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Algérie, le défi économique

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  • Algérie, le défi économique

    par Leïla Beratto
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    Avec plus d'un million de naissances en 2013, le prochain président devra préparer le défi démographique auquel sera confronté l'Algérie.
    RFI/Mohand Azouz
    Ce jeudi, les Algériens sont appelés à voter pour leur président de la République. Au-delà des enjeux de personnalité, c’est l’économie qui sera le principal challenge à relever pour le mandat 2014-2019.

    Après le 17 avril, quel que soit le président, quel que soit son entourage, quel que soit la réaction des Algériens, l’enjeu sera économique. Aujourd’hui, 97% des recettes d’exportations de l’Algérie proviennent des hydrocarbures, mais le secteur n’emploie que 3% de la population. Les réserves en ressources naturelles seront amenées à s’épuiser, même si l’exploitation du gaz de schiste devrait permettre aux dirigeants algériens de gagner du temps. En 2012, le volume de la production d’hydrocarbures a chuté de 10% par rapport à 2008. Voilà pour l’enjeu à long terme. Si le pays doit faire face à une baisse des recettes, Alger devra aussi répondre à une augmentation de la demande.

    Financer la paix sociale

    L’Algérie base sa gestion du pays sur cette rente pétrolière à grand renfort de subventions étatiques pour « acheter la paix sociale ». Les Algériens ne payent pas le prix réel du pain, du lait ou de l’essence par exemple. Les milliers de logements sociaux, les augmentations de salaires et de pensions, les prêts à taux zéro pour la création d’entreprises sont eux aussi financés par cette rente.

    En 2014, les transferts sociaux dépasseraient les 50 milliards de dollars, soit un peu plus d’un tiers du PIB. Mal gérées et diluées dans une inflation de plus de 10%, ces dépenses, qui s’ajoutent à une facture de plus de 60 milliards de dollars d’importations, inquiètent les experts. Or, après le 17 avril, la demande sociale va s’accroître. Dans le secteur de l’éducation comme de la santé, les syndicats promettent de nouvelles grèves pour obtenir le paiement d’arriérés de salaires et de primes. Les revendications s’empilent sur les bureaux des ministères.

    Parallèlement, les autorités ont fait des dizaines de promesses pendant la campagne électorale. Baisse des taux d’intérêt pour l’achat de logements sociaux, généralisation des prêts à taux zéro pour les chômeurs alors que cela concerne selon les chiffres officiels 21,5% des moins de 35 ans. Le journal El Watan souligne déjà que l’Etat n’aura pas les moyens de financer les 10 milliards d’euros de rallonge budgétaire qu’il a promis en une année.

    Créer des emplois

    L’accroissement de la demande viendra aussi de la démographie. En 2013, plus d’un million de naissances ont été enregistrées, soit près de deux naissances par minute. Selon l’économiste Nordine Grim, la population atteindra le seuil des 50 millions d’habitants dans 10 ans. Des millions d’habitants en plus, ce sont aussi des millions d’enfants à nourrir, des millions de logements à construire et des millions d’emplois à créer. Des défis colossaux alors que l’Algérie a dépensé 9 milliards de dollars pour l’achat de produits alimentaires en 2013 et que 75% des besoins sont couverts par l’importation.

    Le collectif Nabni (Nouvelle Algérie bâtie sur de nouvelles idées) tente d’alerter les pouvoirs publics sur l’urgence de la situation et compare le pays au Titanic. « Arrêtons de bâtir l’avenir du pays sur l’espoir de marchés d’hydrocarbures qui nous seraient favorables, sur ce que pourrait nous réserver notre sous-sol ou sur l’illusion d’une rente encore renouvelable pendant des décennies ! », s’emporte NajyBenhassine, membre du collectif.

    « Pour maintenir le train de dépenses actuelles de l’Etat, le déficit budgétaire continuera à se creuser au fil des ans et finira par vider le fonds de régulation des recettes autour de 2018, peut-on lire dans le rapport écrit par le collectif. Après cela, les déficits budgétaires iront accroître la dette de l’Etat qui, d’environ 1 400 milliards de DA en 2012, atteindra près de 5 000 milliards de DA en 2020 ».

    « L’Algérie a la mémoire courte »

    Les économistes dénoncent tous le fait qu’aujourd’hui, ces entrées ne suffisent plus et que l’Etat puise à nouveau dans la fiscalité pétrolière. Rassuré par ses performances (presque 200 milliards de dollars de réserves de change), convaincu qu’il dispose encore de gisements de gaz et de pétrole inconnus, et aveuglé par les estimations qui placent l’Algérie dans le top mondial des réserves de gaz de schiste, l’Etat ne perçoit pas les menaces. « L’Algérie a vraiment la mémoire courte, se désole Ihsane El Kadi, directeur du site internet économique Maghreb émergent. Elle a oublié le traumatisme et l’humiliation subis dans les années 90 avec le Programme d’ajustement structurel ».

    Il y a un an, le Fonds monétaire international a félicité la première économie du Maghreb pour ses performances : un déficit de 2%, une dette extérieure de 2%, et une croissance de 3,5% prévue pour 2013. Alger a accordé à l’institution en 2012 un prêt de 5 milliards de dollars. Mais derrière les courtoisies d’usage, le FMI a aussi alerté Alger, évoquant « l’affaiblissement de la situation budgétaire » à même de « susciter des craintes pour la viabilité des finances publiques ».

    ECO SON Algérie Abderramene Mebtoul
    16/04/2014 Écouter
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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