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"Le problème n'est pas Bouteflika, ce sont les fonctionnaires de l'Etat qui abusent de leur pouvoir"

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  • "Le problème n'est pas Bouteflika, ce sont les fonctionnaires de l'Etat qui abusent de leur pouvoir"

    PAR HANA FERROUDJ

    Depuis samedi 12 avril et jusqu’à ce jeudi 17 avril au soir, des milliers de ressortissants algériens sont attendus pour aller voter dans le cadre de l’élection présidentielle. Un choix qui ne laisse pas les algériens de France indifférents. Tout le monde a un avis sur cette élection décisive pour l’avenir du pays. Reportage au consulat de Bobigny.
    C’est un véritable défilé de citoyens algériens tout le long de la rue Hector Berlioz. Certains sont venus seuls, d’autres en famille. Des personnes âgées surtout. Une femme habillée de la tête au pieds aux couleurs du drapeau national, donne l’impression d’aller assister à un match de football. Les Algériens sont réputés pour en faire toujours trop. Mais c’est qui fait leur charme.
    Pour accéder aux bureaux de vote, il faut avoir en sa possession, sa carte d’électeur et sa carte consulaire, mais il faut surtout être inscrit sur la liste des électeurs. Ce qui n’est pas le cas d’Amar, déçu de n’avoir pas pu voter aujourd’hui. Amar raconte son mécontentement auprès d’autres électeurs devant le consulat de Bobigny. Il reproche au consulat le manque de communication auprès des citoyens algériens sur la date limite pour s’inscrire sur les listes électorales. Il se faisait une joie d’aller voter, surtout que pour lui, c’était une première. « Je suis fier d’être algérien, mais ils m’ont donné l’impression que je ne l’étais pas aujourd’hui, car comme je n’étais pas inscrit sur la liste, ils m’ont empêché de voter. Et donc, d’une certaine manière, je n’étais pas algérien pour eux. » dit-il. Amar est né en 1956 et a vécu en Algérie jusqu’à l’âge de 18 ans. Il n’a jamais voté car pour lui, tous les candidats des élections présidentielles précédentes se ressemblaient. Mais cette fois-ci, il avait envie d’accomplir son devoir de citoyen. Il devra donc attendre encore cinq ans pour pouvoir le faire.
    Pour ces élections, le consulat de Bobigny a changé la procédure. Habituellement, les électeurs de Seine-Saint-Denis votaient au consulat de Bobigny. Mais cette année, les villes ont été dispatchées en plusieurs bureaux de vote, créés à l’occasion dans tout le 93. Les bureaux de vote décentralisés se trouvent à Bagnolet, Saint-Denis, Aubervilliers et Aulnay-sous-Bois. Ce qui n’a pas manqué de produire une certaine cacophonie. Le consulat d’Algérie de Bobigny avait pourtant prévenu par courrier les électeurs concernés en indiquant bien le nom du consulat dans lequel ils devaient se rendre les jours de vote. Par habitude, certains électeurs sont quand même venus à Bobigny. Comme ce Montreuillois, qui n’a pas pu voter mercredi 16 avril. Le personnel du consulat l’a renvoyé vers Bagnolet comme il lui a été indiqué dans un courrier daté du 20 mars 2014. Le but de cette décentralisation des bureaux de vote était à première vue d’être au plus près des électeurs et de lutter contre l’abstention. Mais, il semble que cela a plutôt eu un effet inverse.
    A l’intérieur du consulat, une partie du personnel tenant les bureaux de vote est composée de simples citoyens qui se sont portés volontaires. Il sont positionnés à chaque endroit stratégique pour que le vote se passe dans de bonnes conditions. Le premier bénévole qui se trouve à l’accueil, regarde la carte d’électeur et indique le numéro du bureau de vote où chaque personne doit se rendre. Puis, l’électeur se rend au bureau de vote qui lui est attribué et présente sa carte d’électeur et sa carte consulaire de nouveau, avant le classique parcours de l’isoloir vers l’urne.
    Dans différents bureaux de vote se trouvent des observateurs envoyés par le candidat Ali Benflis qui viennent surveiller le bon déroulement des élections. Ils sont présents depuis samedi 12 avril au consulat d’Algérie de Bobigny et dans l’ensemble des bureaux de vote. Ali Benflis a prétendu plusieurs fois qu’un risque de fraudes pouvait exister. Un argument utilisé par les adversaires d’Abdelaziz Bouteflika à chaque élection. Il est vrai que la candidature pour un éventuel quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika ne laisse personne indifférent, et tout le monde à son avis sur la question. Pour des raisons de santé, ce n’est pas le président sortant qui a fait campagne mais son entourage politique On l’a vu cependant présent dans les médias ces derniers-jours, notamment lors de la visite du ministre des affaires étrangères espagnol en Algérie. Les Algériens ont aussi constaté le fait qu’il ne s’était pas exprimé à la nation depuis longtemps.
    A la sortie des bureaux de vote, plusieurs électeurs, hommes et femmes, se réunissent près des panneaux des différents candidats et commencent à débattre en donnant leur opinion sur ce scrutin. Comme cette habitante du Blanc-Mesnil qui a voté pour le candidat Ali Benflis : « Il a déjà été ministre lorsqu’il était au gouvernement de Bouteflika. Les autres candidats, je ne les connais pas ». A l’inverse, un autre citoyen, qui lui soutient Abdelaziz Bouteflika se confie : « Je vote pour Bouteflika et aussi pour le parti du FLN. Et s’il devait mourir au pouvoir, je sais qu’il y aura une autre personne qui dirigera le pays et qui continuera le travail d’Abdelaziz Bouteflika. C’est le candidat le plus fiable qui a combattu notamment contre le terrorisme en Algérie ».
    Autre témoignage d’une habitante de Bobigny, se rendant régulièrement de l’autre côté de la Méditerranée. Elle reconnaît le travail du président sortant mais a préféré donner son vote au candidat Ali Benflis, à cause de l’état de santé du candidat sortant : « Depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 d’Abdelaziz Bouteflika, il a amené la paix au peuple algérien. Il a favorablement fait évoluer la place de l’Algérie au niveau international et il nous a rendu notre fierté depuis qu’il est à la tête du pays. J’ai toujours voté pour Abdelaziz Bouteflika mais aujourd’hui je ne l’ai pas fait à cause de son état de santé. Il n’est plus capable de gouverner notre pays. Sur les images qu’on voit à la télévision algérienne, il a du mal à parler et à se déplacer. Il aurait dû laisser la place et sortir en beauté après les trois mandats. »
    Elle ajoute : « Le bilan que je fais de ses trois mandats est positif : il a mis en place un système d’aide financier aux plus démunis. Il a favorisé l’entrepreneuriat des jeunes en donnant de l’argent pour construire leur projet. Plusieurs entreprises internationales se sont même installées en Algérie. Il a construit des logements sociaux. Il a fait son possible pour aider le peuple algérien à se développer. Nous sommes le seul pays africain à ne plus avoir de dette. Mais, le problème n’est pas Bouteflika, ce sont plutôt les fonctionnaires de l’Etat qui abusent de leur pouvoir contre la population en ne faisant pas leur travail. Ils sont payés à ne rien faire et ils favorisent beaucoup leur entourage et leur connaissance dans les démarches administratives, dans les logements, et même pour ouvrir un compte financier ça devient difficile. Il faudrait plutôt commencer à faire du ménage dans les ministères jusqu’aux communes. Et l’Algérie se sentira beaucoup mieux ». En Algérie, le vote aura lieu ce jeudi 17 avril. Le résultat est attendu pour la soirée. Les regards d’Amar qui n’a pas pu voter et des autres seront tournés vers l’Algérie.
    Hana Ferroudj
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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