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La campagne présidentielle confirme l’illusion algérienne du «temps qui reste»

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  • La campagne présidentielle confirme l’illusion algérienne du «temps qui reste»

    -La campagne électorale pour la présidentielle du 17 avril est une nouvelle occasion manquée : Le thème stratégique de l’orientation des prochaines années de l’économie algérienne n’a pas pu, ne peut pas émerger. La faute, bien sûr au parasitage par le 4e mandat. Impossible d’insister sur le pilotage économique futur dans un contexte pollué par la trinité maraboutique — «la paix, la pluie, le pétrole cher» — attribuée au saint patron Abdelaziz Bouteflika. C’est pourtant, si l’on met de côté la prospective 2020 du think tank Nabni, un proche du président de la République, Abdelatif Benachenhou, qui a dessiné les contours thématiques des enjeux de l’après-2014. C’était en février 2013 lors d’un événement de HSBC Algérie, où il diagnostiquait par le menu la «mauvaise allocation des ressources de l’Etat et de l’épargne» et la nécessité de les réorienter rapidement, jugeant notamment «exagérées» les dépenses de rattrapage pour les infrastructures. Chute de la production des hydrocarbures — de 20% selon lui, chiffre contesté par Ali Hached du ministère de l’Energie — combinée à la hausse des transferts sociaux à travers les subventions, font le cocktail insoutenable qu’il faut vite commencer à diluer. Ce ne sera pas pour cette fois. Et, finalement, ce ne sera pas seulement de la faute à la dramatisation du discours politique qu’a entraîné le 4e mandat.

    Les Algériens pensent au fond qu’ils ont encore le temps. Ils estiment que «le modèle rentier» s’il tire historiquement vers sa fin, a encore suffisamment de ressources à redistribuer avant de s’effacer. Les stratégies des principaux acteurs sociaux, patronat privé, salariés publics, réseaux de l’informel, sont, par conséquent, de court terme. Et donc, de fait, pour le statu quo. Une partie du patronat d’abord, au sein du FCE, milite depuis longtemps pour l’amélioration du climat des affaires, l’assouplissement des règles de l’investissement national, la suppression du 49-51 univoque pour les IDE, la flexibilité de la Banque d’Algérie pour le soutien aux opérations des entreprises algériennes à l’international. Une série de revendications qui correspondent à autant de promesses électorales dans le programme du candidat Ali Benflis.

    Le noyau qui contrôle le Forum des chefs d’entreprises n’en a cure. Il a voté pour la perpétuation du modèle rentier. Court terme. Le salariat public amène, lui, la force inertielle, qui sans être engagée derrière l’expression politique pour le 4e mandat reste désamorcée politiquement. Pas bouge. Il y a encore des parts à prendre. L’informel a tout compris. La diversification de l’économie algérienne se fera à ses dépens. Le modèle rentier est un modèle hyper-importateur. C’est le sien. Statu quo. La campagne présidentielle n’arrivera donc pas à corriger cette perception populaire du «temps qui reste». Avant les premiers craquements. Pourtant, des candidats tentent de dire combien est précaire le tableau. Ils ne sont pas vraiment écoutés. Peut-être parce qu’ils ne sont pas au bon endroit. Pour dire que l’Algérie va dans le mur — l’Iceberg du Titanic de Nabni — il est sans doute plus efficace, en 2014, simplement sortir du jeu. Pour enfin, dans le sabordage, pointer l’illusion du «temps qui reste».

    -L’illusion du temps qui reste est aussi une illusion de puissance : Le porte-avions commandé en 2011 aux chantiers navals de la société italienne Orizzonte Sistemi Navali, filiale de Fincantieri, battra, comme prévu, pavillon algérien dès le 4 septembre prochain. Son coût, sans doute proche des 500 millions d’euros. Un modèle du porte-avions — en fait un porte-hélicoptères et bombardiers à décollage vertical —, était en rade d’Alger durant la semaine. L’Algérie a dépensé plus qu’Israël en acquisition de nouveaux systèmes d’armement en 2013. 10,8 milliards de dollars et 20e rang mondial. Il y a peu de classements où Alger se tient en si «flatteuse» place dans le monde. Et c’est loin d’être fini.

    Selon IHS Jane’s, «la croissance du budget militaire algérien devrait se situer autour de 5% par an entre 2014 et 2020. Cela portera l’Algérie à la 17e place en 2020, dépassant l’Espagne et Israël». Les dépenses militaires algériennes échappent totalement au radar politique et donc citoyen. Un centre de coût permanent dans la longue durée. Car tout le monde le sait, aucune industrie ne sait créer des dépenses clients-fournisseurs que celle de l’armement. Les presque 500 millions d’euros que va coûter le Kalaat Beni Abbes — c’est son nom — à la livraison se décline en un long flux sortant de devises pour dépenses d’entretien durant les 40 prochaines années. Thème hors campagne.

    -Si le rush algérien des dépenses militaires paraît ne correspondre à aucun plan stratégique, le déploiement marocain a du sens : Tripoli va sans doute s’adresser aux Forces armées royales (FAR) pour les aider à sécuriser la région ouest du pays. Rabat a objectivement intérêt à une normalisation en Libye. 1,5 million de barils de brut manquent à l’appel tous les jours à cause du blocus des ports pétroliers. Le Maroc a intérêt à faire baisser les cours mondiaux du pétrole. Donc au retour du brut libyen sur le marché. Il va aider le nouveau gouvernement de Tripoli militairement en protégeant son flanc occidental (jusqu’à la frontière tunisienne ?), pendant que lui découdra avec les milices de la Cyrénaïque. Cela a du sens. D’autant qu’au même moment, le Maroc est présent en force — avec la Tunisie — au Salon international de Tripoli, une foire commerciale née en 1923 où toute la Libye se presse. L’Algérie en est absente. Elle pense toujours avoir le temps.

    El Kadi Ihsane, El Watan
    "Le style...... c'est l'homme": King Hassan II
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