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Pourquoi Bouteflika va se faire réélire à la tête de l'Algérie

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  • Pourquoi Bouteflika va se faire réélire à la tête de l'Algérie

    Dominique Perrin
    Par Dominique Perrin

    Le bilan du président algérien n'est pas glorieux. Il n'a pas fait campagne. Mais sa reconduction paraît acquise.


    C’est sa première apparition publique depuis deux ans. En fauteuil roulant, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a voté jeudi 17 avril dans une école sur les hauteurs d’Alger pour l’élection présidentielle. Mais n’a fait aucune déclaration. Jusque-là, c’était l’homme invisible. Candidat à un quatrième mandat consécutif, il n’a pas mené campagne. Il ne s’est déplacé dans aucune région, n’a tenu aucun discours. Il n’en a plus la force.
    A 77 ans, le président algérien est affaibli par l’accident cérébral qui l’a tenu hospitalisé près de trois mois l’an dernier à Paris. Tout juste s’est-il contenté de faire deux apparitions à la télévision, les 12 et 13 avril. Trois semaines durant, il a laissé Abdelmalek Sellal, jusqu’alors chef du gouvernement, sillonner le pays à sa place et affronter les cinq autres candidats. Malgré tout, Abdelaziz Bouteflika, soutenu par l’appareil d’Etat, pourrait sortir vainqueur des élections.

    Sombre tableau social

    Cette campagne sous assistance médicale a fait naître une nouvelle opposition. Une coordination de partis et un groupe d’enseignants de l’université de Bouzareah, à Alger, ont appelé à un boycott des élections. Le mouvement Barakat (ça suffit, en arabe), créé par quelques militants, journalistes et étudiants opposés à un quatrième mandat, a eu un grand retentissement médiatique, même s’il n’a pas créé d’engouement populaire. Au fil des jours, tensions et violences se sont accrues. Abdelmalek Sellal a même dû annuler un meeting le 5 avril à Béjaïa, en Kabylie. Il avait été accueilli aux cris de "Bouteflika, dégage !" par des manifestants.
    Première critique des opposants : le bilan économique du président. Le principal concurrent de Bouteflika, Ali Benflis, 69 ans, dénonce l’inaction du pouvoir : "Quinze ans n’ont pas suffi aux réformes." Il a pourtant été lui-même Premier ministre de 2000 à 2003… Cofondatrice de Barakat, Amira Bouraoui, arrêtée plusieurs fois par la police, dresse, elle, un sombre tableau social. "La majorité de la jeunesse n’a pas de travail. Le taux de chômage de 10% ne représente pas la réalité, car l’économie informelle n’est pas prise en compte. Les jeunes vendent des produits chinois sur les trottoirs et rêvent de ballons de foot et de visas pour des pays européens… en crise."

    Le pétrole, trésor dormant

    Cette gynécologue de 38 ans, rencontrée un soir de mars à Alger, parle d’occasion manquée : "Bouteflika n’a pas su profiter de l’embellie pétrolière." C’est tout le drame du pays. Avec 2,7% de croissance en 2013, selon le FMI, ce pays riche en hydrocarbures – et premier client de la France dans le monde arabe – n’est pas à la hauteur de son potentiel. "L’Algérie reste dépendante de son pétrole, l’initiative privée n’est pas libérée et l’environnement est difficile pour un investisseur étranger, analyse le journaliste économique indépendant Akram Belkaïd. Et les dépenses s’accroissent, car, pour éviter un "printemps arabe", le pouvoir achète la paix sociale en augmentant les salaires du public."

    La bataille électorale a divisé les chefs d’entreprise. Le 17 mars, Slim Othmani, patron du numéro un du jus de fruits, NCA Rouiba, a démissionné de la principale organisation patronale, le FCE, qui appelait à soutenir (et donc à financer) Abdelaziz Bouteflika. Beaucoup rêvent d’une autre Algérie, tel Nacer Yahiaoui, président du Groupe Yahiaoui (agroalimentaire) : "Il faut laisser le pouvoir à une nouvelle génération."
    Comme nombre d’Algériens, il met au crédit de Bouteflika d’avoir ramené la paix après la guerre civile avec les islamistes dans les années 1990. Mais ajoute vite : "Nous avons l’ambition de devenir un pays émergent, mais nous ne sommes pas au rendez-vous. Il ne faut pas rater le virage." A quelques jours du scrutin, il ne savait pas s’il irait voter.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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