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MAROC ;Le cheikh salafiste Fizazi parle de réconciliation

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  • MAROC ;Le cheikh salafiste Fizazi parle de réconciliation

    Le Roi Mohammed VI du Maroc a récemment assisté aux prières du vendredi à la mosquée Tarik ibn Zyad de Tanger, une visite qui a soulevé de nombreuses questions, dans la mesure où le prédicateur était cheikh Mohamed Fizazi, une icône du takfirisme salafiste qui avait purgé une peine de prison pour avoir inspiré les attentats de 2003 à Casablanca.

    Magharebia a rendu visite à cet imam à la mosquée Tarik ibn Zyad de Tanger pour parler avec lui du jihad à l'étranger, des controverses locales et pour savoir si la visite du souverain était le signe d'un nouveau rapprochement avec les salafistes.

    Magharebia : Les gens ont d'autant plus remarqué la présence du Roi dans votre mosquée, le 28 mars, qu'il savent que vous avez été emprisonné pour des charges de terrorisme. Qu'est-ce que cette visite signifie pour vous ?


    Cheikh Mohamed Fizazi : …Le Roi reste le parapluie qui protège toutes les couches de la société, quels que soient leurs formes, leurs couleurs, leurs principes et leurs partis politiques et intellectuels.

    Il s'agit par conséquent d'un message clair affirmant que le Roi et le Maroc sont opposés à la fois à l'extrémisme et au terrorisme. C'est comme si le souverain affirmait : "Regardez comment nous honorons Cheikh Fizazi après qu'il ait revu et corrigé ses opinions. Nous allons même jusqu'à assister à son prêche."

    Le Maroc récompense tous ceux qui procèdent à une révision de leurs idées en faveur de leur pays, de leur patrie et de leur peuple...

    Magharebia : Vous aviez été condamné à trente ans de prison en liaison avec les attentats de Casablanca, mais vous avez bénéficié d'une grâce royale. Pouvez-vous nous parler des salafistes qui se trouvent toujours en prison ?

    Fizazi : Les prisonniers salafistes se répartissent en trois groupes : ceux qui sont totalement innocents ; ceux qui ont besoin de canaux de dialogue ouverts pour revoir et corriger certaines idées fausses sur la religion ; et un groupe totalement inflexible quant à l'approche violente…

    Nous devons ouvrir des canaux de dialogue avec les salafistes emprisonnés et donner à ceux qui le souhaitent l'opportunité de s'engager dans le projet de la société marocaine, de s'y intégrer et de fusionner de manière positive avec le peuple. Je déclare ici que les innocents doivent être laissés hors des prisons, parce que cette affaire concerne la nation dans son ensemble.

    L'Etat n'a aucun intérêt à laisser les prisons surpeuplées, mais il a peur de voir les gens quitter les prisons et se ruer comme le vent en Syrie, en Libye et vers d'autres points chauds pour y rejoindre de nouveau les projets terroristes. L'Etat craint également le déploiement de l'idéologie takfiriste, dont les prisonniers ne sont pas encore débarrassés.

    Magharebia : Justement, à propos du takfir, quel a été votre sentiment lorsqu'un cheikh a accusé le responsable d'un parti politique d'apostasie ?

    Fizazi : …Ce que ce cheikh a dit était un résultat, non une cause. J'ai toujours dit que les déclarations provocatrices de certains ultras laïcs sont ce qui provoque des déclarations en retour de certains religieux. A mon sens, l'extrémisme existe dans chaque camp, islamiste ou non. J'ai toujours eu la même opinion du takfir.

    La question ici est la possibilité de passer à la liquidation physique des personnes réputées apostates ou infidèles par des parties inconnues qui appliquent la loi de Dieu... C'est la cause du chaos et de la discorde. Nous ne pouvons exclure la possibilité que certains appliquent leurs propres sanctions.

    Quelle triste affaire ! Abounaim a commis une erreur en s'autorisant à accuser Driss Lachgar d'apostasie et en qualifiant les femmes de l'USFP de prostituées. Ses propos sont religieusement inacceptables, car ils peuvent être considérés comme une forme d'agression verbale.

    J'espère que ce cheikh s'est excusé…

    Magharebia : Quel message adressez-vous aux jeunes qui se rendent en Libye et en Syrie pour le jihad ?

    Fizazi : Je dis à ces jeunes Marocains égarés : vous avez tort, et vous servez un agenda étranger contre votre patrie, votre religion et vos familles.

    Votre patrie, votre peuple et votre religion n'ont aucun intérêt à la mort pour des conflits et des calculs politiques au nom de la religion. Vous vous dirigez vers un incinérateur pour tuer au nom de l'Islam, une religion que vous ne comprenez pas.

    Comment est-il possible que les jeunes de Syrie mendient devant nos mosquées pendant que vous allez combattre et mourir devant les portes de leurs villes ?

    La jeunesse doit lutter contre la pauvreté, l'illettrisme, l'ignorance et l'arriérisme ici et travailler main dans la main avec le Roi et avec les institutions, en toute légitimité et légalité, pour combattre le sous-développement, l'instabilité, la corruption et la lubricité. Ce sont eux, les fronts sur lesquels nous devons combattre, derrière le souverain du pays.

    Nous n'avons pas besoin d'aller tuer sur des fronts étrangers, en Libye et en Syrie. C'est une duperie, et je mets en garde contre la corruption de la jeunesse au nom de la religion et du jihad.

    Je vois le champ de bataille en Syrie comme un moulin à grains qui broie les jeunes jusqu'à la mort, laissant derrière eux des veuves, des orphelins, des dépossédés et des handicapés. S'ils parviennent à rentrer sains et saufs dans leur pays, leur seule maison sera une cellule dans une prison. Leur pays d'origine les considère comme une menace terroriste potentielle par suite de ce qu'ils ont pu absorber en termes de pensée takfiriste extrémiste.

    Magharebia : Vous avez manifesté votre volonté de vous rendre dans les prisons marocaines pour parler à ceux qui ont embrassé des idées jihadistes. Le ferez-vous prochainement ?

    Fizazi : Je me suis mis à la disposition de l'Etat. Quand il considérera le moment approprié et jugera que la situation demande de faire appel aux services de gens utiles, je serai là. Je suis à la disposition de mon pays pour aider à résoudre le dossier épineux du jihadisme salafiste...

    De nombreux prisonniers seront libres tôt ou tard. Ils partiront après avoir purgé leur peine, bien que j'espère qu'ils pourront bénéficier d'une grâce royale, dans le cadre de la paix et de la réconciliation, au lieu de quitter la prison pleins de ressentiment.

    Ils pourraient alors devenir de véritables bombes à retardement, prêtes à exploser à tout moment. Je pense donc que nous devrions prendre des mesures préventives. Je crois que cette question mérite d'être abordée…

    Magharebia : Ces révisions intellectuelles sont-elles acceptées à l'intérieur comme à l'extérieur des prisons ?

    Fizazi : Je dois d'abord souligner que les révisions sont des étapes positives de la part des islamistes, des laïcs et des libéraux, qu'ils soient prisonniers ou en liberté.

    Nous demandons constamment aux islamistes de revoir leurs idées, mais nous ne le demandons jamais aux autres, alors que les révisions sont nécessaires pour chacun. Une discussion sérieuse impliquant toutes les parties qualifiées doit être ouverte. Celui qui n'est pas informé doit apprendre, celui qui sait doit débattre, l'érudit doit argumenter, etc.

    C'est là qu'intervient le rôle des médias, de la mosquée, de l'école et de la maison, pour développer des plans d'orientation et de traitement sain du phénomène en temps réel. Nous devons également tracer une feuille de route pour empêcher que ne se répète ce type d'aberration intellectuelle dans un futur proche et éloigné…

    Magharebia : Que pensez-vous du fait qu'al-Qaida envoie des jeunes du Maghreb combattre en Syrie et dans d'autres pays étrangers ?

    Fizazi : Cette stratégie est ancienne, et je mets en garde les jeunes de ne pas tomber dans ce piège. Elle est le résultat de l'ignorance de la religion et de l'exploitation de la jeunesse…

    Notre religion islamique est une religion de paix et de sécurité. Le Messager de Dieu est un bon exemple de traitement des gens, même de ceux avec lesquels il n'était pas d'accord. Je dis aux jeunes : ne vous laissez pas tromper par les apparences.

    Les érudits devraient apporter une orientation spirituelle et ne pas laisser la scène à ceux qui s'en prennent à nos jeunes au nom de la religion.

    Cette question est d'ordre intellectuel et doctrinal, plus que sécuritaire. C'est la raison pour laquelle nous devrions tous travailler en fonction de nos capacités pour sauver les jeunes qui sont tentés par le paradis, par les vierges, par la défense du soi, par la loyauté et par le désaveu.

    Il faut ouvrir les yeux de nos jeunes au véritable Islam, celui de l'amour, de la compassion et de la charité, pas celui des bombes, des meurtres et de la cruauté

    Magharebia

  • #2
    Ce que ce cheikh a dit était un résultat, non une cause. J'ai toujours dit que les déclarations provocatrices de certains ultras laïcs sont ce qui provoque des déclarations en retour de certains religieux. A mon sens, l'extrémisme existe dans chaque camp, islamiste ou non. J'ai toujours eu la même opinion du takfir.
    La seule différence des deux est qu'il y a un extrémisme qui permet facilement de tuer à cause d'une simple différence d'idées et un autre qui bannit totalement cela ...

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    • #3
      soufiane
      la difference c que les uns interpretent le coran de leur maniere les laices parcontre se permettent de provoquer et de s’exprimer dans la sphère publique au nom de la fameuse liberté d’expression .

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