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La Chorba à El harrach

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  • La Chorba à El harrach

    Comment se déroule le ramadhan lorsque l'on est pensionnaire du centre pénitenciaire d'El Harrach? De façon presque normal, sachant que ce n'est pas un centre de loisirs et de plus le déjeuner est servis pour les pensionnaires étrangers non musulmans

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    La chorba, symbole et tradition sacrés du mois de Ramadhan, est inévitablement présente dans le menu du f'tour dans les centres pénitentiaires afin de permettre aux détenus de plonger dans l'ambiance familiale du mois de jeûne. Même servie sans bourak, cette chorba demeure le plat principal en ce mois du Ramadhan, voire le seul à faire la différence du menu du reste de l'année, de l'avis des prisonniers du centre pénitentiaire d'El-Harrach (Alger) qui se sont confiés à l'APS.

    Après la rupture du jeûne avec quelques dattes qui ne sont pas présentes tous les jours au menu, la soupe aux légumes, parfumée à la coriandre et à la menthe est le seul “repas” de la journée pour certains, outre le dessert. Le menu semble convenir aux détenus et bien qu'il soit loin de contenir les plats traditionnels raffinés, le directeur du centre, M. Djilali Azouz, a affirmé qu'il a été amélioré pour passer à “une valeur supérieure à 56 dinars”, exigée le reste de l'année.

    Ce menu est composé d'un hors-d’œuvre varié, d'une chorba, d'un plat de résistance (haricots secs ou lentilles), parfois accompagné de viande et deux desserts et parfois des dattes. Au s'hour, le centre propose du couscous avec du lait. A. D., 32 ans, détenue depuis deux mois seulement au pavillon des femmes a confié que la chorba au centre “est très bonne” bien qu'elle soit préparée avec du frik (blé concassé) au lieu de la vermicelle qu'elle mange chez elle habituellement.

    Pour son premier Ramadhan dans ce centre, A. D. trouve l'ambiance plutôt “supportable” et les relations entre les prisonnières “fraternelles et solidaires”, notamment au moment de la rupture du jeûne où, en petits groupes dans les salles d'incarcération, les détenues partagent le couffin du Ramadhan qu'elles reçoivent de leurs proches. M. Azouz a expliqué que la direction du centre a autorisé, à titre exceptionnel durant ce mois sacré, les pensionnaires de recevoir de leurs familles “le couffin du Ramadhan” tous les lundis, et ce, en plus du couffin hebdomadaire autorisé durant l'année.

    Toutefois, M. Azouz a relevé que les prisonniers n'ont pas le droit de recevoir de leurs proches la chorba où les autres plats faits de bouillon ou de sauces de peur de l'introduction de psychotropes, précisant que cela s'était déjà produit dans le passé. Le responsable a même révélé que des produits hallucinogènes ont été introduits (par seringue) dans des tomates, ce qui l'a poussé à exiger des proches de couper tout fruit ou légume susceptible de cacher ce genre de “drogues” et à renforcer le contrôle du couffin. D'ailleurs, l'espace exigu réservé au contrôle des couffins destinés aux détenus grouille d'agents de contrôle.

    A l'entrée, un agent note les noms de tous les préposés au contrôle des couffins, ainsi que les noms de leurs destinataires afin de faciliter les contrôles et les enquêtes en cas de besoin. Le responsable de “cet espace” a confirmé qu'effectivement “les plats saucés” sont bannis ainsi que les laitages qui, exposés à la chaleur ambiante, risquent de fermenter, se décomposer et devenir toxiques.

    Dans leur quartier, les femmes au nombre de 126, préparent les caisses de légumes et fruits vides renversés qui servent de tables puisque les repas arrivent aux salles d'incarcération bien avant l'appel à la prière, dans des “norvégiennes” (récipients qui retiennent la chaleur). S. B., détenue au centre depuis plus de trois ans, passe son quatrième Ramadhan en prison, se désole que la cuisine lui manque surtout qu'elle était “mordue” de la préparation des salades.

    A l'instar de plusieurs autres détenues, elle a exprimé le vœu de participer à la préparation du repas du f'tour, une tâche interdite au centre. Hormis cette chorba, les prisonniers du centre pénitentiaire d'El- Harrach vivent le mois de Ramadhan dans une ambiance ne différant pas trop de celle du reste de l'année si ce n'est le programme de leur chaîne de télévision interne, riche en comédies, triées à partir de différentes chaînes nationales et internationales. Les femmes s'adonnent à des séances de boqala, une de leurs distractions nocturnes. Pendant la journée, les prisonniers vaquent à leurs occupations habituelles, investissant les espaces réservés aux activités culturelles, sportives et de formation. Malgré tout, et de l'avis de tous les détenus approchés, rien ne remplace l'ambiance de Ramadhan familiale, et l'absence de la chaleur de leurs proches semble être le seul châtiment qui leur est imposé durant ce mois.

    Toutefois M. Azouz affirme qu'il fait de son mieux afin de permettre à plus de 4 000 détenus d'observer le jeûne dans de bonnes conditions, et qu'il a même organisé au cours des soirées, un concours dont les résultats seront annoncées le 27e jour du Ramadhan et “la récompense est une surprise qui pourrait être une permission de plusieurs jours”. Au quartier des mineurs, ce jour-là, l'ambiance est fort mouvementée avec la présence d'éléments du Mouvement des scouts musulmans algériens (SMA) qui ont rassemblé les adolescents dans la grande cour de ce pavillon pour réciter avec eux des chants religieux et patriotiques, et s'adonner à d'autres activités artistiques et culturelles.

    Avant de quitter les lieux, Ils réunissent les détenus en petits groupes et leur administrent une sorte de thérapie de groupes. Ils discutent avec eux, les écoutent et les encouragent à se dévoiler, s'extérioriser et se confier pour soulager leur détresse. Amyar Abdelghani, coordinateur national pour la réinsertion des mineurs et des jeunes au SMA, a souligné que, conformément à la convention qui lie l'administration pénitentiaire et le SMA depuis 2004, les scouts sont autorisés à rendre visite aux détenus pour les préparer à la réinsertion.

    Chez les hommes, la rupture du jeûne et la prière du maghreb (coucher du soleil) sont suivies, dans la soirée, par les taraouih (prières surérogatoires durant le mois sacré). Par ailleurs, le directeur du centre a précisé que le repas de midi est préparé, comme à l'accoutumée pour environ 100 détenus étrangers non musulmans, notamment des Africains et des Chinois.

    Par le soir
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