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UKRAINE. Guerre civile, déstabilisation, annexion... Jusqu'où ira Moscou ?

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  • UKRAINE. Guerre civile, déstabilisation, annexion... Jusqu'où ira Moscou ?

    Moscou a mis en garde Kiev : "Nous appelons à cesser immédiatement tout préparatif militaire, qui risque de déclencher une guerre civile". "Préparatif militaire", "guerre civile", des termes très forts alors que la tension s'est accrue dans l'Est de l'Ukraine depuis dimanche avec la prise de bâtiments publics par des manifestants pro-russes. Des séparatistes appelés "terroristes" et "criminels" par le président par intérim ukrainien Olexandre Tourtchinov, qualificatifs là aussi loin de la modération susceptible de faire baisser la tension dans les régions de l'Est, à Donetsk, Kharkiv ou Lougansk.

    Tourtchinov a certes assuré ce mardi matin devant le Parlement que les forces de l'ordre "ne prendront jamais les armes contre des manifestants pacifiques", mais il a également souligné que "des armes à feu et des grenades" avaient été utilisées contre les forces de l'ordre à Kharkiv, faisant trois blessés dont un grave.

    Moscou, qui dénonce "l'afflux, notamment à Donetsk, d'unités de la garde nationale ukrainienne et de combattants du groupe armé illégal Pravy Sektor", est accusé par Kiev de mettre de l'huile sur le feu dans l'Est du pays. Des accusations qui émanent également de Washington qui a appelé le président russe Vladimir Poutine à cesser de "déstabiliser" l'Ukraine, accusant Moscou d'"orchestrer" les manifestations pro-russes.

    Tension avec Washington

    Les Etats-Unis ont du coup brandi la menace de "nouvelles sanctions contre l'économie russe" en cas de dérapage, et ont dépêché vers la mer Noire un destroyer lance-missiles. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a également accusé Moscou, mardi, d'avoir envoyé "des provocateurs" dans l'est de l'Ukraine pour y créer "le chaos" et se donner ainsi un "prétexte" pour une intervention militaire, comme ce fut le cas en Crimée.
    Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov avaient pourtant discuté lundi de la possibilité de "pourparlers directs" d'ici à 10 jours entre les Etats-Unis, la Russie, l'Union européenne et l'Ukraine pour tenter de régler la crise, selon le département d'Etat.

    Mais l'existence de ces discussions n'a pas empêché Vladimir Poutine de déclarer vouloir par avance défendre "par tous les moyens" les populations russophones des républiques de l'ex-URSS en cas de violences. Et l'envoi d'environ 40.000 soldats aux frontières de l'Ukraine a fait craindre une invasion.

    Risque de sécession ?

    Après la perte de la Crimée absorbée par la Russie, l'Ukraine craint la sécession d'autres régions de l'Est russophone. Barricadés dans les locaux de l'administration, les séparatistes n'ont-ils pas proclamé dimanche une "république populaire de Donetsk" ? Selon l'agence de presse Interfax, ils ont également décidé d'organiser un référendum sur une souveraineté régionale avant le 11 mai.

    "Ce scénario est écrit par la Fédération de Russie et son seul but est de démembrer l'Ukraine,", a accusé le Premier ministre, Arseni Iatseniouk, lors d'une réunion d'urgence du gouvernement.
    Que veut Moscou ? Rattacher les régions minières de l'Est ukrainien à son territoire ? Les garder sous son aile grâce à une plus grande autonomie locale ? Perturber la prochaine présidentielle pour contester la légitimité du prochain président ukrainien ?

    La première option est sans doute plus compliquée à mener à bien dans l'Est ukrainien qu'en Crimée. Les populations locales, quoi que relativement pro-russes, ont un sentiment ukrainien plus fort que les habitants de Crimée. Le soutien local à un rattachement au "grand frère russe" serait donc moins fort. Quant à Kiev et aux Occidentaux, s'ils ont très vite abandonné la Crimée, où la présence militaire russe était particulièrement importante, ils laisseront moins facilement réaliser le même scénario dans l'Est de l'Ukraine où Moscou devrait organiser une réelle invasion pour contrôler un éventuel référendum local.

    Fédéralisation

    En revanche, il paraît clair que Moscou souhaite maintenir une certaine mainmise sur les régions de l'Est avec lesquelles il entretient des liens économiques étroits. Dans ce cadre, la carte d'une fédéralisation brandie par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pourrait être un atout dans la stratégie de Moscou.
    L'idée a été lancée pendant le week-end et présentée comme la base d'un possible compromis diplomatique. Une structure fédérale "protégerait les droits de ceux qui vivent en Ukraine, et principalement de la population russe" dans les régions russophones de l'est, a-t-il plaidé à la télévision dimanche.
    Une intervention qui a heurté Kiev de plein fouet, mais pourrait séduire des régions qui se voient comme le poumon économique du pays et se sentent incomprises du pouvoir central.

    Cette proposition vient en tout cas perturber l'organisation de l'élection présidentielle dont la campagne électorale a commencé en Ukraine. Comment mener sereinement un scrutin national équilibré dans un pays dans lequel certaines régions réclament plus d'autonomie ? Mais comment, pour Moscou, laisser se dérouler un scrutin dont les favoris sont les pro-européens décidés à ancrer l'Ukraine une bonne fois pour toute à l'Ouest ?

    Céline Lussato – Le Nouvel Observateur
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