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Algérie: la corruption et l'achat de la paix sociale assèchent le pactole gazier

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  • Algérie: la corruption et l'achat de la paix sociale assèchent le pactole gazier

    Par Catherine Gouëset, publié le 15/04/2014 à 15:24,


    A deux jours de la présidentielle, le bilan économique et social d'Abdelaziz Bouteflika est indigent. La rente des hydrocarbures est dilapidée dans de dispendieuses infrastructures, la prévarication, et un saupoudrage destiné à calmer la population.



    Algérie: la corruption et l'achat de la paix sociale assèchent le pactole gazier

    L'Algérie est régulièrement secouée par des manifestations de jeunes, chômeurs ou non, de fonctionnaires, d'ouvriers, de retraités qui manifestent contre leurs conditions de travail, le coût de la vie, la "hogra" -le mépris dans lequel les tiennent les élites- ou simplement l'absence de perspectives



    "Les dieux ont été favorables à Bouteflika", ironise Omar Benderra. Lors de l'arrivée au palais d'El Mouradia, en 1999, du président algérien appelé au pouvoir par le régime pour restaurer une image extérieure dévastée après la guerre civile, les caisses de l'Etat étaient vides. Mais son avènement a coïncidé avec la hausse vertigineuse du prix du pétrole. "L'Algérie est passée en quelques mois de la précarité financière à l'aisance, puis à l'opulence", explique à L'Express l'ancien président de banque publique qui fut chargé de la négociation de la dette extérieure par le gouvernement réformateur de Mouloud Hamrouche. Le PIB par habitant est en effet passé de 1630 dollars par an en 1999 à 5448 dollars en 2012.


    Corruption débridée

    Mais cette manne, gérée en toute opacité, n'a guère été profitable aux Algériens. "Des milliards de dollars ont alimenté les circuits de la corruption au lieu de résoudre les problèmes économiques", soulignait Luis Martinez, chercheur au Ceri, dans Les illusions de la richesse pétrolière, une étude parue en 2010.

    Toute une série d'ouvrages d'art ruineux ont été mis en chantier. "Le coût final de l'hôpital militaire d'Oran, par exemple, dépasse les 900 millions de dollars -contre environ 160 millions de dollars pour cette catégorie d'infrastructures", estime Omar Benderra. Construite par un consortium chinois et japonais, l'autoroute Est-Ouest, qui traverse l'Algérie de la frontière avec le Maroc à celle avec la Tunisie, est le chantier le plus cher du continent africain (11 milliards de dollars, voire beaucoup plus selon certaines estimations); il a donné lieu au "plus gros pot de vin connu de son histoire: quelque 200 millions d'euros", d'après Luis Martinez.





    La prévarication généralisée frappe aussi le secteur des hydrocarbures. "Au minimum, 5 à 6 milliards de dollars -certains parlent même de 10- vont annuellement dans les poches des membres de la nomenklatura; et ce pour le secteur de l'énergie uniquement", évalue Hocine Malti, ancien vice-président de Sonatrach, la compagnie pétrolière nationale.

    Le dernier en date des scandales touchant le géant pétrolier vaut à l'ancien ministre de l'énergie Chakib Khelil un mandat d'arrêt international: la compagnie italienne Saipem aurait versé 197 millions de dollars de pots-de-vin de 2007 à 2009 pour l'obtention de contrats en Algérie, selon la justice italienne. Et ce n'est là que la part émergée de l'iceberg...
    Exaspération de la population

    La rente gazière sert également au "système" à arroser une "clientèle" restreinte et bien lotie. Mais l'ampleur des sommes en jeu a permis, ces dernières années, d'en redistribuer aussi une partie pour calmer les exigences de la population.

    Le pays est régulièrement secoué par des manifestations de jeunes, chômeurs ou non, de fonctionnaires, d'ouvriers, de retraités qui manifestent contre leurs conditions de travail, le coût de la vie, la hogra -le mépris dans lequel les tiennent les élites- ou simplement l'absence de perspectives. En 2011, le mécontentement s'est étendu à l'ensemble de la population: les premiers soulèvements du "Printemps arabe" ont en effet commencé parallèlement en Tunisie et en Algérie.

    L'achat de la paix sociale

    Les efforts financiers ont alors été multipliés afin d'apaiser ce mécontentement. L'Etat a déployé toute une panoplie de mesures dispendieuses: aides au logement, hausses des retraites, des salaires des enseignants, des indemnités versées aux chômeurs, agriculteurs... Une large panoplie de produits de produits de première nécessité, comme les céréales, l'eau et le lait, l'électricité et le carburant, bénéficient de subventions, mais sans cibler la population qui en a réellement besoin.

    Les fonctionnaires et parmi eux, les forces de polices sont particulièrement cajolés. Ils bénéficient d'augmentations régulières et d'une ribambelle de primes aux motifs les plus improbables. Telles ces gratifications de 10 000 à 40 000 dinars (90 à 320 €) pour les policiers "dont les enfants ont obtenu le baccalauréat", ou les 150 000 dinars offerts à ceux qui se marient, comme le rapportait le Quotidien d'Algérie en juillet dernier. "Il s'agit bien souvent d'une distribution de crédit gratuit", observe Omar Benderra.

    Le régime ne se contente pas de récompenser ceux dont il a besoin pour maintenir l'ordre. Il tente également d'acheter les contestataires. Ainsi du mouvement des chômeurs ou de celui des jeunes diplômés embauchés en contrat à durée déterminé, les "pré-emploi". En plus des manoeuvres habituelles de noyautage destiné à décrédibiliser ces associations, des avantages sont offerts à certains de leurs leaders - emplois, logement, rétributions diverses, afin de les "retourner". Exemple parmi d'autres, ce jeune contestataire qu'un montage vidéo montre haranguant la foule dans la rue et que l'on retrouve, quelques mois plus tard, faisant la promotion de la campagne d'Abdelaziz Bouteflika dans un hôtel de luxe d'Alger.
    Gaspillage et "barons de l'import-import"

    Ces dépenses "sociales" et d'infrastructures ont dépassé les 600 milliards de dollars entre le début de mandat de Bouteflika, en 1999, et les années 2012/2013. Au total, elles correspondent à un peu plus de 30% du PIB de l'Algérie. "Les transferts sociaux budgétisés s'élèvent à 28.3 milliards de dollars (par an), mais les subventions implicites sont presque aussi élevées, avec 26.6 milliards de dollars", explique le consultant Ali Aïssaoui au site économique Maghreb émergent.

    Le problème est que cette manne est gérée dans la plus parfaite opacité, sans aucune rationalité économique. Par ces dépenses redistributives, les autorités puisent dans les réserves sans préparer l'avenir; le pays ne crée pas d'emplois productifs. L'économie algérienne n'a pas su se diversifier -les hydrocarbures représentent 97% des exportations; elle est de plus en plus soumise aux barons de l'"import-import", selon la formule des détracteurs des dirigeants actuels.

    "Pour l'essentiel, la moitié des 38 millions d'Algériens sont mal logés, dans des cités dortoirs bâties à la va-vite au milieu de nulle part; ils sont mal soignés et vivent dans la précarité. Comme le système de santé, le système éducatif, du primaire au supérieur, est complétement sinistré", assène Omar Benderra. Quelque 500 000 jeunes quittent prématurément chaque année le système scolaire sans aucune formation, constate de son côté Luis Martinez. Environ 4 millions de personnes, la moitié de la population active, ne disposent d'aucune protection sociale et travaillent dans l'économie informelle (entre 16 et 17% du PIB), selon le chercheur.
    Des réserves fragiles

    Combien de temps l'Algérie pourra-t-elle ainsi dilapider ses ressources sans résultat? Aujourd'hui, le pays détient plus de 200 milliards de dollars de réserves de change. Mais la production des hydrocarbures diminue. Selon des experts algériens, ce recul n'est pas seulement lié à l'assaut terroriste contre le site gazier de Tiguentourine en janvier 2013. La moitié des réserves prouvées en pétrole et en gaz a déjà été exploitée. La production d'hydrocarbures "n'a eu de cesse de décliner" depuis 2005, relève Sidi Mohamed Baghdadli, ancien cadre de Sonatrach, cité par El Watan. "Les efforts d'exploration n'aboutissent qu'à des gisements de plus en plus petits", prévient-il. "Les nouvelles découvertes vont permettre d'amortir la chute et de maintenir pendant quelques temps encore le potentiel [de protection de gaz] de 85 à 90 milliards de mètres cubes par an, mais le déclin est bien là", nuance Hocine Malti.


    Parallèlement, la consommation interne est en hausse permanente, les autorités n'osant pas relever les prix de l'électricité et des carburants, par crainte d'une explosion sociale.

    Nombre d'économistes doutent que l'Algérie puisse fournir les 7 milliards de mètres cubes supplémentaires par an que l'UE souhaiterait lui acheter afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie, après la crise ukrainienne.

    L'Algérie a un besoin urgent d'une nouvelle gouvernance. Mais rares sont ceux qui voient dans l'élection présidentielle du 17 avril une issue à l'impasse actuelle.

  • #2
    L'Algérie a un besoin urgent d'une nouvelle gouvernance. Mais rares sont ceux qui voient dans l'élection présidentielle du 17 avril une issue à l'impasse actuelle.
    Et ce n'est pas un grabataire qui pleurniche dans les mouchoirs d'un ministre des affaires étrangères qui va l'apporter!

    Au fait, la hanouna devrait crier à l'appel à l'ingérence comme elle l'a fait avec Bounouari!!!
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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