Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Thierry F, un phenomene impressionant

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Thierry F, un phenomene impressionant

    Dans un livre à paraître aux éditions Albin Michel*, Thierry F. raconte comment depuis vingt-quatre ans il vit aux crochets des Assedic, ASS et autres CMU. Légalement...

    par Christophe Ono-Dit-Biot (29/09/2006) Le Point

    Ce matin, après sa séance de musculation et les yaourts de son petit déjeuner, Thierry n'ira pas travailler. Pas parce que la pluie qui détrempe les rues de Roanne lui donne le bourdon, mais parce que c'est comme ça tous les jours, depuis vingt-quatre ans. Vingt-quatre ans qu'il entend ses voisins se lever à l'aube et qu'il se dit, enveloppé dans la chaleur de sa couette : « Je préfère être à ma place qu'à la leur. » Vingt-quatre ans qu'il est chômeur, et content. Et aujourd'hui, encore plus fort, on l'interviewe pour ça !

    Il a 44 ans et le sourire aux lèvres. Une Alfa Romeo anthracite et un appartement à lui, parce que « les locations, c'est de l'argent perdu ». Il porte un jean, un tee-shirt Levi's, mais pas de baskets de marque, parce qu'« on ne peut pas tout avoir ». Poignée de main cordiale : un quart de siècle de chômage, ça vous conserve un homme. A part sa presbytie, compensée par de fines lunettes à 500 euros payées par la CMU, Thierry tient la forme. Drôle de coïncidence, il accuse même une énorme ressemblance avec Didier Super, le pape du rock nordiste encensé par Les Inrocks, qui chante que « le travail, il faut le laisser à ceux qui en ont besoin pour se sentir bien dans leur peau ». Thierry ne connaît pas Didier Super, mais il est entièrement d'accord avec lui. « Pourquoi culpabiliser ? Je me suis contenté de suivre la législation française à la lettre », se justifie-t-il. Sur les murs de son studio, Lara Croft impose ses formes de rêve. Question filles, ça va pas mal pour lui aussi, sauf pour les plans à long terme, à cause de son statut. Il s'en fout, Thierry, il a gardé son âme d'ado. Le poster de Lara Croft, c'est un ami gérant de cinéma qui le lui a offert. Grâce à lui, Thierry voit les films en avant-première. Juste à côté, l'intégrale de Johnny fait face à la fenêtre ouverte sur les courts du club de tennis. Toujours en short et polo blanc, car il est « à cheval sur les couleurs », Thierry y joue gratuitement. « J'ai l'air du type qui s'est construit une belle vie. » Sur son bureau, enfin, avec ordinateur et webcam, repose le manuscrit de son livre. Il a commencé à l'écrire en réaction à des auditeurs de RTL qui, un matin, s'étaient emportés contre un type qui voyageait depuis six mois tout en touchant le chômage. « Six mois, c'est tellement ridicule ! » s'amuse-t-il.

    Il peut être fier de lui, Thierry : trente et un mois de travail sur treize ans, pour vingt-quatre années de « farniente rémunéré ». Un hold-up pacifique, avec l'administration comme complice. Comment a-t-il pu passer entre les mailles du système ? En travaillant, pardi, parce que chômeur, à ce niveau-là, « c'est un métier ». La preuve, Thierry a consacré une pièce entière à ses « archives professionnelles », comme il dit. Des dossiers, des livres, des revues spécialisées. Il les a tous lus, relus, potassés. Au point, désormais, de servir d'avocat-conseil à ses amis salariés : « Je connais le système par coeur. Grâce à moi, ils ont obtenu de sacrées indemnités de leur employeur. La preuve que chômeur, c'est utile. Parfois, je fais nounou aussi. Nounou bénévole, je précise. »

    Son secret se nomme ASS. « Allocation spécifique de solidarité ». Ou comme il dit, lui, en remerciant la France, « Aide si sympathique ». 600 euros par mois, versés par les Assedic. A vie, et quasi sans contrôle. « Le RMI, c'est beaucoup plus pénible, car vous êtes suivi par une assistante sociale. Forcément, dans RMI, il y a I, comme insertion ! » L'ASS, c'est donc la planque. Sans compter l'allocation logement, le Fonds solidarité énergie, la taxe d'habitation presque gratuite, la prime de Noël, et tout ce qu'il pourrait toucher de la commune, mais qu'il se refuse à demander. « Profiter de l'argent de contribuables que je connais depuis l'enfance, pas question ! » Moral, avec ça. Bien sûr, en contrepartie, Thierry doit s'engager à rechercher « activement » un emploi. Au début, quand il a commencé, à 18 ans, à chômer après six mois de gardiennage en centrale nucléaire - « un boulot de Shadok », commente-t-il -, ça l'a un peu effrayé. « Mais c'est un peu comme lorsqu'on commence un nouvel emploi, écrit-il, plus on souhaite voir sa situation perdurer, plus on y met d'énergie et plus on devient performant. » Et performant, Thierry l'est incontestablement. Jusqu'à prendre les devants en contactant lui-même les employeurs pour prouver qu'il veut quitter son « effroyable condition ». Un CV à rédiger ? Il file à ses « archives », s'empare de sa bible, « Découvrez le potentiel qui se cache en vous ! », et fait exactement le contraire de ce qu'on y préconise. Police de caractère fantaisiste, ajout de précisions à la main, « pour faire tatillon et brouillon en même temps », et omission de sa nationalité. « Ceux qui le font sont souvent des étrangers, et les patrons n'aiment pas les étrangers. » Et si, par miracle, l'un de ses CV finit par atterrir sur le bureau d'un entrepreneur, Thierry se charge illico de changer le miracle en cauchemar. Il troque ses lunettes ultralégères, contre les anciennes, des culs de bouteille « à la Yves Mourousi ». Il met une veste en laine, « pour faire pitié », et répond toujours à côté, mais avec le sourire. « Jacques Tati m'a énormément inspiré », confesse-t-il. Au cas où ça marcherait quand même, il dit qu'il n'a pas le téléphone, alors qu'il a eu un portable dès les années 90, bien avant ses copains salariés que ça énervait beaucoup. Effacée aussi, l'Alfa Romeo qu'il bichonne quotidiennement : pour ses potentiels employeurs, Thierry perd vite tous ses attraits.

    Scandaleux ? Il est entièrement d'accord. « Le laxisme de mon pays m'étonne », écrit-il, raillant le nom des formations qu'on lui fait suivre, « Genesis », « Horizon 2020 », et épinglant les déclarations de Borloo sur le suivi personnalisé. Depuis qu'il pointe à l'ANPE de Roanne, il n'a jamais vu la même personne. Il aimerait bien que son livre fasse polémique, « même si ça peut paraître contradictoire ». Fan de François de Closets, le chantre de la chasse au gaspi, il ne vote pas mais apprécie la rigueur de Strauss-Kahn et la fermeté de Sarkozy. « Il y a trop d'excès », lâche-t-il, avant de dénoncer, pêle-mêle, les « kits Assedic » qu'on achète sous le manteau, la prime de rentrée scolaire qui permet aux vendeurs de hi-fi d'augmenter de 20 % leur chiffre dans le week-end qui suit, et les charges qui pèsent sur les patrons. Il faut dire qu'il l'a été, pendant un an, montant et dirigeant un dépôt-vente d'électroménager avant de se faire « plumer par l'Urssaf » et de retourner dans le giron de l'Etat, qui lui a enfin prouvé que « gagner le smic et perdre tous ses avantages, ce n'est pas très rentable ». Le souvenir de son père ébéniste, qui pendant cinquante et un ans a construit des cuisines aménagées sans pouvoir s'en offrir une, fait figure pour lui de repoussoir. Le tube « Urssaf, Cancras et Carbalas » des Inconnus, qu'il chante avec ses neveux devant sa webcam, lui sert d'hymne. Et quand bien même, comme il le dit en vous reconduisant à la gare dans son Alfa 33, il serait « le dernier des Mohicans », personne, jusqu'ici, n'a encore jamais tenté d'avoir son scalp.
    Dernière modification par Le sioux foughali, 17 octobre 2006, 19h48.

  • #2
    Ca sent la manipulation politique.Peut être le clan des libéraux atlantistes qui luttent contre les acquis sociaux des français.Donc méfiance.

    Commentaire


    • #3
      quelques reactions contre l'article du point

      Une reaction d'Agnes Maillard

      Thierry F. et Le Point : le « parasite » publie un « droit de réponse »
      Le 1er octobre 2006, AC ! publiait sur son site : http://www.ac-reseau.org/ un article intitulé : « L’appel au lynchage de l’hebdomadaire Le Point ».

      Cet article répondait à un « témoignage » de « Thierry F. », chômeur anonyme de Roanne que Le Point n’hésitait pas à traiter de « parasite ».

      Cette semaine, l’hebdo Le Point publie un étonnant « droit de réponse » à notre article.

      Etonnant car ce droit de réponse ne nous est pas adressé.

      Etonnant encore car il ne concerne pas les personnes que nous avons mises en cause.

      Pas de demande de droit de réponse de François Pinault, le propriétaire du Point dont nous évoquions l’amende de 475 millions d’euros payée par les contribuables et les 9 millions d’indemnités de licenciement versées à son ami Blayau, pas de demande de droit de réponse encore de la rédaction du Point que nous accusons de mensonges et de manipulations quant à ses allégations entre autres sur le RMI et qui, en associant des chômeurs à des « parasites » (à quand les « cancrelas » ?) appelle à leur éradication. Enfin, aucune demande de « droit de réponse » du rédacteur de l’article, Ono-Dit-Biot, dont nous dénoncions au mieux le manque de rigueur professionnelle, au pire la malhonnêteté intellectuelle.

      En revanche, l’inénarrable Ono-Dit-Biot aurait vu un « mail violent titré L’appel au lynchage de l’hebdomadaire Le Point » d’AC ! –au point d’approximation où en est l’inénarrable, confondre un « mail » avec un site public ne ternira pas plus sa réputation-, « mail violent » comportant des « accusations » que Thierry F. aurait souhaité « réfuter, point par point » sur le site … du Point !

      En guise de réfutation, Thierry F. confirme point par point … l’imposture du Point !

      L’ASS, c’est bien 14,25 euros par jour maximum (entre 427,50 et 441,75€ par mois), reconnaît Thierry F. « Sauf, ajoute-t-il, que je perçois bien 600 € car à l’ASS, je joins une allocation logement de 154 €. ».

      Mais Le Point n’écrivait pas qu’il percevait 600 euros d’allocations. Le Point écrivait qu’il percevait 600 euros d’ASS. Et l’allocation logement en plus :

      « Son secret se nomme ASS. « Allocation spécifique de solidarité ». Ou comme il dit, lui, en remerciant la France, « Aide si sympathique ». 600 euros par mois, versés par les Assedic. (…) Sans compter l'allocation logement (…)».

      L’allocation logement, indépendante de l’ASS, est versée par la CAF.

      Sur cette allocation logement, Thierry F. confirme encore nos informations : En tant que propriétaire, s’il la perçoit, c’est parce qu’il rembourse un crédit, ce que Le Point avait omis d’indiquer.

      Comme l’ineffable avait omis d’indiquer que Thierry F. avait payé l’an dernier une taxe foncière de 177 euros.

      Des « fines lunettes à 500 euros payées par la CMU » ? Là encore, Thierry F. confirme toujours nos informations. La CMU lui a remboursé 110 euros.

      L’ASS versée « à vie, et quasi sans contrôle » selon Le point ? Pas tout à fait, selon le témoin qui subit tous les 6 mois un contrôle des ressources et un contrôle de la recherche d’emplois (réponses des employeurs sollicités) et qui a fréquenté les ateliers occupationnels aux titres alléchants comme « objectif emploi » et « objectif projets » pendant lesquels les demandeurs d’emploi apprennent à se vendre à défaut de trouver un employeur, quand bien même le souhaiteraient-ils.

      « Il peut être fier de lui, Thierry : trente et un mois de travail sur treize ans, pour vingt-quatre années de « farniente rémunéré », écrivait l’inénarrable. Là encore, l’intéressé dément : « je ne suis pas chômeur depuis 20 ans ». En outre, les conditions d’admission à l’ASS ont été durcies en janvier 1997 et nombre d’allocataires qui avaient eu la mauvaise idée d’accepter un emploi précaire après cette date ont eu la surprise de perdre leurs droits et de se retrouver au mieux au RMI, souvent sans aucune allocation.

      Quoiqu’il en soit, le combat douteux du Point pour que l’Etat extirpe les pauvres de leurs « trappes à inactivité » pour les jeter dans les galères des travailleurs pauvres est largement dépassé : le SMP « suivi mensuel personnalisé » que les chômeurs comme les agentEs de l’ANPE (voir notre rubrique "les révoltéEs de l’ANPE") nomment le « contrôle » voire le « flicage » mensuel auquel tous les chômeurs seront bientôt assujettis, vise à les obliger à accepter un retour au régime salarial du XIXème siècle voire même, sous couvert {« d’insertion »}, à travailler gratuitement dans le cadre de stages et d’EMT (« Evaluation en Milieu de Travail »), 80 heures que l’ANPE paie … au patron !

      Et ceci sous menaces permanentes de radiation.

      Si les lecteurs du Point tiennent à connaître la réalité des contrôles de l’Etat et du patronat sur la main d’œuvre au chômage et les façons de la plier à la précarité forcée, qu’ils lisent « Chômage, des secrets bien gardés » de Fabienne Brutus, employée de l’ANPE (chez J.-C. Gawsewitch).
      Dernière modification par Le sioux foughali, 17 octobre 2006, 20h21.

      Commentaire


      • #4
        Chômage : quand Le Point manipule l'opinion
        Publié le 29/09/2006 à 19h:15m http://www.mesblogs.com/google_syndi...id_syndic=1201

        Bétise ou désinformation ? Un journaliste - quel qu'il soit (je veux dire de gauche ou de droite) - peut il écrire de pareilles âneries, sans vérifier un tant soit peu les propos de son interlocuteur.... C'est consternant. A moins qu'il n'y ait derrière le propos de l'article qui va suivre l'intention d'une réelle malveillance idéologique, qui consiste à dénoncer ces "salauds de chômeurs" qui profitent.

        Agnès Maillard (Le Monolecte et Le Monde Citoyen) rapporte donc sur son blog la colère qui l'anime, après avoir lu un article pitoyable dans l'édition du Point, cette semaine. "Le Point, que je me retiens de qualifier d'immonde torche-***, par la plume de Christophe Ono-Dit-Biot, nous apprend combien il est facile de vivre au crochet des dispositifs d'aide aux chômeurs", ironise Agnès.

        Le "sujet" : il s'agit du témoignage de Thierry F. (44 ans) qui raconte, dans un livre à paraître, ses "24 ans de chômage". Tout le problème de l'article réside dans le fait que son auteur n'a pas vérifié les dires de son interlocuteur. Du coup, c'est un tissu d'inepties qui vient de paraître dans cet hebdo à diffusion nationale, des propos pointant du doigt les chômeurs qui vivent comme de véritables parasites au crochet de la société. Un témoignage qu'Agnès Maillard qualifie de "manipulation de l'opinion, totalement honteuse".

        C'est donc l'histoire de Thierry F., qui vivrait comme un prince des systèmes d'indemnisation du chômage depuis 24 ans. Accrochez-vous bien, le récit vaut son pesant de cacahuètes :


        Il faut absolument aller lire Le Monolecte : Agnès y démonte un à un les invraisemblances du soi-disant chômeur en rappelant la réalité légale du chômage, des assedic et des allocations de solidarité. En prime, elle raconte son vécu ou celui d'autres personnes privées d'emploi... et on est très loin du chômage cool.
        Agnès a bien raison d'apostropher le "journaliste" du Point : "Que cette buse de Christophe Ono-Dit-Biot vienne tester par lui-même la très grande générosité du modèle social français et qu'il en reparle dans un an ou deux. Qu'il vienne se vautrer dans la paresse avec les factures à payer, les agents de la CAF qui vous traîtent d'office comme des criminels ou des menteurs et les convocations ANPE à répétition, voire les humiliations de la vie quotidienne d?un pauvre. Qu'il vienne goûter à la série des avantages que procure la rente du RMI(2) au lieu de faire son envieux tout au long de l'article".
        Il y a des coups de pied aux fesses qui se perdent...

        Commentaire

        Chargement...
        X