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Ali Benflis, Barakat et l’après-17 avril

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  • Ali Benflis, Barakat et l’après-17 avril

    Par Hassane Zerrouky
    Affichant, sur un ton serein, une certaine détermination et une vraie dose de foi en ses capacités, Ali Benflis a dû surprendre plus d’un journaliste ce mardi dans son siège électoral. L’homme semble avoir beaucoup changé. Ce n’est plus ce candidat lisse, à la limite de la naïveté, que l’on avait connu en 2004 où confiant du soutien de l’armée – c’était du moins une conviction partagée parmi les gens de la presse — il croyait alors en son destin de présidentiable, oubliant alors qu’il avait face à lui un redoutable adversaire incarnant un système au faîte de sa puissance et jouissant du soutien déclaré des capitales occidentales.
    Dix ans après, l’expérience aidant, l’homme reste toutefois prudent. Pas un mot de trop, pas un de moins. Et ce, bien qu’il assure avoir parcouru 6 700 km, tenu 105 meetings dans les 48 wilayas du pays, soit autant que ses «sept ministres» mobilisés au service de son rival qu’il n’a à aucun moment nommé. Et accordé trente interviews.
    Pour avoir pratiqué de près les dirigeants du système actuel, il sait à qui il a affaire, et ce, non sans émailler son argumentaire avec de temps à autre une petite dose d’humour. Pour le reste, il ne s’est pas borné à défendre assurant qu’il s’est jeté dans la bataille pour ne pas laisser l’adversaire seul sur le terrain. «Le mandat de trop, c’était le troisième», lance-t-il en réponse à un journaliste. «Le chaos, évoqué par ses adversaires, c’est la fraude», ajoute-t-il. «Et s’il y a une fraude massive, je ne me tairai pas, je le dirai». Avant d’ajouter qu’il dispose d’«une armée» de «60 000 personnes, pour la plupart des jeunes (...) armés jusqu'aux dents par leurs convictions». Et laisse-t-on entendre au sein de son entourage, Benflis n’attendra pas les résultats officiels pour proclamer ses propres résultats. Est-ce à dire que l’on va se retrouver face à un scénario à l’ivoirienne avec deux hommes proclamant leur victoire ? Sans doute pas. Les Algériens n’en voudraient pas et ne sortiront pas dans la rue, et ce, même si le Président-candidat qui sera, sauf surprise, certainement réélu, est loin de faire l’unanimité parmi les jeunes.
    Certes, dans le camp de Benflis le vent est à l’optimisme comme en attestent ces foules présentes à ses meetings dans la plupart des wilayas traversées, il n’est pas certain que les Algériens se rendront massivement aux urnes. Certains au sein de son entourage rêvent à un «2004 à l’envers». Mais, pour les partisans du quatrième mandat, ce scénario est exclu, comme est exclue toute idée de second tour.
    Dans leur tête, la candidature de Benflis n’avait pour seul et unique objectif que de crédibiliser une élection pliée par avance. Les jeunes, qui forment la grande masse des électeurs, semblent loin de ces calculs et scénarios. Ils sont persuadés que les jeux sont faits, que ce scrutin est cousu de fil blanc («m’khaïta» comme m’a dit ce jeune rencontré dans un café du centre-ville), et que Bouteflika sera réélu. Ils craignent surtout l’après-17 avril quand une fois passé les élections, ce pouvoir, qui s’apprête, sauf surprise, à gouverner de nouveau pour cinq ans, sortira le bâton pour annoncer la fin de la récréation et ramener tout le monde à la raison. Sauf que l’Algérie n’est plus dans la configuration politique de 2009. En cinq ans, beaucoup de choses se sont passées. L’Algérie évolue dans un contexte régional radicalement transformé et face au tarissement des ressources financières en raison d’une chute du prix du baril, le pouvoir n’aura pas les moyens d’assurer le financement de la paix sociale. Il lui faudra imaginer d’autres solutions pour convaincre les Algériens. Qui plus est, il sait que la politique du bâton ne mène pas loin dans un pays qui est en train de retrouver cette liberté de parole acquise en octobre 1988 et qu’on a tenté de l’en priver depuis 1999. Et qu’il lui faudra compter avec de nouveaux acteurs politiques, comme Barakat, aux pratiques militantes, résolument nouvelles et, par conséquent, différentes de ce que l’on a connu jusque-là.
    H. Z.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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