durant toute l’année de 2004. Le nombre d’affaires traitées au cours des premiers mois 2005 représente 88% de celles traitées durant toute l’année de 2004. Cette année encore le nombre de vols a explosé. En mars dernier, une voiture neuve de marque Fiat est volée par un groupe de malfrats. Le conducteur fut sauvagement agressé. Quatre mois plus tard, la police récupère quatre véhicules dans un garage à Chteïbo: une Kangoo, une Renault Mégane ainsi que deux Peugeot (une 406 et une 206). Ces véhicules étaient en phase de désossement, les premières pièces détachées du moteur avaient déjà disparu. Une carte grise falsifiée a été également trouvée dans un coffre. Deux individus sont arrêtés. Le troisième est en fuite.
Le 31 juillet, un réseau composé de trois membres tombe dans les filets de la police. Deux R19 sont récupérées. Début août, une Peugeot 405 et une Clio volées sont retrouvées chez quatre individus qui sont arrêtés. Le 11 août, la plus importante enquête de vol de véhicules est lancée par la police judiciaire à Oran. La traque des réseaux bat son plein. Le lendemain, une Renault 19 volée est retrouvée à St-Pierre. Son numéro de châssis ainsi que sa carte grise sont faux. Une semaine plus tard, un voleur est arrêté à bord d’une Renault 4 qu’il a subtilisée à Gdyel. Son acolyte est arrêté près de Cité Djamel où il avait volé une Opel. Le lendemain, une Peugeot 405 subtilisée est récupérée à Petit Lac. Mi-août, près de Bousfer, une dizaine de réseaux spécialisés dans le vol, la falsification de documents et de numéros de châssis de véhicules sont démantelés. Pas moins de 22 véhicules ont été récupérés par la police. Le record venait d’être battu. Une autre affaire est élucidée à Brédéah et s’est soldée par la récupération de sept véhicules, dont trois camions Sonacome, un fourgon de type Renault Master, une Volkswagen Passat, une BMW et une Jaguar.
Tous ces véhicules portaient des numéros de châssis falsifiés et de fausses cartes grises. La falsification des numéros de châssis et des documents de mise en circulation de ces voitures, notamment les cartes grises, est un phénomène qui a pris énormément d’ampleur ces dernières années. Toujours en août, la police d’Oran a arrêté plusieurs personnes pour vol de véhicules, trafic international de véhicules. Les mis en cause étaient membres d’un réseau dirigé par deux frères aux casiers judiciaires chargés d’antécédents. Cinq autres membres du même réseau sont recherchés. Parmi les prévenus, figurent des employés de garages qui s’étaient chargés de confectionner le double des clés des voitures. Les véhicules volés étaient ensuite acheminés dans le hangar d’une ferme près de Brédéah (Boutlélis), pour y être... «maquillés» et revendus au Maroc. La perquisition du hangar donnera lieu à la découverte et à la récupération de quatre véhicules légers et trois camions de marque Sonacome, dont un volé à Hammam Bouhadjar, dans la wilaya de Aïn Témouchent. La police découvre, du coup, dans la même ferme le matériel utilisé par les trafiquants pour la falsification des numéros de châssis et des cartes grises ainsi qu’un lot d’armes blanches (couteaux, épées, bombes lacrymogènes). Au cours de leur audition, les mis en cause ont avoué avoir acheminé, à partir de la frontières ouest, plusieurs véhicules volés pour en falsifier les documents et les numéros de châssis avant de les revendre.
Mais il n’y a pas qu’Oran qui fait face à ce fléau. L’année 2006 débute en force pour la police dans la banlieue algéroise (El-Harrach).
Le premier groupe de l’année venait d’être arrêté. 18 individus recouraient aux méthodes dignes de grands professionnels: Faux barrages, menaces de toutes sortes, avec des armes à feu, cagoules... La cabale a pris fin avec l’arrestation de cinq d’entre eux alors qu’ils étaient à bord de deux véhicules.
Février 2006. La police démantèle à Alger encore un réseau qui sévissait dans plusieurs wilayas. Au total, 40 voitures et deux camions ont été retrouvés. Neuf mois de recherches et d’investigations. Les policiers ont arrêté 139 individus, impliqués dans ce réseau ayant fait 38 victimes. 102 témoins furent entendus. Les voitures volées qui provenaient de France, d’Italie, d’Angleterre et de Tunisie circulaient avec de faux papiers à Alger, Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa, Jijel, Biskra, Constantine, Skikda, Batna et Illizi. Cette prise fera date mais, depuis, le mal a empiré. Les bandits ciblent les grandes villes comme Oran, Alger, Sétif, Annaba mais aussi pratiquement toutes les wilayas de l’est du pays n’y échappement pas. Au total, une cinquantaine de véhicules seront volés, une dizaine de réseaux seront démantelés et 22 véhicules récupérés en un mois. 2 PA et 1 fusil à pompe seront saisis sur tout le territoire national. Les tentacules des réseaux s’étendent encore sur plusieurs wilayas du pays.
La lutte des services de sécurité s’avère âpre mais elle s’intensifie pour neutraliser ces bandes de criminels. La justice, elle, est ferme: lors du dernier procès en date, à Oran, les mis en causes ont été condamnés à de lourdes peines de prison.
- Le Quotidien d'Oran
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