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Cette «main étrangère» qui fait «lever» et «parler» mon Président

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  • Cette «main étrangère» qui fait «lever» et «parler» mon Président

    Merci John Kerry. Merci à l’Emir du Qatar cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani. Merci à vous les dignes représentants de la «Main Etrangère». Merci à vous de m’avoir fait découvrir mon Président qui ne me parle plus depuis longtemps. Merci à vous de m’avoir permis d’écouter la voix paternaliste de mon Président qui s’adresse à moi uniquement par messages écrits depuis de longues semaines.

    Grâce à vous, les dignitaires étrangers, qui êtes aussi diabolisés par l’entourage et sbires de mon régime bien honni, je sais maintenant que Mon Président veut «votre intelligence», «votre technologie» et «votre enseignement». Je sais enfin ce que veut mon Président bien aimé pour mon propre pays. Et comme moi, il ne me dit plus rien, il fallait bien un intermédiaire, bien étranger, pour que je puisse le comprendre et l’écouter. Monsieur John Kerry, Monsieur l’Emir du Qatar, l’entourage de ce même Président m’a longtemps accusé de travailler pour votre compte. Les dirigeants algériens que vous avez rencontrés croient savoir que je défends vos intérêts en Algérie. Oui, moi le simple, modeste, misérable et exclu, jeune, je relaie votre propagande en Algérie, dans ce grand pays qui se sent menacé par vos complots. Mais dites-moi, sérieusement, franchement, avez-vous eu besoin de mes services pour que Bouteflika vous réserve le meilleur des accueils ? Avez-vous eu besoin de mes services pour «souhaiter une élection transparente en Algérie» ? Et vous, cher Emir du Qatar, avez-eu besoin de mon coup de pouce pour que mon Président défie sa maladie et vous parle de ses projets ? Avez-vous dépensé vos pétrodollars sur moi pour que l’on vous déroule le tapis rouge à l’aéroport d’Alger alors que les médias fidèles à ce régime passent le plus clair de leur temps à vous accuser de tous les maux de l’Algérie ?

    Et vous, monsieur John Kerry, vous imaginez bien que Bouteflika vous aime bien puisque il vous a offert une semaine de vacances dans mon propre pays. Il vous aime si bien qu’il vous souhaite de gagner le Prix Nobel. Vous avez bien de la chance parce que moi aucun de mes dirigeants ne m’a offert quoi que ce soit. Moi, le pauvre jeune algérien que je suis, je suis considéré comme un danger, une menace pour la stabilité, et un «fou» qui veut propager le Printemps Arabe en Algérie.

    Monsieur John Kerry, un des soutiens de votre ami Bouteflika, m’a accusé directement sur le plateau d’une chaîne de télévision que je veux faire de l’Algérie d’aujourd’hui, l’Egypte de demain ! Oui, on m’a fait à moi ce reproche ! Quant à vous, le puissant diplomate américain qui tire les ficelles, on ne lui a rien dit de mal.

    Si j’étais votre serviteur, comme ils le disent, vous l’imaginez bien, j’aurais eu droit aux mêmes privilèges. Si j’étais votre agent en Algérie, vous l’imaginez bien, j’aurais eu droit à des vacances moi aussi. Mais non, rien de cela n’est possible ou permis pour un jeune comme moi. En fait, la vérité est tristement simple : un énergumène comme moi a une main algérienne, très algérienne. Pas suffisamment douce, agréable ou caresseuse pour qu’elle puisse faire «lever» et «parler» mon Président. Néanmoins, votre main, l’étrangère, la main bénite, elle est bien aimée sur les hauteurs d’Alger, dans ces palais où le destin de mon peuple est décidé. Cher Émir, cher John Kerry, j’aurais bien aimé vous rencontrer puisque vous êtes mes employeurs selon mes adversaires. Cependant, ces palais-là où vous avez trainé me sont interdits. Un de ses jours, vous me trouverez à la place de Bouteflika. Fièrement debout, le verbe bien huilé et la fougue qui me brûle la jambe. Ce jour-là, votre main étrangère ne me sera plus utile parce que mon cœur chaud d’Algérien me permet de vous regarder les yeux dans les yeux en vous disant : votre intelligence, je n’en ai pas besoin car je la surpasserais par mon amour de la liberté…

    Par Abdou Semmar
    Algérie Focus
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien
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