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Concevoir un avion de ligne capable de décoller et d'atterrir à la seule puissance de ses moteurs électriques. C'est le nouveau rêve d'Icare de l'industrie aéronautique. Il pourrait devenir réalité à horizon 2050 avec la mise en service d'un appareil régional électrique capable de voler pendant 2,5 à 3 heures avec 100 passagers à bord. Ce projet, c'est celui d'Airbus Group qui a tracé une feuille de route en plusieurs étapes. L'avionneur est entré dans le vif du sujet en annonçant la mise en production d'une famille d'avions-écoles - dont les maquettes ont été dévoilées ce vendredi à Mérignac, à côté de Bordeaux - propulsés par deux moteurs électriques d'une puissance combinée de 60 kW ainsi que la création d'une nouvelle filiale détenue à 100% qui portera les projets de développement d'appareils électriques.
Daher-Socata en charge du développement de l'e-fan 2.0
«Après avoir dévoilé un démonstrateur, l'e-fan, au dernier salon du Bourget en 2013 et l'avoir fait voler plus d'une vingtaine de fois, nous passons à l'industrialisation de deux modèles basés sur l'e-fan - l'e-fan 2.0 et l'e-fan 4.0, de deux et quatre places respectivement - qu'il reste à dessiner, développer et produire en série dans une nouvelle usine basée à Mérignac», explique Jean Botti, directeur général délégué Technologie et Innovation d'Airbus Group. L'e-fan, qui a réalisé son premier vol public ce vendredi, a été sélectionné par le gouvernement dans le cadre des projets d'avenir.
Les premiers exemplaires de l'appareil au fuselage en fibre de carbone de 500 kilos devraient être assemblés à partir de 2018. Le marché visé est celui du renouvellement du parc de l'aviation générale qui compte des milliers d'appareils en France. Ainsi que les écoles: l'e-fan est bien adapté à la formation et à l'entrainement des pilotes, à la voltige ainsi qu'au remorquage de planeurs. L'appareil intéresse les aéroclubs et les écoles avec un coût de l'heure de vol inférieur de 50% à celui d'un jet.
De grandes écoles d'ingénieurs sont associées
Soutenu par les régions Aquitaine et Poitou-Charentes, la ville de Bordeaux et sponsorisé par la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), le projet rassemble autour d'Airbus Group, un pool de partenaires. Parmi eux, la PME Aéro Composites Saintonge (ACS), Safran qui est en charge de l'ensemble moteur, Zodiac de la gestion de la distribution électrique, le CEA et Saft responsables des batteries ainsi que Dassault Systèmes avec sa solution de conception en 3D Catia. Airbus Group, maître d'œuvre, sous-traitera auprès de Daher-Socata, concepteur de l'avion d'affaires léger TBM 900, le développement, l'industrialisation, les essais en vol et la certification de l'e-fan, en liaison avec la DGAC. «Ce qui intéresse Airbus Group, c'est notre compétence d'avionneur spécialiste des petits avions qui ne sont pas dans la vocation d'Airbus. Nos bureaux d'études ont déjà commencé à travailler sur l'e-fan 2.0», explique un porte-parole de Daher-Socata.
Airbus Group veut donner une forte dimension éducative au projet. «Nous devons affiner notre maîtrise des avions électriques en en fabriquant des centaines d'exemplaires», souligne Jean Botti. «La conception et l'assemblage seront réalisés par des élèves, encadrés par nos équipes, issus de grandes écoles d'ingénieurs telles que l'Institut de maintenance aéronautique de Bordeaux, l'Isae, l'Insa de Toulouse ainsi que de l'École des arts et métiers de Poitiers et de Bordeaux», poursuit-il. «C'est la courbe d'apprentissage sur l'e-fan qui nous amènera aux grands appareils», assure le directeur de l'innovation.
Afin de préparer l'étape suivante, Airbus Group lance parallèlement l'e-thrust, point de départ du futur avion régional tout électrique. Le projet prendra la forme d'un banc d'essais grandeur nature installé en Allemagne à Ottobrunn, sur un site appartenant au groupe européen
le figaro