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Pourquoi il n'y a pas eu de printemps en Algérie

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  • Pourquoi il n'y a pas eu de printemps en Algérie

    notre envoyé spécial à Alger, Armin Arefi
    Un soleil de plomb s'abat sur le centre d'Alger. En cette fin d'après-midi,
    l'avenue Maurice-Audin affiche complet. Une multitude de passants - flâneurs, étudiants ou employés - traversent l'artère bordée de somptueux immeubles datant de la colonisation. Tandis que des retraités débattent à la terrasse d'un café, des jeunes à la coupe au gel se massent devant la devanture du Boston Fried Chicken, le fast food "made in Algérie", pour admirer les magnifiques Algéroises, jean moulant et cheveux au vent, rentrant de cours.

    D'autres préfèrent emprunter le métro d'Alger, flambant neuf. La capitale algérienne abrite également un tramway, en service depuis moins d'un an. L'atmosphère est bon enfant. En cette veille de présidentielle, nul n'imagine que l'avenue s'apprête à accueillir un rassemblement du mouvement Barakat. "Il s'agit d'une expression typique algérienne qui signifie "ça suffit", explique Mehdi Biskri, membre fondateur du mouvement. "Elle a été scandée au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, en 1962, lorsque les factions de l'armée s'entretuaient. Il s'agit pour nous de dire "ça suffit" à ce système dont la pérennité est assurée par le quatrième mandat d'Abdelaziz Bouteflika".
    "Algérie libre et démocratique"


    En à peine deux mois, le mouvement s'est imposé comme la principale incarnation de l'opposition à la réélection annoncée du président sortant. Apparu dès l'annonce, le 22 février, de sa candidature en dépit de sa maladie, Barakat a organisé, depuis, une quinzaine de manifestations à travers le pays, sans parvenir toutefois à mobiliser les foules. Son dernier coup est prévu aujourd'hui, devant la faculté centrale d'Alger. Mais plus le lieu de rassemblement approche, plus le nombre de policiers augmente, jusqu'à supplanter celui des étudiants.

    Aucune trace, en revanche, de manifestants hostiles au pouvoir. Soudain retentissent les sifflets assourdissants des forces de l'ordre, suivis de mouvements de foule. Présents en nombre, les journalistes étrangers, qui ont obtenu leur visa à la dernière minute, se précipitent vers une rue adjacente. Au-dessous d'une large affiche bleue d'Abdelaziz Bouteflika, des policiers armés de leurs longues matraques s'emploient à traîner un jeune homme en tee-shirt blanc en bas d'escaliers menant à une impasse. "Algérie libre et démocratique", scande-t-il encore devant les badauds. "Il est comme mort", lance l'un d'eux.

    Pluie de coups


    Les coups pleuvent tandis que les commerçants préfèrent s'enfermer dans leur magasin, dont ils ont baissé le rideau. Souvenirs douloureux, sans doute, de la décennie noire du terrorisme (années 1990), qui a choqué tout un peuple. Impuissante, la rue observe attentivement la scène, alors que plusieurs automobilistes peu pressés klaxonnent en solidarité. La tension retombe soudain. Mais le climat reste pesant.

    Séparés par l'avenue Audin, les deux trottoirs s'observent. Nouveau mouvement de foule. Toujours le même refrain :" L'Algérie libre et démocratique". Une femme d'une cinquantaine d'année ose arborer fièrement son tee-shirt "Barakat". Nouvelle charge de la police. La femme n'a même pas pu s'exprimer. "On vous protège", se défend un policier devant une femme voilée. "De nos propres frères et soeurs ?" s'indigne-t-elle.
    "Ils ne nous ont même pas laissés nous regrouper"(militant Barakat)


    Essoufflé, un militant rouquin est parvenu à tromper la vigilance des forces de l'ordre. "Ils ne nous ont même pas laissés nous regrouper et nous ont tout de suite frappés", explique-t-il. Le jeune homme se fond dans la foule, sous l'oeil attentif des policiers, dont certains sont des femmes. L'agitation reprend tout à coup du côté de la station de métro Tafourah. Le mouvement s'accélère. Le jeune homme au tee-shirt blanc réapparaît, celui que la police a tabassé il y a une heure, il presse le pas sur le trottoir.

    Il est soudain littéralement pris à la gorge par un homme à sa droite. C'est un policier en civil. Le militant se débat, rien n'y fait. Il est conduit manu militari dans le hall d'un immeuble, où l'attendent trois hommes. La porte en bois se referme derrière lui. Des cris retentissent. Au loin, des fourgonnettes de la protection civile, reconnaissables à leur couleur jaune, démarrent en trombe.
    Complot de l'étranger


    "Barakat, Barakat, qui c'est, Barakat ?", s'insurge Ali, un retraité assis devant un magasin pour ne rien rater du spectacle. "Ce sont des petits cons parachutés de l'étranger qui veulent simplement foutre la merde", poursuit-il. "Pourquoi n'apparaissent-ils qu'à la veille des élections ?" Ce discours complotiste a été utilisé à l'envi par le pouvoir pour discréditer le mouvement. Et cela continue. Au même moment, un jeune distribue en toute liberté des fascicules prouvant, photos de BHL à l'appui, les origines "étrangères" de Barakat...

    Une Peugeot 208 flambant neuve traverse l'avenue. À l'intérieur, deux jeunes paradent sur la musique du rappeur Eminem. À l'arrière de la voiture est collée l'affiche "À VENDER". Sur le trottoir, deux autre jeunes moins chanceux, car chômeurs, s'amusent de la scène. "Boutef, Toufik, on leur laisse le pays. Donnez-nous simplement un visa et bye-bye !" sourient-ils. Profitant de la confusion, une quinzaine de militants, en majorité des femmes enveloppées dans des drapeaux algériens, ont réussi à se faufiler devant la grille de la faculté centrale.
    "Mascarade électorale"


    Essoufflés mais silencieux, ils s'asseyent à même le sol en se tenant par le bras. "On dénonce la mascarade électorale", explique Massi, l'un d'entre eux. "Mais nous n'appelons pas à une révolution. Nous sommes pacifiques. Nous aspirons simplement au changement et à la liberté en Algérie." Deux jeunes femmes brandissent une pancarte sur laquelle est écrit "Système = Dictature, transition démocratique dans le calme", et surtout "Ghardaïa n'a pas vu l'Atlético".

    "Cette dernière phrase est une référence à la rencontre entre le chef de la diplomatie espagnole et le président Bouteflika, explique Narimane, membre de Barakat. Ils ont préféré évoquer les résultats sportifs de l'Atlético Madrid alors que Ghardaïa est au bord de la guerre civile [des émeutes entre communautés ont fait quatre morts et des centaines de blessés depuis décembre, NDLR]."
    "Trop peu nombreux"


    Les contestataires ont trop parlé. Trois minutes à peine après le début du sit-in, les forces de l'ordre s'approchent. La peur au ventre, les militants se prennent dans les bras, certains fermant les yeux, d'autres versant des larmes. "Ça fait chaud au coeur", lance Akram, un étudiant né à Alger. "Je n'ai jamais vu ça dans la capitale. Malheureusement, ils sont trop peu nombreux."

    La police lance l'assaut. Quelques coups et des cris, et l'affaire est réglée. Un taxi s'arrête devant la faculté et baisse la vitre : "Barakat vient de Tel-Aviv", lance son conducteur, tout sourire, avant d'accélérer. "Ces démocrates pacifiques ne font que s'opposer au quatrième mandat d'un président malade", peste Hamza, un autre retraité. "Or, ce droit est garanti par la Constitution algérienne."
    Ironie du sort, c'est Ali Benflis, aujourd'hui principal adversaire d'Abdelaziz Bouteflika et ancien Premier ministre, qui est à l'origine du décret interdisant les manifestations à Alger. C'était en 2001, pour étouffer la révolte des Kabyles.

    le point

  • #2
    Pourquoi il n'y a pas eu de printemps en Algérie
    Parceque le DERDER ,n'a pas de place en Algérie.

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