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Le terrorisme n’a pas de sacré

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  • Le terrorisme n’a pas de sacré

    Quelques jours à peine après le meurtre du président de l’Assemblée de wilaya de Tizi Ouzou, les terroristes viennent de massacrer huit gardes communaux dans la région de Miliana. Aucun récit de ce nouveau forfait n’a omis de préciser que les victimes ont été surprises par leurs assassins au moment où elles étaient en train de faire leur prière. Le fait rappelle que la piété de leurs cibles n’a jamais contenu l’ardeur criminelle des groupes islamistes.

    Dans le discours réprobateur du terrorisme, la dévotion de la victime et le contexte parfois sacré de leurs méfaits (mosquée, lieu de prière) sont présentés comme des circonstances aggravantes. Pourtant, chez les terroristes, la piété n’est pas une circonstance atténuante pour la victime.
    Une certaine naïveté consiste à confondre la finalité politique de l’islamisme armé avec la nature messianique qu’il revendique. Du moment que sa mission rédemptrice passe par la prise de pouvoir et que la fin justifie tous les crimes, nul n’est plus à l’abri du glaive conquérant. Pour peu que son exécution puisse être justifiée plutôt par la conquête du pouvoir que par le projet de réhabilitation de l’Islam.

    On observe cependant que, dans les pays musulmans menacés par l’hégémonie fondamentaliste en général, et dans notre pays en particulier, la montée de l’intégrisme s’accompagne d’une exhibition croissante des signes de dévotion, d’abord à partir de l’État et ensuite dans la société. En fermant les yeux sur tous les comportements à prétexte religieux, notamment vestimentaires, qui se légitiment religieusement par leurs auteurs, les responsables ne cherchent pas toujours à participer à la promotion du culte. Certains responsables, à différents niveaux, et dans toutes sortes de secteurs, ont là le souci de donner des gages de leur disponibilité à contribuer à l’impulsion de la pratique religieuse. Peut-être que les prétendus défenseurs de la foi leur en sauraient gré.

    Au niveau individuel, cette volonté, mue par la peur de la violence intégriste, de s’attirer les bonnes grâces de l’islamisme menaçant aboutit à la floraison de signes apparents de piété. À côté de la foi réelle, naît et croît un mouvement pharisien où le kamis, la barbe et, depuis quelque temps, le tapis de prière sous le bras, prennent plus d’espace que sa conduite, dans l’image du fidèle. Verbalement, les expressions pieuses et les références sociales (comme d’énoncer son timing en fonction des noms de prières) complètent la liste des attributs du bon musulman.

    Le danger, au plan politique, est que sans vaincre militairement, les intégristes codifient les mœurs de la société. Grâce à la peur qu’ils nous ont inoculée et parce que l’État, au lieu de nous aider à la vaincre, l’entretient par sa démarche conciliatrice. Le danger, au plan social, est que la fausse dévotion, en se suffisant à elle-même, ne détache la religiosité de son corollaire, la vertu. Ce qui est déjà en cours. Car, à voir se propager une dévotion ostensible et sonore — au point où l’État songe à réglementer les décibels des mosquées —, on peut se demander pourquoi, dans le même temps, la délinquance ne s’est jamais autant démocratisée et l’insécurité n’épargne plus aucun quartier.

    Par Mustapha Hammouche - Liberté
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