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Hervé Morin : "Il faut mettre le paquet en faveur de la Tunisie"

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  • Hervé Morin : "Il faut mettre le paquet en faveur de la Tunisie"

    L'ancien ministre de la Défense revient de Tunisie. Il nous explique en quoi ce pays est à la croisée des chemins ainsi que les devoirs de l'Europe à son égard.

    Vous revenez de Tunisie, qu'y avez-vous vu ?

    Tout le monde s'accorde à reconnaître que les questions de sécurité sont en train d'être résolues et que la police retrouve son crédit. De même, l'armée apprend à lutter contre les terroristes dans les zones montagneuses où ils se sont réfugiés. J'y ai trouvé un pays admirablement tendu vers l'objectif de réussir les élections...

    Comment se déroule la transition démocratique ?

    Après avoir été assez largement discrédité, Ennahda* a fait le choix de quitter le pouvoir au bout de 15 mois et d'organiser un transfert et une transition concertés. Ils ont décidé de le faire volontairement et montrent ainsi qu'islam et démocratie ne sont pas antinomiques. Sous nos yeux, la Tunisie montre qu'il existe une voie pour construire une démocratie dans laquelle l'alternance est un fait.

 La Tunisie peut-elle être un laboratoire ?
 Oui. Les événements récents sont essentiels pour tout le Maghreb et tout le Machrek. Ils pourraient servir de modèle fondateur pour la rive sud de la Méditerranée. Ce qui se passe en Tunisie est fondamental, et je regrette que l'Europe soit à ce point muette. Il est choquant et honteux que les Européens ne considèrent pas que ce qui se joue en Tunisie est central pour la relation Euro-Méditerranée. Si Mare nostrum veut dire quelque chose, il faut faire savoir que la Tunisie est en train de réussir ce dont nous rêvions, mais dont nous désespérions de voir l'émergence...



    Concrètement, que devons-nous faire ?


    Orienter massivement notre aide au développement vers ce pays. Il ne faut pas que les difficultés économiques et sociales de la Tunisie fassent s'effondrer l'embryon démocratique. S'il y avait une politique étrangère européenne, elle ferait de la Tunisie le coeur de ses préoccupations, car ce qui se passe conditionne les termes de la relation entre les deux rives de la Méditerranée pour les vingt prochaines années.

    C'est-à-dire ?


    Soit la Tunisie entre complètement dans le processus démocratique grâce à une Europe qui considère qu'il est un facteur de stabilité puis de développement. Soit nous prenons le risque, par notre indifférence, que les difficultés sociales l'emportent sur la démocratie et que le pays retourne dans le désordre. Il y a urgence à mettre le paquet en faveur des Tunisiens. À ce titre, Laurent Fabius a adressé un beau message en annonçant qu'il irait passer des vacances là-bas.

    Les Tunisiens réclament-ils une aide ou préfèrent-ils qu'on leur laisse régler leurs problèmes seuls ?

    Ils réclament un plan Marshall, et... du temps. Le processus révolutionnaire a créé du désordre, de la récession et un déséquilibre des comptes publics, mais les bailleurs de fonds du pays et les institutions internationales doivent comprendre qu'il faut laisser le temps à la Tunisie de rééquilibrer ses comptes. Je vais appeler Christine Lagarde (la directrice générale du FMI, NDLR) pour développer cet argument. Nous avons une opportunité historique : saisissons-la !

    * Ennahda est un parti politique tunisien islamiste. Fondé en juin 1981 sous le nom de Mouvement de la tendance islamique (MTI), il a changé de nom en février 1989 pour devenir Mouvement de la renaissance (Nahda en arabe)

    le point
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