Jamais un narcotrafiquant n'avait atteint une telle puissance. Jusqu'à devenir l'ennemi numéro un des Etats-Unis. Il y a quelques semaines, Joaquin "Chapo" Guzman est tombé. Voici comment.
Le très catholique avocat n'en croit pas ses yeux. Voilà bien longtemps que la nuit est tombée sur Puente Grande, la prison de haute sécurité de Guadalajara. Ce jeudi 16 mars 2000, le détenu qu'il doit entendre a... douze heures de retard sur l'horaire prévu ! L'avocat José Ortega veut absolument interroger un narcotrafiquant sur l'assassinat de son client, Son Excellence le cardinal Posadas, victime, selon la thèse officielle, d'un "affrontement entre cartels" à l'aéroport de Jalisco.
Il est 22h30, la porte s'ouvre et apparaît enfin un petit homme de cent soixante-sept centimètres, "El Chapo" ("le trapu", ou "le courtaud"), Joaquín Archivaldo Guzmán Loera pour l'état civil. Pour la légende, il restera "El Chapo", futur parrain du cartel de Sinaloa, milliardaire distingué par la revue "Forbes", classé ennemi numéro un des Etats-Unis, qui deviendra l'homme le plus recherché après la mort de Ben Laden, le trafiquant de drogue - cocaïne, héroïne, marijuana et drogues synthétiques en vrac -, le criminel le plus puissant de la planète. Jusqu'à sa toute dernière arrestation, spectaculaire, le 22 février.
A la surprise de José Ortega, l'audition ne se fera pas au parloir derrière une vitre blindée mais dans le bureau particulier du directeur, qui accompagne son prisonnier vedette. "El Chapo", souriant et décontracté, propose du café, des sodas, des biscuits et consent à expliquer son retard : "J'ai reçu une visite conjugale, puis j'ai pris un bain de vapeur. Après, une petite sieste ! Et me voilà, bien frais, pour vous recevoir..." Pantois, l'avocat regarde cet homme brun, moustachu, la quarantaine ordinaire, qui, tel un paysan, avale les "s", dit "eñor" pour "señor" et économise ses mots comme des balles. Le regard noir, intelligent, pénétrant, scanne le visiteur et lui fait comprendre d'emblée qu'il n'est pas un simple matricule mais bien le patron de l'endroit où il vient d'obtenir son transfert.
Sorti par la "grande porte"
Têtu, l'avocat veut savoir pourquoi son éminence de client a été abattue comme un chien. La thèse officielle parle d'un affrontement entre deux cartels rivaux et d'une balle perdue. Sauf qu'un informateur de l'avocat a parlé d'un troisième groupe d'assassins, une véritable embuscade : "Trouvez qui a convoqué les deux cartels à l'aéroport ce jour-là et vous aurez le commanditaire..." En entendant la question de l'avocat, "El Chapo" se tourne vers le directeur de la prison qui explose : "Ce salopard veut te baiser !" Il n'y aura pas de réponse.
Un an plus tard, caché dans un chariot de linge sale, le détenu s'évade de Puente Grande, surnommée depuis "Puerta Grande" (la "grande porte"). Huit jours avant, Dámaso López - à la fois sous-directeur de la prison et fils de l'avocat d'"El Chapo" - a brutalement démissionné de ses fonctions pour en prendre d'autres, il deviendra l'adjoint du parrain libéré. La légende dit que le fugitif a payé son évasion 5 millions de dollars cash. En réalité, le prisonnier, bien plus subtil, a versé pendant deux ans un salaire mensuel de 3.000 dollars à tous les gardiens de la centrale qui n'ont pu lui refuser, le soir venu, de passer d'une pièce à l'autre... jusqu'au département de blanchisserie. Du cousu main.
Dehors après huit ans de détention, "El Chapo" retrouve ses amours. D'abord le Sinaloa et son village natal de Badiraguato, le "triangle d'or" de la production de drogue dans la Sierra Madre occidentale. Ici, depuis toujours, on marche la faim au ventre en poussant son âne sur un sentier de montagne. Reste la drogue. Le pavot d'abord, qui a fourni la morphine aux GI blessés de la Seconde Guerre mondiale. Et la marijuana, qui couvre les pentes ingrates des vallées devenues si vertes. Venir jusqu'ici nécessite la tacite permission des narcos, violer la loi fait partie de la bonne éducation et on offre une arme au petit pour son anniversaire.
"El Chapo" a grandi dans une de ces fermes de misère où son père le battait comme plâtre et lui a appris les rudiments du trafic. Comme tous ses camarades de classe, à l'heure de la récolte de pavot, il désertait les bancs de l'école pour aider le village aux champs. Aujourd'hui, on donne du "Monsieur" au protecteur, si bon, qui a offert des quads pour remplacer les mulets et crache du plomb transformé en or. Il s'occupe de tout, offre les semences, achète la production, passe les contrats avec les fermiers, les distributeurs et les acheteurs, assurant une chaîne commerciale complète. Ailleurs, les cartels font régner la terreur, exigent un droit sur le sol, rackettent, violent, enlèvent et sèment derrière eux des bouquets de têtes tranchées. Pas dans le Sinaloa, où "El Chapo", homme d'ordre, n'a pas hésité à faire exterminer la bande "M", de jeunes semeurs de troubles qui s'amusaient à remplir des narco-fosses de quatre cents cadavres d'un coup.
Les noces de Miss Sinaloa
La paix, donc, et la prospérité, dans un paysage de paradis. Comment ne pas aimer "El Chapo", quitte à cracher sur la prime de 5 millions de dollars mise par l'Amérique sur sa tête ? "El Chapo" le leur rend bien, lui qui aime tant les filles du pays et s'est marié trois fois. Personne ici n'a oublié le faste de ses noces, en 2007. Elle s'appelait Emma, avait 17 ans et voulait être élue Miss Sinaloa. Il offre un bal public pour soutenir sa candidature et, au jour dit, 300 hommes tout en noir, montés sur des quads et kalachnikovs en bandoulière, encerclent le village. La piste d'atterrissage, à deux kilomètres de là, habituellement surveillée par l'armée, est désertée la veille par les soldats. Trois petits avions se posent. Le premier transporte "El Chapo" et ses adjoints, le deuxième est chargé de vins capiteux, le troisième débarque un groupe musical fameux, le Norteño Banda.
Face à la foule des familles de paysans-narcos, "El Chapo", ému, lit un poème : "En traversant les montagnes, les rivières et les ruisseaux, je suis venu te voir, rose parfumée qui est née pour moi..." La fête durera toute la nuit. Emma sera élue Miss Sinaloa et "El Chapo" l'épousera, dans l'intimité, six mois plus tard, le temps que la belle ait atteint l'âge de 18 ans, bonnes moeurs obligent.
Entre son évasion et son mariage, l'ascension du "Chapo" a été fulgurante. Et liée à l'histoire moderne du Mexique. Depuis les années 1960, tous les gouvernements ont toujours négocié avec les cartels. Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), joli nom paradoxal, est resté au pouvoir sans discontinuer jusqu'à l'an 2000. Au début, il ne s'agit pas de cartels mais de petits paysans organisés pour mieux se défendre. Ils récoltent pavot et marijuana et paient une taxe au gouvernement fédéral qui leur indique aimablement où semer, tout en sécurisant les routes d'exportation vers les Etats-Unis. Dans les années 1970-1980, l'affaire prend de l'ampleur avec l'Irangate. Pour lutter contre le démon communiste au Nicaragua, Ronald Reagan fait vendre des armes à l'Iran dont le bénéfice - armes, fonds, équipements - va aux "contras", activement impliqués dans le trafic de drogue. Et la CIA met en contact les cartels colombiens avec leurs homologues mexicains qui découvrent, éblouis, le marché de la cocaïne. Les profits du cartel de Guadalajara deviennent industriels.
L'escalade de la violence
"El Chapo", petit paysan employé comme opérateur d'un grand cartel du Nord, voit ses parrains changer la donne. Pourquoi payer l'impôt à l'Etat quand on a les moyens de le corrompre ? Direction fédérale de la Sécurité, armée, procureur général et jusqu'aux gouverneurs des régions et à la présidence dont on finance les campagnes électorales, le corps de l'Etat se gangrène. Entre 1988 et 1994, Raúl, le propre frère du président Carlos Salinas, est impliqué dans le trafic. Ernesto Zedillo, dernier président du PRI, tient régulièrement des réunions avec les narcos à Guadalajara, et son secrétaire particulier assiste aux inaugurations de sociétés mafieuses. Des dizaines de témoignages attestent ces relations contre nature. Reste que, jusqu'en 2000, le pays est encore sous contrôle. Chaque cartel gère son territoire, la drogue n'a pas envahi la rue et les épisodes violents sont rares.
Tout explose avec la transition politique. Le vieux PRI sombre aux élections, le PAN (Parti Action nationale), droite libérale, prend le pouvoir et joue les apprentis sorciers avec des cartels qui proclament leur droit à disposer d'eux-mêmes. Et s'affrontent pour la conquête du pays. L'orgie est sanglante : 9.500 morts sous le mandat de Vicente Fox (2000-2006), 90.000 victimes sous Felipe Calderón (2006-2012). En 2012, on meurt plus au Mexique qu'en Afghanistan, Ciudad Juárez devient la ville la plus dangereuse du monde, les narco-fosses débordent de cadavres, les automobilistes passent sous des portiques ornés de corps décapités, têtes par terre, et la torture devient une forme de taquinerie.
A Tijuana, en pointe du mouvement, on arrête le "Pozzolero", l'homme chargé de dissoudre 300 corps dans l'acide avec, dans son garage, des barils pleins de 1.700 litres d'une huile bien trop grasse. Tout ce sang qui passe est dû, en partie, à l'idée martiale du président Calderón d'envoyer l'armée dans la rue. Sauf que les esprits chagrins observent qu'à Ciudad Juárez ou à Tijuana, l'armée écrase d'abord la population et casse surtout les cartels... concurrents du cartel de Sinaloa.
Le très catholique avocat n'en croit pas ses yeux. Voilà bien longtemps que la nuit est tombée sur Puente Grande, la prison de haute sécurité de Guadalajara. Ce jeudi 16 mars 2000, le détenu qu'il doit entendre a... douze heures de retard sur l'horaire prévu ! L'avocat José Ortega veut absolument interroger un narcotrafiquant sur l'assassinat de son client, Son Excellence le cardinal Posadas, victime, selon la thèse officielle, d'un "affrontement entre cartels" à l'aéroport de Jalisco.
Il est 22h30, la porte s'ouvre et apparaît enfin un petit homme de cent soixante-sept centimètres, "El Chapo" ("le trapu", ou "le courtaud"), Joaquín Archivaldo Guzmán Loera pour l'état civil. Pour la légende, il restera "El Chapo", futur parrain du cartel de Sinaloa, milliardaire distingué par la revue "Forbes", classé ennemi numéro un des Etats-Unis, qui deviendra l'homme le plus recherché après la mort de Ben Laden, le trafiquant de drogue - cocaïne, héroïne, marijuana et drogues synthétiques en vrac -, le criminel le plus puissant de la planète. Jusqu'à sa toute dernière arrestation, spectaculaire, le 22 février.
A la surprise de José Ortega, l'audition ne se fera pas au parloir derrière une vitre blindée mais dans le bureau particulier du directeur, qui accompagne son prisonnier vedette. "El Chapo", souriant et décontracté, propose du café, des sodas, des biscuits et consent à expliquer son retard : "J'ai reçu une visite conjugale, puis j'ai pris un bain de vapeur. Après, une petite sieste ! Et me voilà, bien frais, pour vous recevoir..." Pantois, l'avocat regarde cet homme brun, moustachu, la quarantaine ordinaire, qui, tel un paysan, avale les "s", dit "eñor" pour "señor" et économise ses mots comme des balles. Le regard noir, intelligent, pénétrant, scanne le visiteur et lui fait comprendre d'emblée qu'il n'est pas un simple matricule mais bien le patron de l'endroit où il vient d'obtenir son transfert.
Sorti par la "grande porte"
Têtu, l'avocat veut savoir pourquoi son éminence de client a été abattue comme un chien. La thèse officielle parle d'un affrontement entre deux cartels rivaux et d'une balle perdue. Sauf qu'un informateur de l'avocat a parlé d'un troisième groupe d'assassins, une véritable embuscade : "Trouvez qui a convoqué les deux cartels à l'aéroport ce jour-là et vous aurez le commanditaire..." En entendant la question de l'avocat, "El Chapo" se tourne vers le directeur de la prison qui explose : "Ce salopard veut te baiser !" Il n'y aura pas de réponse.
Un an plus tard, caché dans un chariot de linge sale, le détenu s'évade de Puente Grande, surnommée depuis "Puerta Grande" (la "grande porte"). Huit jours avant, Dámaso López - à la fois sous-directeur de la prison et fils de l'avocat d'"El Chapo" - a brutalement démissionné de ses fonctions pour en prendre d'autres, il deviendra l'adjoint du parrain libéré. La légende dit que le fugitif a payé son évasion 5 millions de dollars cash. En réalité, le prisonnier, bien plus subtil, a versé pendant deux ans un salaire mensuel de 3.000 dollars à tous les gardiens de la centrale qui n'ont pu lui refuser, le soir venu, de passer d'une pièce à l'autre... jusqu'au département de blanchisserie. Du cousu main.
Dehors après huit ans de détention, "El Chapo" retrouve ses amours. D'abord le Sinaloa et son village natal de Badiraguato, le "triangle d'or" de la production de drogue dans la Sierra Madre occidentale. Ici, depuis toujours, on marche la faim au ventre en poussant son âne sur un sentier de montagne. Reste la drogue. Le pavot d'abord, qui a fourni la morphine aux GI blessés de la Seconde Guerre mondiale. Et la marijuana, qui couvre les pentes ingrates des vallées devenues si vertes. Venir jusqu'ici nécessite la tacite permission des narcos, violer la loi fait partie de la bonne éducation et on offre une arme au petit pour son anniversaire.
"El Chapo" a grandi dans une de ces fermes de misère où son père le battait comme plâtre et lui a appris les rudiments du trafic. Comme tous ses camarades de classe, à l'heure de la récolte de pavot, il désertait les bancs de l'école pour aider le village aux champs. Aujourd'hui, on donne du "Monsieur" au protecteur, si bon, qui a offert des quads pour remplacer les mulets et crache du plomb transformé en or. Il s'occupe de tout, offre les semences, achète la production, passe les contrats avec les fermiers, les distributeurs et les acheteurs, assurant une chaîne commerciale complète. Ailleurs, les cartels font régner la terreur, exigent un droit sur le sol, rackettent, violent, enlèvent et sèment derrière eux des bouquets de têtes tranchées. Pas dans le Sinaloa, où "El Chapo", homme d'ordre, n'a pas hésité à faire exterminer la bande "M", de jeunes semeurs de troubles qui s'amusaient à remplir des narco-fosses de quatre cents cadavres d'un coup.
Les noces de Miss Sinaloa
La paix, donc, et la prospérité, dans un paysage de paradis. Comment ne pas aimer "El Chapo", quitte à cracher sur la prime de 5 millions de dollars mise par l'Amérique sur sa tête ? "El Chapo" le leur rend bien, lui qui aime tant les filles du pays et s'est marié trois fois. Personne ici n'a oublié le faste de ses noces, en 2007. Elle s'appelait Emma, avait 17 ans et voulait être élue Miss Sinaloa. Il offre un bal public pour soutenir sa candidature et, au jour dit, 300 hommes tout en noir, montés sur des quads et kalachnikovs en bandoulière, encerclent le village. La piste d'atterrissage, à deux kilomètres de là, habituellement surveillée par l'armée, est désertée la veille par les soldats. Trois petits avions se posent. Le premier transporte "El Chapo" et ses adjoints, le deuxième est chargé de vins capiteux, le troisième débarque un groupe musical fameux, le Norteño Banda.
Face à la foule des familles de paysans-narcos, "El Chapo", ému, lit un poème : "En traversant les montagnes, les rivières et les ruisseaux, je suis venu te voir, rose parfumée qui est née pour moi..." La fête durera toute la nuit. Emma sera élue Miss Sinaloa et "El Chapo" l'épousera, dans l'intimité, six mois plus tard, le temps que la belle ait atteint l'âge de 18 ans, bonnes moeurs obligent.
Entre son évasion et son mariage, l'ascension du "Chapo" a été fulgurante. Et liée à l'histoire moderne du Mexique. Depuis les années 1960, tous les gouvernements ont toujours négocié avec les cartels. Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), joli nom paradoxal, est resté au pouvoir sans discontinuer jusqu'à l'an 2000. Au début, il ne s'agit pas de cartels mais de petits paysans organisés pour mieux se défendre. Ils récoltent pavot et marijuana et paient une taxe au gouvernement fédéral qui leur indique aimablement où semer, tout en sécurisant les routes d'exportation vers les Etats-Unis. Dans les années 1970-1980, l'affaire prend de l'ampleur avec l'Irangate. Pour lutter contre le démon communiste au Nicaragua, Ronald Reagan fait vendre des armes à l'Iran dont le bénéfice - armes, fonds, équipements - va aux "contras", activement impliqués dans le trafic de drogue. Et la CIA met en contact les cartels colombiens avec leurs homologues mexicains qui découvrent, éblouis, le marché de la cocaïne. Les profits du cartel de Guadalajara deviennent industriels.
L'escalade de la violence
"El Chapo", petit paysan employé comme opérateur d'un grand cartel du Nord, voit ses parrains changer la donne. Pourquoi payer l'impôt à l'Etat quand on a les moyens de le corrompre ? Direction fédérale de la Sécurité, armée, procureur général et jusqu'aux gouverneurs des régions et à la présidence dont on finance les campagnes électorales, le corps de l'Etat se gangrène. Entre 1988 et 1994, Raúl, le propre frère du président Carlos Salinas, est impliqué dans le trafic. Ernesto Zedillo, dernier président du PRI, tient régulièrement des réunions avec les narcos à Guadalajara, et son secrétaire particulier assiste aux inaugurations de sociétés mafieuses. Des dizaines de témoignages attestent ces relations contre nature. Reste que, jusqu'en 2000, le pays est encore sous contrôle. Chaque cartel gère son territoire, la drogue n'a pas envahi la rue et les épisodes violents sont rares.
Tout explose avec la transition politique. Le vieux PRI sombre aux élections, le PAN (Parti Action nationale), droite libérale, prend le pouvoir et joue les apprentis sorciers avec des cartels qui proclament leur droit à disposer d'eux-mêmes. Et s'affrontent pour la conquête du pays. L'orgie est sanglante : 9.500 morts sous le mandat de Vicente Fox (2000-2006), 90.000 victimes sous Felipe Calderón (2006-2012). En 2012, on meurt plus au Mexique qu'en Afghanistan, Ciudad Juárez devient la ville la plus dangereuse du monde, les narco-fosses débordent de cadavres, les automobilistes passent sous des portiques ornés de corps décapités, têtes par terre, et la torture devient une forme de taquinerie.
A Tijuana, en pointe du mouvement, on arrête le "Pozzolero", l'homme chargé de dissoudre 300 corps dans l'acide avec, dans son garage, des barils pleins de 1.700 litres d'une huile bien trop grasse. Tout ce sang qui passe est dû, en partie, à l'idée martiale du président Calderón d'envoyer l'armée dans la rue. Sauf que les esprits chagrins observent qu'à Ciudad Juárez ou à Tijuana, l'armée écrase d'abord la population et casse surtout les cartels... concurrents du cartel de Sinaloa.
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