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La mission de Mohamed Benchicou

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  • La mission de Mohamed Benchicou

    L’attaque contre le site gazier de Tinguentourine, dans le Sud-Est algérien, en janvier 2013, est une «sale» affaire.

    Mohamed Benchicou en est convaincu. Dans La mission, roman paru aux éditions Koukou, à Alger, le journaliste et écrivain algérien mène sa contre-enquête à travers le personnage de William Thompson, professeur au Department of war studies du King’s College à Londres, «seul établissement au monde à proposer l’étude de la guerre et des conflits contemporains». William Thompson, qui porte le même nom d’un ancien joueur de rugby et d’un ancien physicien anglais, est chargé par son gouvernement d’engager des investigations en Algérie sur la sanglante prise d’otages à Tinguentourine où sont présentes des firmes norvégienne, britannique et japonaise. Il doit tout mentionner dans ses «carnets d’In Amenas». «J’étais parti à Tinguentourine plein de verve et d’enthousiasme ; j’en suis revenu métamorphosé, décontenancé, abasourdi par ce que j’y avais découvert sur les hommes et nos fabulations démocratiques.

    Au fil des jours, au fil des rencontres, au fil du hasard aussi, ou du mektoub, j’avais fini par faire connaissance avec la pègre politico-pétrolière», écrit l’ universitaire dans ses carnets. La mafia ? «Celle qui vole. Celle qui ment. Celle qui tue. Celle qui annexe des territoires souverains», insiste-t-il. William raconte tout à son ami le colonel Douglais Alistair, grand spécialiste de la Russie. L’enquêteur découvre que BP, qui avait besoin de liquidités en raison d’un procès aux Etats-Unis, s’apprêtait à revendre sa licence à un homme d’affaires russe, l’un des oligarches apparus après l’effondrement du mur de Berlin.

    «L’un des rêves secrets des Russes a toujours été de pouvoir mettre un pied en Algérie, sans doute pour accroître leur contrôle des fournitures de gaz de l’Europe», estime-t-il. BP cherchait à provoquer une intervention militaire extérieure pour «protéger» ses installations. «L’attaque de Tinguentourine est une affaire de fric, de luttes d’influence, de rivalités de pouvoirs, de toutes ces choses que l’on ne voit pas, dont on ne nous parle pas», constate le professeur avec amertume. La découverte qu’il fait sur place le fait passer à un statut de «non-existence». «J’étais l’idiot utile chargé de faire cautionner par ma notoriété, la thèse du complot contre notre firme fétiche et bénir une relation équivoque contre la plus vieille démocratique au monde et une autocratie maghrébine», regrette-t-il.

    Il fait la rencontre de Bachir, devenu riche grâce à la magie de Koudjiti, «l’homme de confiance de Larbi Belkhir», après l’arrivée de Bouteflika au pouvoir en avril 1999. «Enchanté, confrère ! Je suis moi-même docteur et professeur, deux titres qui m’ont coûté une fortune. Devant mon air imbécile, il eut une grimace malicieuse : oui, chez nous ça s’achète, deux titres universitaires», confie Bachir au Britannique. William Thompson reproche à la directrice d’études de l’institut de l’avoir envoyé dans un pays qui «est dirigé par un vieux pouvoir grabataire» qui a «oublié de rendre le pouvoir au peuple».

    Mohamed Benchicou s’est donc appuyé sur un fait d’actualité, qui a suscité le plus de commentaires dans le monde, pour tisser une fiction avec une forte charge politique. Un roman politique ? Peut-être. Un roman-enquête ? Possible. Reste que l’auteur, qui a pris soin de bien étudier les coutumes britanniques et l’art de vivre so british, s’est engagé sur un territoire littéraire miné. De ce territoire, on sort soit avec des blessures, soit avec la sensation d’avoir bravé un grand danger. Après tout, on se dit pourquoi pas, la littérature est également l’art du possible.

    Fayçal Métaoui_ El Watan

  • #2
    bon retour
    La Réalité est la Perception, la Perception est Subjective

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