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Enseignement supérieur et recherche scientifique dans le monde arabe

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  • Enseignement supérieur et recherche scientifique dans le monde arabe

    LES peuples de la région du monde arabe partagent une langue, une histoire et une religion communes, mais leurs sociétés divergent sur plus d’un plan. Avec une population de presque 335 millions d’habitants (M ha), dont 40% de moins de 18 ans, c’est l’une des régions les plus fécondes de la planète. Il en résulte une pression croissante sur les systèmes éducatif, sanitaire et social, tendance avec impact certes sur la croissance économique et la progression du PIB. La tendance actuelle est le renforcement des groupements économiques régionaux, qui constitue la seule voie vers la survie, et toute fragmentation en petits pays comme c’est le cas au Mena, n’est qu’un appel à une recrudescence vers plus de crises et d’instabilité. Nous aurions pu focaliser tout l’intérêt sur notre pays, le Maroc, mais quoi que nous disions, ça sera sans intérêt aucun car, qu’on le veille ou non, on parle du Mena comme une entité régionale établie. Le mieux est de parler de tout le monde arabe (Mena), car tous les aspects concernant l’enseignement supérieur et la recherche scientifique/technologique se ressemblent depuis la massification en nombre d’étudiants par université jusqu’à une recherche scientifique incapable de prendre une place honorable dans la compétition internationale.
    La région arabe est divisée en trois grands groupes. Le premier comprend les six pays du Golfe, avec le PIB le plus élevé (35.000 $ US) au Qatar et le moins élevé à Oman (10.000 $ US). Le second groupe est formé par les grands pays comme l’Egypte, l’Algérie, le Maroc, l’Irak, la Syrie ainsi que la Tunisie, la Jordanie et la Palestine avec un PIB allant de 2000 à 5000 $ US. Même avec ses richesses surtout venant des hydrocarbures, le premier groupe compte peu dans la géopolitique de la région par rapport au second.
    Pour le troisième groupe, il est caractérisé surtout par le manque de ressources naturelles et humaines qualifiées, avec des PIB considérés parmi les plus faibles de la planète. Il comprend Djibouti, l’Erythrée, la Mauritanie (dont nous saluons sa toute dernière sortie du groupe des 50 pays les plus pauvres du monde), la Somalie, le Soudan et le Yémen.
    De façon générale, les contextes socioéconomiques et culturels actuels expriment un désintérêt pour le raisonnement et un manque de curiosité scientifique, faisant aboutir à des stagnations dans tout processus de développement. La recherche et l’analyse scientifiques y sont remplacées par des dogmes et l’ignorance, d’où une érosion de l’approche rationnelle accompagnée de la perte de liberté d’expression et de pensée. La stagnation en matière de R&D dans les domaines des S&T qui en découle, est due aux choix des dirigeants politiques, qui ne consacrent qu’un minimum de fonds à la formation et à la recherche, en comparaison aux dépenses militaires (5 pays sur 10 des grands acheteurs sont des pays arabes).
    Nous avons deux leviers d’indicateurs. Le premier est basé sur les statistiques de 2011 de l’ISU (Institut des statistiques de l’Unesco) et le second via le rapport sur la science dans le monde publié par l’Unesco en 2010. D’après le premier levier, il y a eu une nette évolution dans l’enseignement primaire et secondaire à l’échelle de tous les indicateurs : effectifs scolarisés, indice de parité entre les sexes, taux de transition primaire-secondaire, évolution des effectifs du secondaire, etc. Ceci n’a pas empêché la région d’occuper l’avant dernière place devant l’Afrique subsaharienne. Pour l’enseignement supérieur, si l’université s’est engagée sur la voie de l’augmentation du nombre d’étudiants, cette augmentation ne répond pas aux particularités résultant de la mondialisation et à la primauté d’un progrès reposant sur le savoir et la technologie. Comme constat, l’inadéquation des formations et les besoins du marché du travail. A cette inadéquation s’ajoute celle des infrastructures des systèmes de soutien aux formations technologiques créant ainsi un climat peu propice au développement.
    S’agissant du second levier, l’Unesco a rendu public, dans sa version 2010, le rapport sur la science qu’elle publie tous les cinq ans. Ceci dit, d’ici presque une année, nous allons avoir droit à de nouveaux chiffres qui ne vont pas beaucoup changer ceux déjà existants vu le contexte de crise que traverse la région. En examinant ce rapport, nous prenons en considération les données relatives à la maîtrise des sciences et de la technologie. Pour passer à l’essentiel, retenons les indicateurs suivants: le nombre de livres scientifiques traduits, la contribution à la production scientifique mondiale, la production technologique par le nombre total de brevets déposés, avec le taux de dépenses du PIB en R&D, un total de revues indexées ne dépassant pas les 100 concentrées en majorité (70%) entre l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’Arabie Saoudite. La dépense interne en R&D est de 1500 millions $ US, qui est l’équivalent de celui de l’Argentine. Une grande partie des recherches sont orientées vers l’eau, l’agriculture et la santé pour assurer un minimum de service social avec une forte concentration surtout en Egypte.
    Les nettes augmentations enregistrées dans le domaine d’achèvement du second cycle secondaire (obtention du baccalauréat) sont à l’origine d’une massification sans précédent à l’échelle de l’enseignement supérieur. Ceci affecte la qualité de cet enseignement et le met dans une posture d’inadéquation formation-emploi. La recherche scientifique avec le nombre de publications, de citations et d’ouvrages traduits, le taux du PIB investi en sont les indicateurs que nous allons rappeler. Nous ferons de même pour la recherche-développement en S&T avec le nombre de brevets déposés, le taux du PIB investi, surtout que l’OMPI vient de célébrer le dépôt du 2 millionième brevet.

    Langue
    On ne peut parler de l’éducation et de la science dans le monde arabe sans évoquer le problème de la langue, qui a été un sujet de controverse entre leaders politiques tout au long des années 1960. La Ligue arabe devrait normalement fonctionner avec des institutions comme celles de l’Onu et l’Alesco (Organisation arabe pour l’éducation, la science et la culture) est le semblable de l’Unesco pour cette Ligue. Le problème de leadership a empêché la fonctionnalité de cette institution, la rendant à moitié paralysée comme toutes les autres institutions. Dans cette atmosphère contrastée, à côté de la Ligue arabe, il y a eu l’OCI (créée en 1969) qui viendra la bousculer dans ses tâches ou même des fois s’ériger en alternative. L’équivalent de l’Alesco va être l’Isesco qui va être créée et avoir son siège à Rabat. Certains pays «dits modérés» vont interagir plus avec l’Isesco comme le Maroc et d’autres plus avec l’Alesco, laissant ainsi plusieurs problématiques sans solution et en particulier celle de la langue et l’évolution terminologique de nouveaux concepts scientifiques et techniques. Un seul exemple parmi tant d’autres: jusqu’à présent, l’équivalent de l’optique n’existe pas dans la langue arabe et le mot utilisé est «Al Bassaryatte» comme science de la vision, utilisé par Ibn Al Haytham (965-1039) qui a apporté une contribution majeure à l’optique moderne. Partant d’un point de vue purement mécaniste, il est le fondateur du principe de la réflexion, de la réfraction et de la notion de rayon lumineux au lieu du rayon visuel proposé par les atomistes pythagoriciens, et par-là il a comblé un bon nombre de lacunes dans le monde de la science de la vision qui est restée jusqu’à nos jours du nom d’Al Bassaryatte.

    secondaire est disproportionné par rapport aux moyens octroyés -restrictions budgétaires obligent-. D’autre part, l’université dans ces pays est en croissance à laquelle rien ne semble pouvoir mettre un terme. Cette université va continuer à souffrir de maints dysfonctionnements dans le domaine pédagogique, de recherche et de gouvernance. L’ouverture des portes de l’ES n’est nullement favorable à l’étudiant qui est censé faire son choix selon ses vœux, ni que l’université a pu sonder l’aptitude de cet étudiant en vue de le répartir harmonieusement entre différents domaines de spécialisation. Une telle répartition repose sur un critère et un seul, à savoir l’obtention du baccalauréat ou son équivalent dans les pays du Moyen-Orient.
    D’autres facteurs importants qui ont des conséquences négatives sur la qualité de l’ES et sur la nature de ses relations avec la société et le développement. Les méthodes d’enseignement toujours traditionnelles, cours magistral, manuel en l’absence totale de toute interactivité avec l’enseignant (via un tutorat), car c’est la loi de la massification qui s’impose. On peut également constater une bibliographie rare, bibliothèques peu fréquentées (simple constat sur la différence entre étudiants massés dans les couloirs des établissements et ceux qui se mettent à table dans ces bibliothèques). Il faut ajouter à cela les limitations budgétaires qui rendent le matériel des travaux d’applications pratiques et toutes les autres installations scientifiques d’application insuffisants par rapport au nombre d’étudiants et à leurs besoins accrus dans presque la totalité des matières scientifiques.
    Dernière modification par haddou, 28 avril 2014, 11h37.

  • #2
    suite

    Enseignement supérieur

    Nous avons défini dans l’introduction trois catégories de pays dans la région arabe, les pays du Golfe, les pays pauvres et les pays du second groupe, intermédiaire comme l’Egypte, la Syrie, le Maroc, la Jordanie, l’Algérie, etc. Nous avons suivi avec attention l’évolution des effectifs d’achèvement du second cycle secondaire publiée par l’ISU de l’Unesco en 2010, en raison de leur impact sur l’ensemble de l’enseignement supérieur. Le grand nombre d’adultes qui intègrent l’enseignement supérieur font des universités de ces pays des lieux de massification par excellence. Donnons d’abord le nombre approximatif d’étudiants concernant les pays de la zone intermédiaire: L’Egypte avec presque 2,5 millions d’étudiants, l’Algérie (1,5 million), la Jordanie (330.000), le Maroc (600.000) et la Tunisie (550.000). Ce sont des chiffres qui paraissent bas, mais engendrent une vraie massification de l’enseignement supérieur au détriment de la qualité et de la recherche scientifique.
    Plusieurs constats sont à faire à l’issue de cette massification :
    On ne peut ignorer que l’enseignement supérieur (ES) ne cesse de faire l’objet de soins particuliers depuis quelques décennies vers une valorisation nette au sein de la société arabe. Cette valorisation se traduit par deux volets : offre et demande. Du point de vue de l’offre de l’enseignement supérieur (ES), il a été amplement financé dans les infrastructures dont les Etats ont assuré le rôle central pour assurer sa gratuité à tous les niveaux. Par conséquent, le nombre d’étudiants s’est trouvé fortement augmenté, d’où les chiffres relevés dans chaque pays. La gratuité a permis à des tranches de plus en plus larges de la société d’accéder à l’ES. Un tel phénomène a pu donc favoriser une sorte d’ascension sociale dont ces tranches n’auraient jamais pu bénéficier sans cette gratuité.
    L’extension quantitative où la massification de l’ES a perdu son impact et de l’intérêt social qu’elle engendre dès lors qu’on ne s’occupe pas de la qualité et de l’amélioration de cet enseignement. Les indicateurs concernant cet état de choses ne trompent pas: l’afflux important de plus en plus d’élèves du secondaire est disproportionné par rapport aux moyens octroyés -restrictions budgétaires obligent-. D’autre part, l’université dans ces pays est en croissance à laquelle rien ne semble pouvoir mettre un terme. Cette université va continuer à souffrir de maints dysfonctionnements dans le domaine pédagogique, de recherche et de gouvernance. L’ouverture des portes de l’ES n’est nullement favorable à l’étudiant qui est censé faire son choix selon ses vœux, ni que l’université a pu sonder l’aptitude de cet étudiant en vue de le répartir harmonieusement entre différents domaines de spécialisation. Une telle répartition repose sur un critère et un seul, à savoir l’obtention du baccalauréat ou son équivalent dans les pays du Moyen-Orient.
    D’autres facteurs importants qui ont des conséquences négatives sur la qualité de l’ES et sur la nature de ses relations avec la société et le développement. Les méthodes d’enseignement toujours traditionnelles, cours magistral, manuel en l’absence totale de toute interactivité avec l’enseignant (via un tutorat), car c’est la loi de la massification qui s’impose. On peut également constater une bibliographie rare, bibliothèques peu fréquentées (simple constat sur la différence entre étudiants massés dans les couloirs des établissements et ceux qui se mettent à table dans ces bibliothèques). Il faut ajouter à cela les limitations budgétaires qui rendent le matériel des travaux d’applications pratiques et toutes les autres installations scientifiques d’application insuffisants par rapport au nombre d’étudiants et à leurs besoins accrus dans presque la totalité des matières scientifiques.

    Recherche scientifique, science et technologie

    Dans tous les pays du monde, la situation de la recherche scientifique, de la science et de technologie reste l’une des principales dimensions reliant l’ES au monde du travail et de l’innovation. De façon générale, une institution de l’ES qui veut acquérir la place d’un acteur de poids dans la société et dans le processus du développement n’a pas d’autre choix que de faire de la recherche scientifique une priorité essentielle et d’orienter celle-ci sur la voie du développement. Il faut aussi une bonne coordination entre établissements d’ES et milieux de production et de service, de façon à permettre à ces établissements de disposer de nouvelles ressources pour financer la recherche, de se doter d’équipements nécessaires à la formation, et enfin à donner à leurs étudiants l’occasion de suivre des stages dans le monde du travail.
    Les universités dans la région Mena concentrent leurs ressources humaines en grande partie sur l’enseignement et une petite partie sur la recherche, sachant bien que cette dernière n’a pas encore atteint la masse critique. Vu les budgets alloués à cette recherche, on peut dire que la fonction principale des universités de ces pays est l’enseignement. De plus, il faut noter que le chercheur universitaire (enseignant-chercheur) n’entreprend pas ses recherches en fonction des besoins de la société mais juste pour accéder à un niveau de carrière plus élevé. Ainsi, la question de la recherche devient une affaire privée, qui concerne le chercheur seul et dont il est le seul à tirer profit sans parler des avantages que lui offrent les institutions étrangères pour ses travaux (contrats, postes d’associé et d’invité). C’est la raison fondamentale qui fait que la relation entre la recherche scientifique universitaire et les activités de production et de service n’est pas encore mise sur les rails.
    Les gouvernements, les collectivités territoriales et les établissements publics sont les seuls à pouvoir financer la recherche. Le secteur privé ne finance presque pas la recherche dans l’université, et son rôle consiste à attribuer des bourses d’études et parfois des bourses de recherches pour étudiant-chercheur. En parallèle à cela, il faut avouer que l’activité industrielle dans ces pays n’est même pas demandeuse en matière de recherche, ce qui explique son faible niveau technologique. L’essentiel de ses équipements sont importés clef en main, ce qui réduit l’interaction entre secteur de production et établissements universitaires. Pratiquement, toutes les industries (en dehors des transformations) ne sont que d’assemblage, donc d’une activité à faible valeur ajoutée. Par conséquent, elle n’est pas demandeuse en matière de recherche scientifique dans son volet R&D, dans la mesure où les composés technologiques qu’elle utilise sont précisément ceux qu’elle importe. Le plan solaire marocain en est un exemple frappant, puisque jusqu’à présent, on y parle de recherche sans identifier laquelle: développer le photovoltaïque ou le CSP. Pour le photovoltaïque, le rendement des cellules de première génération (le silicium et ses dérivés) reste figé à 20% à cause du désordre thermique et celui des cellules de deuxième génération est encore à l’étude sans parler de cellules de troisième génération qui font partie du domaine des nanotechnologies. A notre avis, la seule voie qui reste pour mener quelques recherches est le domaine du CSP.
    L’incapacité du financement local a permis une prolifération des financements étrangers sur des thématiques imposées par des décideurs au niveau de la source, qui sont dans la plupart des cas sans lien avec les priorités nationales. Le marché formel des divers cadres de coopération porte sur des projets ciblés (eau, environnement, agroalimentaire, santé, etc), souvent en dehors de la compétition technologique. Des fois, ce marché peut même être informel, car le chercheur et l’institution étrangère sont les seuls à en tirer profit. A ce titre, les concernés parmi les chercheurs mènent ces recherches tantôt dans le pays tantôt à l’étranger et dans la majorité des cas à titre individuel. Même si des tentatives de mise en ordre sont initiées pour pallier ces dysfonctionnements, des évaluations sur le terrain montrent qu’il n’y a aucun lien sérieux entre la recherche scientifique et ces tentatives.
    On peut dire que le financement de la recherche est resté pour longtemps comme sujet de controverse entre ceux qui la font et ceux qui se résignent à la dure réalité de faire de l’enseignement sans recherche. Le financement étranger de la recherche est souvent lié directement aux intérêts de ses sources, ne permettant pas la pleine liberté pour les chercheurs, car ses commanditaires imposent des priorités et des objets d’études en relation avec des préoccupations qui sont les leurs. Il est même logique de constater que les financements étrangers de la recherche (formel ou informel) freinent le développement et menacent toute possibilité de mise sur pied d’une stratégie nationale sérieuse et cohérente dans ce domaine.
    La mondialisation exige la mise en place d’un nouveau type de relations entre l’institution de recherche et ses partenaires sociaux. A côté des progrès ininterrompus des techniques et des connaissances, le monde de la recherche se trouve lui aussi profondément transformé. Une grande partie des connaissances de pointe, que le chercheur a assimilée dans sa carrière, peut vite s’avérer dépassée. Dans la nature même de la recherche, certains domaines sont soumis à une redéfinition et il n’est pas rare que des équipes et groupes de recherche soient dissous car ces domaines sont dépassés et ne s’inscrivent plus dans des cadres de priorités. Pour assurer leur survie, des chercheurs sont obligés d’intégrer d’autres équipes plus performantes afin de s’y reconvertir, et sauver leur carrière de la stagnation. Le chercheur dans les pays du Mena est loin de toutes ces préoccupations, car avant tout, il est fonctionnaire d’Etat, donc il mène une carrière sans souci de la redéfinir à court ou long termes. D’un autre côté, la recherche scientifique doit suivre les changements qui interviennent dans le monde de l’innovation, comme il lui revient de modeler le monde à venir de l’emploi
    libé

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    • #3
      Et si tu ne parles un peu de la recherche scientifique dans le monde slave ? ensuite dans le monde turque ?

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