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Etienne, 15 200 euros par mois, travaille sur une plateforme de forage de pétrole

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  • Etienne, 15 200 euros par mois, travaille sur une plateforme de forage de pétrole

    Théo du Couedic | Rue89

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    Etienne, 36 ans, est chef de chantier off-shore sur une plateforme de forage au large du Brésil. Quand il n’est pas en mer, il retape des maisons achetées sur Le Bon Coin. Il nous dévoile ses comptes.


    Selfie d’Etienne, en haut du derrick de la plateforme (DR)
    Etienne, 36 ans, est chef de chantier off-shore. Son rythme de travail : trente jours en pleine mer à travailler douze heures pas jour, sept jours sur sept, suivi de trente jours sur la terre ferme – dans sa maison d’Avignon –, exempté de tout impératif.

    « Et encore, douze heures par jour, c’est ce qui est marqué sur le papier. Ça doit davantage environner les quatorze heures pour un chef de chantier. »

    Un travail de forage de pétrole donc, en pleine mer, sur une plateforme. Engagé par une entreprise qui opère dans le monde entier (et dont il préfère taire le nom), Etienne gère en ce moment une équipe de « 24 bonhommes », au large du Brésil.

    Il dort dans une petite cabine individuelle de 4 m², « juste ce qu’il faut », mais un luxe quand même. La plupart des salariés se partagent, eux, une cabine à deux, trois ou quatre. Il est nourri gratuitement, et n’a pas le loisir de faire du shopping. Pendant trente jours, il ne dépense donc rien.

    « En mer, les erreurs ne sont pas acceptables »

    En 2000, Etienne se trouve dans la dernière tranche d’âge qui doit encore effectuer un service militaire. La seule solution qu’il trouve pour y échapper, c’est de décrocher un CDI de forage en pleine mer. Au fil des mois, il se prend de passion pour le milieu et le métier.

    Il évolue petit à petit dans ce qu’il appelle le « petit monde du forage », passant du statut d’agent de nettoyage à celui de chef de poste pour travailler aujourd’hui comme chef de chantier off-shore. Une bonne place, régulièrement remise en jeu :

    « Tous les deux ans, on doit repasser un stage obligatoire. On est obligés de l’avoir pour continuer le job. On est testés tout le temps : il y a toujours des évolutions dans le métier, et en mer, les erreurs ne sont pas acceptables. »

    Son métier exige un niveau théorique d’ingénieur et de solides compétences en technique et en logistique. Toutes les instructions sont en anglais. Etienne parle donc anglais couramment. Au Brésil, il a aussi appris le portugais, sur le tas.

    Au travail, les relations sont « spéciales » :

    « Je peux démissionner avec un texto : “Bonjour”, “Au revoir” et la page est tournée. Dans le boulot, c’est hyper-variable. C’est du mercenariat. C’est la mentalité. »

    « C’est un petit monde, on repère vite les mecs qui taffent bien »

    Lors de ses périodes en mer, iI croise des personnes de tous les âges, toutes les nationalités, toutes les religions :

    « J’ai des potes écossais qui vivent en Thaïlande, des copains australiens avec qui j’ai skié récemment... Ce métier est passionnant, mais c’est un turn-over d’enfer ! »

    Les coutumes, les façons de manger, la langue : Etienne s’attache vite – « Je serre des pognes facilement », commente-t-il. Sur une plateforme, il se souvient avoir compté 70 nationalités différentes sur un total de 150 personnes.

    Chaque période en mer est l’occasion de développer un réseau, de « bien bosser », de faire bonne impression et de montrer de quoi il est capable. De cette façon, il peut toujours retomber sur ses pieds, car le job est instable.

    « Le forage, c’est un petit monde. On repère vite les mecs qui taffent bien. J’ai quatre ou cinq pistes en permanence. »

    Un plan de retraite « maison »

    Etienne ne bénéficie d’aucun plan de retraite. Il a rapidement fait le calcul : il vaut mieux travailler dans l’international sans cotisation de retraite, plutôt que cotiser en France. Il couvre donc ses arrières. Quand il rentre en Provence, il retape des maisons achetées sur Le Bon Coin :

    « C’est un boulot que je faisais depuis tout petit. Evidemment, il faut sortir des sous de sa poche, mais je prends en priorité les maisons à moins de 1 000 euros le m². Avec de la verdure, des commerces aux alentours et pas des trains qui passent au cul. »

    Concernant sa vie de couple, aucun remous à signaler. Au contraire :

    « Je vis avec ma femme depuis douze ans, on est mariés depuis sept ans. On s’est habitués à ce rythme de vie avec l’expérience. Le plus important, c’est d’être patient et de se faire confiance. »

    L’hiver, le couple passe des week-ends au ski, prévus « un peu à l’arrache ». L’été, direction le bord de mer, peut-être leur seul moment de véritable relaxation :

    « C’est le seul moment de l’année où on ne pense à rien. »

    Le reste du temps se partage entre jardinage, moto, décoration, bricolage en tout genre, soirées entres amis et placements financiers sur des PME. Ceux-ci ne lui rapportent rien pour le moment.

    Son nouvel objectif : passer le permis bateau.

    Revenus : 15 200 euros par mois

    Salaire net : environ 15 200 euros par mois
    Le salaire d’Etienne est variable, il a changé plusieurs fois de boîtes :
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    « Je gagnais un peu plus avant, avec des primes notamment. »

    Grâce à ses voyages professionnels, il cumules des miles Air France. C’est l’occasion pour Etienne d’en filer à des copains ou à de la famille. Il a récemment fait venir des amis en avion pour l’anniversaire de sa femme.

    Avec son contrat actuel, Etienne ne dispose pas de cotisation chômage, ni de retraite.

    « J’ai trente jours de préavis avant un licenciement, idem pour démissionner. C’est un type de contrat plutôt courant dans notre secteur. »

    Dépenses fixes : 7 100 euros par mois

    Sa femme ne travaillant pas, c’est Etienne qui paye tout.

    EDF : 83 euros par mois
    Eau : 28 euros par mois
    Chauffage au bois : 88 euros par mois
    Remboursement de prêts : 2 680 euros par mois
    Ce remboursement se compose de :

    - 930 euros par mois pour sa résidence principale à Avignon ;

    - 370 euros par mois pour sa voiture ;

    - 640 euros par mois pour la voiture de sa femme ;

    - 740 euros par mois de crédit de maison pour ses investissements.

    Impôt sur le revenu : 2 916 euros par mois
    Etienne paye ses impôts au Brésil actuellement, afin d’éviter la double imposition :

    « Pour le moment, je ne paie plus d’impôt sur le revenu en France, car le pays où je travaille a un accord bilatéral [PDF] avec la France. »

    Taxe d’habitation : 125 euros par mois
    Taxe foncière : 368 euros par mois
    Assurances : 167 euros par mois
    Frais bancaires : 63 euros par mois
    Transports : 380 euros par mois
    Son véhicule diesel lui coûte 80 euros par mois, le véhicule essence de sa femme 150 euros par mois, et l’entretien, 150 euros par mois également.

    Téléphonie et Internet : 200 euros par mois

    Les dépenses fixes d’Etienne
    Dépenses variables : environ 2 720 euros par mois

    Courses et alimentation : 350 euros par mois
    « N’étant pas a la maison six mois de l’année, c’est difficile a calculer mais disons que nous dépensons à peu près cette somme par mois. »

    Vêtements : environ 180 euros par mois
    Santé : 27 euros par mois
    Etienne va chez l’osthéopate deux fois par an et à un contrôle de routine chez le dentiste deux fois par an également.

    Travaux de maisons : 400 euros par mois environ
    Etienne rénove des maisons pendant ses « repos » afin de préparer sa retraite. Il a donc beaucoup investi ces trois dernières années, à hauteur de 35 000 euros par an.

    « Maintenant, c’est plus calme jusqu’à la prochaine maison. En général, je fais tout moi-même donc je ne paie que les matériaux. L’entretien courant plus les petits travaux doit environner les 400 euros par mois. »

    Loisirs : 630 euros par mois environ
    Les dépenses sont variables. Tout dépend de la période de l’année. Le budget jardinage leur coûte environ 2 000 euros par an, l’entretien de la moto 1 200 euros par an.

    « Nous aimons aussi beaucoup aller au restaurant... ou recevoir et cuisiner pour les potes et la famille. Environ 1 800 euros par an. »

    Animaux : 33 euros par mois
    Etienne et sa femme ont deux chats. Cette somme correspond à la nourriture et aux frais de vétérinaire.

    Alcool : environ 100 euros par mois
    Etienne boit pas mal de vin et champagne quand il rentre sur la terre ferme. A bord, c’est interdit :

    « Avec des amis, nous nous regroupons pour acheter le champagne en palette et en faire profiter autour de nous. »

    Voyages : environ 1 000 euros par mois
    Hiver au ski et été à la plage, Etienne et sa femme voyagent de plus en plus depuis que cette dernière ne travaille plus :

    « Nous profitons a chacun de mes repos. On va à Paris une fois par an, pour visiter, voir des spectacles... faire les touristes quoi. La plupart du temps, nous allons à l’hôtel, mais nous louons aussi des appartements. »


    Les dépenses variables d’Etienne
    Epargne : environ 5 400 euros par mois

    Etienne épargne environ 5 400 euros par mois, ce qu’il appelle « la bonne discipline ». C’est quelque chose de récent pour lui :

    « Mes dépenses liées au travaux de mes maisons ont diminué en 2014 et sont quasiment nulles maintenant... Ça me permet de davantage épargner ! »

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    André, 30 ans, ingénieur globe-trotter pour 3 600 euros par mois

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    Sur Rue89
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    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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