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En déstabilisant l'Ukraine pour l'empêcher de se rapprocher de l'Ouest, le président russe utilise une recette employée par les Américains... contre l'URSS.
L'ancien conseiller de Ronald Reagan et de George Bush qu'est Edward Luttwak définit ainsi la difficulté des Occidentaux à répondre avec des mesures appropriées aux provocations de Poutine, d'abord en Crimée, et maintenant dans l'est de l'Ukraine : "Nos dirigeants ont dans la tête un agenda de l'après-guerre (celle de 39-45). Poutine, tout comme d'ailleurs les Chinois, raisonne avec des idées qui sont celles d'avant-guerre." En effet, il est troublant de constater que la volonté du président russe, dans sa campagne pour imposer des référendums en faveur du rattachement à la Russie de territoires où il existe des minorités russophones plus ou moins importantes, rappelle furieusement le forcing d'Hitler pour annexer les Sudètes en septembre 1938.
Mais il existe une autre similitude, encore plus saisissante, parce qu'elle est à la fois plus inattendue et plus proche de nous : l'éditorialiste du Washington Post, David Ignatius, a remarqué que la façon d'agir en Europe de l'Est du président russe ressemblait beaucoup à la tactique utilisée par Ronald Reagan contre ce qu'il appelait alors "l'empire du mal". Car, pour mettre l'URSS à genoux, il n'y a pas eu seulement cette folle course aux armements de la guerre des étoiles, qui a contraint les dirigeants soviétiques à dire "pouce", parce qu'ils ne pouvaient pas suivre. Il y a eu aussi toutes ces opérations de déstabilisation de régimes favorables à Moscou, au Nicaragua, en Angola et même en Afghanistan.
Des hommes sans uniforme ni écusson
Des actions clandestines, menées par des milices locales aidées par des conseillers, des experts, des mercenaires sans uniforme, ni écusson, expédiés en grand secret dans ces pays par les États-Unis. Les contras au Nicaragua, les moudjahidine en Afghanistan et, même, à sa manière, Solidarnosc avec Lech Walesa en Pologne ont participé à cette déstabilisation de l'empire soviétique. Comme pour l'Ukraine, nul n'ignorait, et surtout pas les Soviétiques, que les Américains étaient à la manoeuvre. Mais les experts de la CIA avaient convaincu Reagan que l'URSS, en dépit de ses énormes capacités militaires, serait impuissante à contrer ces "covert opérations", comme les appelaient les Américains.
Il y a toutefois deux différences entre la situation actuelle à Donetsk et celle qui prévalait à Managua. La première est la présence de l'Armée rouge avec 50 000 hommes, des chars, de l'aviation aux frontières est de l'Ukraine. La seconde est que les États-Unis sont une grande démocratie, la justice américaine a donc fini par s'émouvoir de l'illégalité des opérations clandestines menées par les contras avec l'appui de la CIA et l'argent du contribuable américain et les a fait cesser. Rassurons-le tout de suite, pour ses actions clandestines en Ukraine, Poutine n'encourt pas ce genre de risques.
le point fr
L'ancien conseiller de Ronald Reagan et de George Bush qu'est Edward Luttwak définit ainsi la difficulté des Occidentaux à répondre avec des mesures appropriées aux provocations de Poutine, d'abord en Crimée, et maintenant dans l'est de l'Ukraine : "Nos dirigeants ont dans la tête un agenda de l'après-guerre (celle de 39-45). Poutine, tout comme d'ailleurs les Chinois, raisonne avec des idées qui sont celles d'avant-guerre." En effet, il est troublant de constater que la volonté du président russe, dans sa campagne pour imposer des référendums en faveur du rattachement à la Russie de territoires où il existe des minorités russophones plus ou moins importantes, rappelle furieusement le forcing d'Hitler pour annexer les Sudètes en septembre 1938.
Mais il existe une autre similitude, encore plus saisissante, parce qu'elle est à la fois plus inattendue et plus proche de nous : l'éditorialiste du Washington Post, David Ignatius, a remarqué que la façon d'agir en Europe de l'Est du président russe ressemblait beaucoup à la tactique utilisée par Ronald Reagan contre ce qu'il appelait alors "l'empire du mal". Car, pour mettre l'URSS à genoux, il n'y a pas eu seulement cette folle course aux armements de la guerre des étoiles, qui a contraint les dirigeants soviétiques à dire "pouce", parce qu'ils ne pouvaient pas suivre. Il y a eu aussi toutes ces opérations de déstabilisation de régimes favorables à Moscou, au Nicaragua, en Angola et même en Afghanistan.
Des hommes sans uniforme ni écusson
Des actions clandestines, menées par des milices locales aidées par des conseillers, des experts, des mercenaires sans uniforme, ni écusson, expédiés en grand secret dans ces pays par les États-Unis. Les contras au Nicaragua, les moudjahidine en Afghanistan et, même, à sa manière, Solidarnosc avec Lech Walesa en Pologne ont participé à cette déstabilisation de l'empire soviétique. Comme pour l'Ukraine, nul n'ignorait, et surtout pas les Soviétiques, que les Américains étaient à la manoeuvre. Mais les experts de la CIA avaient convaincu Reagan que l'URSS, en dépit de ses énormes capacités militaires, serait impuissante à contrer ces "covert opérations", comme les appelaient les Américains.
Il y a toutefois deux différences entre la situation actuelle à Donetsk et celle qui prévalait à Managua. La première est la présence de l'Armée rouge avec 50 000 hommes, des chars, de l'aviation aux frontières est de l'Ukraine. La seconde est que les États-Unis sont une grande démocratie, la justice américaine a donc fini par s'émouvoir de l'illégalité des opérations clandestines menées par les contras avec l'appui de la CIA et l'argent du contribuable américain et les a fait cesser. Rassurons-le tout de suite, pour ses actions clandestines en Ukraine, Poutine n'encourt pas ce genre de risques.
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