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Nouveaux soupçons sur le bisphénol A

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  • Nouveaux soupçons sur le bisphénol A

    L'étau se resserre autour du perturbateur endocrinien qui, selon une étude française, serait capable de tromper plus d'un type de récepteur hormonal. Explications.

    On pensait jusqu'ici que le bisphénol A (BPA), perturbateur endocrinien dissimulé dans une vaste gamme de produits de consommation courante, agissait principalement sur les récepteurs des oestrogènes. C'est à ce titre qu'il y a un an l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) avait reconnu l'existence d'un risque, modéré mais réel, pour l'enfant à naître exposé à ce produit dans le ventre de sa mère.

    L'Anses évoquait notamment une possible modification de la structure de la glande mammaire, suspectée de favoriser un développement tumoral ultérieur, chez les filles comme chez les garçons. Car les récepteurs hormonaux ont ceci de particulier qu'ils régulent l'expression de certains de nos gènes. Or les perturbateurs endocriniens, eux, ont la capacité de tromper ces récepteurs, grosso modo en se faisant passer pour des hormones censées les activer. Mais alors les récepteurs des oestrogènes sont-ils les seuls à se laisser berner par le bisphénol A ? Il semblerait bien que non.

    Un récepteur très sensible au BPA

    L'équipe de l'Institut de génomique fonctionnelle de Lyon (École normale supérieure de Lyon-CNRS-université Claude-Bernard-Lyon 1), conduite par Vincent Laudet, affirme même avoir identifié un type de récepteur hormonal bien plus sensible au bisphénol A que les récepteurs des oestrogènes. C'est en se penchant sur le cas du poisson-zèbre que les chercheurs ont fait cette découverte. En effet, dès 2011, l'équipe scientifique avait montré que, chez cet animal, le BPA induisait un développement anormal de la vésicule otique, une structure à l'origine de l'oreille interne chez l'individu adulte.

    Un effet qui ne pouvait pas être lié à une perturbation des récepteurs des oestrogènes. Il s'agissait donc d'autre chose, en l'occurrence d'un récepteur hormonal répondant au nom barbare de ERRγ, pour lequel on ne connaît pas l'hormone naturelle qui l'active. "Ce que nos résultats montrent, en revanche, c'est que l'affinité du bisphénol A pour ce récepteur est 1 000 fois supérieure à son affinité pour le récepteur des oestrogènes. Cela suggère que des doses même faibles pourraient suffire à produire des effets", explique Vincent Laudet.

    Oreille et métabolisme

    Or, le récepteur ERRγ est réputé pour jouer un rôle important non seulement pour le développement de l'oreille, mais aussi dans la régulation du métabolisme. De là à relier cette découverte aux soupçons portant sur le BPA en matière d'obésité ou de diabète de type 2, il y a un pas que les scientifiques ne peuvent, pour l'instant, pas franchir. "Nos travaux montrent seulement qu'il faut aller regarder ça de plus près", plaide Vincent Laudet, qui ajoute qu'aucune étude entre problèmes d'audition et exposition au BPA n'a encore jamais été conduite.

    "Il faudrait y songer", lance-t-il. C'est une pierre de plus dans le jardin de l'autorité européenne de sécurité des aliments EFSA, qui doit finaliser son évaluation des risques liés au bisphénol A fin 2014. La France a, quant à elle, d'ores et déjà prévu d'interdire le BPA dans tous les contenants alimentaires à compter de l'été 2015.

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