Chassez le naturel, il revient au galop ! Le commerce informel dans les rues du centreville de la capitale vient de reprendre tous les espaces qu’il a perdus depuis 2010. Il faut dire que l’approche de l’élection présidentielle et la tendance des pouvoirs publics à ménager les jeunes lors de ces événements, y est pour quelque chose.
Les vendeurs à la sauvette sont allés jusqu’à refaire surface, timidement il est vrai, à Didouche-Mourad, la célèbre artère du centre-ville, qui a été déjà débarrassée de «ses» tables de cacahuètes, de cigarettes, de lunettes et de chaussettes. La rue Larbi-Ben- M’hidi (ex-rue d’Isly) n’a été réinvestie que parce que les trottoirs ne sont toujours pas accessibles à cause des travaux d’aménagement en cours de réalisation. Il faut dire que les trabendistes continuent de jouer au chat et à la souris avec les policiers : chaque fois que la police évacue un espace urbain, il est tout de suite après envahi par les commerçants informels. Avec le temps, ces vendeurs ont pris l’habitude de ne plus se sauver à la vue des policiers. Ce sont plutôt ces derniers qui ont fini par avoir des scrupules à les chasser de la voie publique qu’ils encombrent. L’autorité de l’Etat ayant fondu comme de la neige sous le soleil, il a fallu utiliser les gros moyens pour une «gestion démocratique» de ce fléau. On se rappelle la campagne de septembre 2010 de lutte contre les marchés informels qui portaient préjudice au commerce légal et constituaient une grave atteinte à la quiétude des habitants dans les différents quartiers du coeur de la capitale. Lors de cette campagne, inaugurée à la Basse- Casbah, la place Ibn Badis et les rues adjacentes ont été interdites à la vente informelle grâce à une mobilisation H/24 de la police qui, de temps à autre, gère la colère des jeunes des différents quartiers qui n’ont pas apprécié qu’ils soient privés de leur «unique moyen de subsistance».
D’autres marchés informels, à l’image de celui de Bachdjarah, ont également été éradiqués à coups de bombes lacrymogènes. Les autorités étaient tellement sûres de maîtriser la situation sur le plan sécuritaire qu’elles ont pensé s’attaquer à l’inattaquable: les fameux marchés de Boumati, au chef-lieu d’El Harrach, et des Trois-Horloges de Bab El Oued. Sauf qu’en janvier 2011, Alger et d’autres villes ont été secouées par des émeutes dites «du sucre et de l’huile», obligeant à la suspension de cette campagne. Quelques jours après, d’autres pays de la région, à commencer par la Tunisie, ont vécu les mêmes événements qui ont fini par recevoir le tire du «printemps arabe».
La paix sociale à l’heure de la présidentielle
Cherchant à calmer la situation, les autorités ont levé les dispositifs sécuritaires en place à la Basse-Casbah et à Bachdjarah. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Daho Ould Kablia, s’est permis de discréditer la mobilisation de la police contre le commerce informel sur la voie publique, en déclarant qu’elle n’avait jamais reçu d’instructions dans ce sens. Mise devant le fait accompli, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a rappelé ses troupes. Les deux marchés éradiqués quelques mois plus tôt ont été reconstitués en un clin d’oeil. Mais les jeunes trabendistes, en grande partie étrangers à la ville, ont vite déchanté : profitant de la relative accalmie sur le front social, après le passage de la tempête du «sucre et de l’huile», la police évacue quelques semaines après les marchés informels reconstitués. Ce sont ces mêmes marchés qui ont refait surface à la faveur de la campagne électorale pour les présidentielles du 17 avril prochain.
Sans crier gare, le trabendo a en effet envahi à nouveau les rues commerçantes du coeur de la capitale la semaine passée. Pour tenter d’organiser le scrutin présidentiel du 17 avril dans le calme et la sérénité, les autorités évitent de multiplier les fronts, surtout que les premiers jours de la campagne électorale ont été marqués par notamment une grève «nationale et illimitée» des cheminots. C’est dans ce sens que la police observe, selon des vendeurs, une certaine indulgence à leur égard et ferme les yeux sur leur activité illégale à Alger-Centre. «Je ne me fais pas d’illusions. La police évite de nous aborder juste le temps de laisser passer les élections. La fin de la recréation sera sifflée dès le 18 avril. Alors, j’essaie de profiter au maximum de cette situation», affirme un jeune trabendiste qui propose des lunettes de soleil à Didouche alors qu’il avait l’habitude de les vendre à la place des Martyrs, dans la commune de la Casbah. Un élu d’Alger-Centre joint son avis à celui de ce trabendiste, assurant que la période d’accalmie ne survivra pas à la prochaine présidentielle. Il estime toutefois qu’il faut sortir de la gestion policière de la lutte contre le commerce informel. «La lutte contre le trabendo est loin d’être l’affaire de la police qui ne doit intervenir qu’en aval. L’Etat doit user de son autorité et de ses moyens afin d’aider, par le biais des communes, les jeunes trabendistes résidents dans le centre-ville à légaliser leur activité et d’obliger les autres à se conformer à la loi en vigueur en matière de commerce ou regagner leurs wilayas d’origine.
C’est un travail qui doit être mené sans état d’âme», affirme- t-il. Ce n’est pas une nouveauté : les différents responsables de la DGSN n’arrêtaient pas de soutenir que, dans l’état actuel des choses, la police n’avait rien à voir dans la lutte contre le trabendo. Question de priorités
Alger hebdo
Les vendeurs à la sauvette sont allés jusqu’à refaire surface, timidement il est vrai, à Didouche-Mourad, la célèbre artère du centre-ville, qui a été déjà débarrassée de «ses» tables de cacahuètes, de cigarettes, de lunettes et de chaussettes. La rue Larbi-Ben- M’hidi (ex-rue d’Isly) n’a été réinvestie que parce que les trottoirs ne sont toujours pas accessibles à cause des travaux d’aménagement en cours de réalisation. Il faut dire que les trabendistes continuent de jouer au chat et à la souris avec les policiers : chaque fois que la police évacue un espace urbain, il est tout de suite après envahi par les commerçants informels. Avec le temps, ces vendeurs ont pris l’habitude de ne plus se sauver à la vue des policiers. Ce sont plutôt ces derniers qui ont fini par avoir des scrupules à les chasser de la voie publique qu’ils encombrent. L’autorité de l’Etat ayant fondu comme de la neige sous le soleil, il a fallu utiliser les gros moyens pour une «gestion démocratique» de ce fléau. On se rappelle la campagne de septembre 2010 de lutte contre les marchés informels qui portaient préjudice au commerce légal et constituaient une grave atteinte à la quiétude des habitants dans les différents quartiers du coeur de la capitale. Lors de cette campagne, inaugurée à la Basse- Casbah, la place Ibn Badis et les rues adjacentes ont été interdites à la vente informelle grâce à une mobilisation H/24 de la police qui, de temps à autre, gère la colère des jeunes des différents quartiers qui n’ont pas apprécié qu’ils soient privés de leur «unique moyen de subsistance».
D’autres marchés informels, à l’image de celui de Bachdjarah, ont également été éradiqués à coups de bombes lacrymogènes. Les autorités étaient tellement sûres de maîtriser la situation sur le plan sécuritaire qu’elles ont pensé s’attaquer à l’inattaquable: les fameux marchés de Boumati, au chef-lieu d’El Harrach, et des Trois-Horloges de Bab El Oued. Sauf qu’en janvier 2011, Alger et d’autres villes ont été secouées par des émeutes dites «du sucre et de l’huile», obligeant à la suspension de cette campagne. Quelques jours après, d’autres pays de la région, à commencer par la Tunisie, ont vécu les mêmes événements qui ont fini par recevoir le tire du «printemps arabe».
La paix sociale à l’heure de la présidentielle
Cherchant à calmer la situation, les autorités ont levé les dispositifs sécuritaires en place à la Basse-Casbah et à Bachdjarah. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Daho Ould Kablia, s’est permis de discréditer la mobilisation de la police contre le commerce informel sur la voie publique, en déclarant qu’elle n’avait jamais reçu d’instructions dans ce sens. Mise devant le fait accompli, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a rappelé ses troupes. Les deux marchés éradiqués quelques mois plus tôt ont été reconstitués en un clin d’oeil. Mais les jeunes trabendistes, en grande partie étrangers à la ville, ont vite déchanté : profitant de la relative accalmie sur le front social, après le passage de la tempête du «sucre et de l’huile», la police évacue quelques semaines après les marchés informels reconstitués. Ce sont ces mêmes marchés qui ont refait surface à la faveur de la campagne électorale pour les présidentielles du 17 avril prochain.
Sans crier gare, le trabendo a en effet envahi à nouveau les rues commerçantes du coeur de la capitale la semaine passée. Pour tenter d’organiser le scrutin présidentiel du 17 avril dans le calme et la sérénité, les autorités évitent de multiplier les fronts, surtout que les premiers jours de la campagne électorale ont été marqués par notamment une grève «nationale et illimitée» des cheminots. C’est dans ce sens que la police observe, selon des vendeurs, une certaine indulgence à leur égard et ferme les yeux sur leur activité illégale à Alger-Centre. «Je ne me fais pas d’illusions. La police évite de nous aborder juste le temps de laisser passer les élections. La fin de la recréation sera sifflée dès le 18 avril. Alors, j’essaie de profiter au maximum de cette situation», affirme un jeune trabendiste qui propose des lunettes de soleil à Didouche alors qu’il avait l’habitude de les vendre à la place des Martyrs, dans la commune de la Casbah. Un élu d’Alger-Centre joint son avis à celui de ce trabendiste, assurant que la période d’accalmie ne survivra pas à la prochaine présidentielle. Il estime toutefois qu’il faut sortir de la gestion policière de la lutte contre le commerce informel. «La lutte contre le trabendo est loin d’être l’affaire de la police qui ne doit intervenir qu’en aval. L’Etat doit user de son autorité et de ses moyens afin d’aider, par le biais des communes, les jeunes trabendistes résidents dans le centre-ville à légaliser leur activité et d’obliger les autres à se conformer à la loi en vigueur en matière de commerce ou regagner leurs wilayas d’origine.
C’est un travail qui doit être mené sans état d’âme», affirme- t-il. Ce n’est pas une nouveauté : les différents responsables de la DGSN n’arrêtaient pas de soutenir que, dans l’état actuel des choses, la police n’avait rien à voir dans la lutte contre le trabendo. Question de priorités
Alger hebdo
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