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Le second parjure d’un chef de… l’Etat de fait

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  • Le second parjure d’un chef de… l’Etat de fait

    Aussitôt validés par un Conseil constitutionnel croupion les résultats, corrigés à son profit par un ministère de l’Intérieur également aux ordres, le chef de «l’Etat… de fait» sera tenu de prêter serment. Un rite immuable chargé de sens sous d’autres cieux, là où la probité à du sens et un coût mais qui chez nous n’ont eu de cesse d’être violés impunément.

    Rappeler qu’une telle affirmation solennelle, qui se veut une attestation de la vérité, a été déjà piétinée une première fois au cours de son 3e mandat et qu’il s’apprête à récidiver cette fois, après s’être doté d’un viatique médical constitue évidemment une double entorse à l’origine des colères sociales. Or la succession des transgressions éthiques, ayant démonétisé la haute fonction de Président, ne semble toujours pas poser le moindre problème de conscience à celui qui en est l’auteur. Tout au plus, il mettra sur le compte de la «raison d’Etat les multiples occultations faites à la parole donnée même si, dans une semaine, il se contentera de murmurer seulement le fameux crédo qui procédera à sa reconduction. Une formule qui n’engage en rien celui qui est dans l’obligation de la prononcer, tant, il est vrai, qu’il réfute tout soupçon de parjure. C’est qu’habituellement, nos présidents se soucient peu des engagements ou plutôt des gages donnés à l’opinion. De sorte que l’accès au privilège du pouvoir les rend irréprochables. Que leurs erreurs ou bien leurs fautes en viennent à les confondre ne devrait en aucun cas remettre en question la prééminence qu’ils incarnent. Au pire, ils savent se défausser sur d’imaginaires contraintes en rappelant avec de la candeur feinte que gouverner n’est, en définitive, que «l’art du possible».
    A peine s’ils ne sont pas tentés par la comédie de la modestie et l’humilité de quelques aveux. Sans craindre de graves conséquences, ils prêtent donc serment toutes les fois où ils postulent avec la certitude qu’ils seront en droit d’oublier ces faux engagements. D’où l’inutilité de ces shows à répétition qui consistent en de lyriques mises en scène patriotiques sans autre intérêt que celui de s’accorder de nouveaux quitus pour d’autres mensonges d’Etat.

    Il en sera ainsi au lendemain de cette quatrième investiture lorsque commenceront les véritables tractations au cœur du système. Celles qui se dérouleront à l’insu d’une opinion plus que désabusée qui n’en peut plus de s’en laisser conter en s’exprimant violemment et d’une manière irrévérencieuse.

    C’est, qu’après quinze longues années ponctuées par plus d’échec que de réussite, ce chef de l’Etat ne pourra guère se prévaloir encore d’être la solution pour l’Algérie. Il est même clair qu’il est devenu le problème primordial pour l’avenir de ce pays, tant sa santé est déficiente. Et, de surcroît, qu’il a « élevé» dans la pépinière de ses courtisans une faune d’aventuriers tout à fait disposée à régenter l’Etat en son nom.

    Car contrairement à l’explication de sa reconduction par les urnes de ce 17 avril, le personnage de président sera réduit à n’être qu’un parrain, au sens le plus péjoratif du terme. En effet saura-t-il rapidement que les résultats du vote qui vient d’avoir lieu sont bel et bien truqués et que le scrutin lui aussi n’en est pas un ? L’on pourrait même se demander s’il est encore en mesure de se soustraire au halo qui l’auréole et que ne cessent de diffuser les flatteurs de tous bords afin qu’il puisse par lui-même faire le bilan de sa trajectoire politique. Car ceux qui l’avaient convaincu par le passé de commettre un quasi-parjure le 12 novembre 2008 en ne respectant pas son serment d’avril 2004, c'est-à-dire celui de ne pas déroger à la Constitution, ne sont-ils pas les mêmes qui l’ont poussé en mars 2014 à produire un faux acte médical pour appuyer sa candidature ?

    Pour être clair, Bouteflika vient de violenter deux obstacles de taille en l’espace de 5 années. D’abord celui de ne jamais procéder à un quelconque amendement de la Constitution à la veille d’un renouvellement du pouvoir. Ensuite celui de ne jamais rendre publics les diagnostics sur sa santé, laquelle conditionnait la recevabilité de sa candidature. Quoiqu’il se soit défendu de mettre sur la place publique la question, il est notoire qu’en la circonstance, elle ne relève plus de la sphère privée.

    Dans un cas comme dans l’autre, il a fait preuve de déni des règles qui encadrent l’accès et la révocabilité à cette haute fonction en empruntant le chemin détestable des dictateurs. Comme quoi il ne suffit guère de prêter serment tous les cinq ans encore faut-il s’en souvenir à tous les instants afin de grandir dans sa propre estime et le respect de ses concitoyens.

    Par Boubakeur Hamidechi- Le Soir
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