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CONSTANTINE: Plan de sauvegarde de la vieille ville de constantine

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  • CONSTANTINE: Plan de sauvegarde de la vieille ville de constantine


    Le Plan Permanent de sauvegarde et de mise en Valeur du secteur sauvegardé (PPSMVSS) de la vieille ville de Constantine a été lancé en application des dispositions de la loi n°98-04 du 15 juin 1998 relative à la protection du patrimoine culturel et fait suite au classement de la vieille ville de Constantine comme secteur sauvegardé conformément au décret interministériel n°05-208 du 4 juin 2005.

    Maîtrise d'ouvrage : Direction de la Culture de la wilaya de Constantine
    Maîtrise d'œuvre : Bureau d’études Jennie Kribeche
    Localisation : Constantine
    Jennie Kribeche, architecte en charge de l'étude. Bureau d’études Jennie Kribeche

    J. Kribeche est spécialisée en architecture, préservation du patrimoine et décoration. Après une longue expérience en tant qu’architecte aux quatre coins de l’Algérie dans diverses administrations algériennes, elle intègre l’équipe chargée du plan d’aménagement de la médina de Marrakech. De retour en Algérie, sa passion pour le patrimoine la conduit à prendre en charge l’étude du plan de sauvegarde de la vieille ville de Constantine.

    Pouvez-vous nous décrire la vieille ville de Constantine ?
    Jennie Kribeche : La vieille ville de Constantine, qui couvre une superficie de 85 hectares est limitée des trois côtés par le ravin et par le complexe culturel El Khalifa. Elle s’étend sur le Rocher de Constantine.

    Avec plus de 25 siècles d’histoire, elle est l’une des plus vieilles villes du monde. Elle est successivement capitale de l’ancienne Numidie, principauté romaine, capitale du Beylik ottoman de l’est, et enfin, sous la domination coloniale, est promue au rang de préfecture du département et couvre l’ensemble de l’est algérien.

    Elle se distingue par ses trois typologies urbaines et architecturales
    - traditionnelle, coloniale et hybride
    - qui se côtoient et s’entrecoupent et son site naturel exceptionnel formé par le rocher, le ravin et le R’humel.

    Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre en charge ce projet ?


    Ma modeste expérience dans la préservation du patrimoine universel de la médina de Marrakech pendant près de huit ans m’a enthousiasmé car elle m’a permis de découvrir l’implication totale de la population dans le processus de sauvegarde ainsi que la place occupée par le patrimoine dans les politiques locales. Une fois rentrée dans mon pays, j’ai voulu m’investir dans le patrimoine de ma ville natale, que je considère, vu son caractère naturel et historique exceptionnel, comme une ville unique au monde.

    Quels sont les objectifs de l’étude ?


    Mettre en place une réglementation fiable et efficace concernant toutes les interventions futures dans la vieille ville, aussi bien sur le plan urbain que sur le plan architectural. A cet effet, un manuel des typologies constructives, architecturales et architectoniques a été élaboré et donne toutes les indications historiques et techniques à respecter dans le processus de réhabilitation.

    En termes de méthodologie, quelles ont été les grandes étapes de l’étude ?
    Le projet a obéit à trois grandes étapes, qui correspondent aux trois phases règlementaires de l’élaboration d’une étude de ce type.
    La première étape consiste dans l’élaboration du diagnostic et des mesures d’urgence.

    Nous nous sommes basés sur une enquête exhaustive des constructions de la vieille ville afin de déterminer l’état de conservation de chacune d’elles et d’identifier celles qui nécessitent une prise en charge imminente dans le cadre d’un plan d’urgence bien défini.

    La deuxième étape est l’étude historique et typologique qui consiste en l’élaboration d’un diagnostic actuel accompagné d’une lecture juridique de toute la règlementation en vigueur. Cela concerne tous les aspects qui caractérisent la vieille ville, à savoir : son évolution urbaine, sa typologie architecturale, le volet archéologique, sa structure économique, la voirie et les réseaux, la circulation, l’aspect paysager, le volet fonctionnel et les équipements, la population, l’habitat et le foncier.

    Cette étude a permis d’identifier les permanences à mettre en valeur et à conserver, à connaître les atouts qui ont disparu et qu’il est nécessaire de restituer dans le cadre du processus de mise en valeur, de localiser les dysfonctionnements à éviter, de découvrir les nouvelles tendances et les impacts de certaines activités et de pointer du doigt le vide juridique et éventuellement le combler.

    A partir des conclusions de cette étude historique et typologique, des recommandations ont été faites selon les spécificités historiques et fonctionnelles de chaque zone.

    La dernière étape est la rédaction finale du PPSMVSS. Toutes les orientations émises dans la deuxième phase de l’étude ont pris la forme d’un règlement et ont été formulées sous forme d’articles qui définissent les mesures à prendre pour chaque intervention future dans le secteur sauvegardé.

    Quel a été le principal défi dans l’élaboration de l’étude ?


    Premièrement, rassembler toute la documentation. Nous nous sommes basés sur une bibliographie impressionnante déjà existante et sur certains documents techniques qu’il nous a fallu reconstituer, notamment certaines cartes qu’il a fallu intégralement retracer.

    Deuxièmement, sensibiliser les différents acteurs comme les administrations, les associations et les citoyens à l’importance de l’étude et la nécessité d’y collaborer.

    selon vous, quels ont été les besoins sociaux identifiés et comment l’étude y répond-elle ?

    Les principaux besoins sociaux identifiés à travers l’étude sont, entre autres, la nécessité d’une prise en charge imminente des constructions dégradées qui mettent en péril la population locale ; la dédensification de l’habitat ; l’introduction des normes d’hygiènes et d’habitabilité dans les constructions traditionnelles et les besoins en équipements et en espaces de loisirs.

    L’étude a tenté de répondre à ces besoins par l’identification et la localisation de toutes les constructions dégradées et de toutes celles à dédensifier, par la prescription de normes d’hygiène et la mise en place d’une liste d’équipements à introduire ainsi que par la localisation des sites destinés à ces équipements.

    Du point de vue urbanistique, pouvez-vous nous décrire l’environnement immédiat de la vieille ville ?

    A cause de son statut de centre-ville, la vieille ville constitue un pôle de grande affluence, ce qui y engendre une circulation piétonne et mécanique très dense.

    Son environnement immédiat est constitué des premières extensions coloniales de la ville, dont l’architecture est similaire à celle de la vieille ville.

    Avez-vous dû prendre des mesures particulières pour contrer ou souligner l’impact de l’environnement sur la vieille ville ?


    Dans la mesure où il s’agit d’un rocher et qu’il est impossible de procéder à l’élargissement des voies, l’étude a proposé un schéma de circulation, élaboré en concertation avec les services concernés de l’APC et de la police, où elle prévoit des voies piétonnes à créer, des stationnements à supprimer et d’autres à créer. D’autre part, le règlement dressé par l’étude a pris en charge l’environnement que représentent

    les premières extensions coloniales, appelé « les abords » car elle a considéré qu’il s’agit également d’un patrimoine urbain et architectural à conserver

    En quoi ce projet s’est-il révélé spécial ? Qu’est-ce qu’il vous a apporté ?

    Ce projet m’a permis d’une part de connaître les différentes facettes de l’histoire de Constantine, toutes très passionnantes, et d’autre part de découvrir, en tant qu’architecte, les spécificités typologiques de la construction constantinoise et les mutations qu’elle a subies d’une civilisation à une autre.

    Je suis très fière d’avoir contribué, au sein d’une équipe pluridisciplinaire, à constituer non seulement une base de données historique importante, mais aussi un recueil typologique très intéressant qui définit les caractéristiques typologiques, architecturales, architectoniques et constructives de chaque élément des maisons de la vieille ville.

    Si vous aviez l’opportunité de participer à nouveau à un projet culturel de ce genre, le referiez-vous ?

    Ce serait un privilège si je pouvais participer à un projet culturel similaire car ce serait pour moi l’opportunité de contribuer à la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine de mon pays, que je considère d’une valeur exceptionnelle.

    Quel avenir pour la restauration en Algérie ?

    La restauration en Algérie a un grand avenir, car tous les sites ont besoin d’une intervention d’envergure et d’autres restent encore à découvrir. Le patrimoine est très riche et concerne plusieurs civilisations, certains monuments sont d’une valeur exceptionnelle et la typologie constructive, architecturale et architectonique varie d’une région à une autre.


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