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Politique d’emploi des jeunes en Algérie : Quand la précarité s’institutionnalise

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  • Politique d’emploi des jeunes en Algérie : Quand la précarité s’institutionnalise

    En Algérie des milliers de jeunes employés dans le cadre des dispositifs du préemploi, de l’insertion professionnelle et du filet social sont noyés dans une précarité sans égale.

    Les conditions sociales de misère dans lesquelles ils se trouvent et l’absence de perspective de régularisation constituent une bombe à retardement, si la situation n’est pas vite prise en main. La mise en place de ces dispositifs a été décidée à l’arrivée au pouvoir de Abdelaziz Bouteflika, pour faire baisser le taux de chômage.
    Le Président avait promis, avant son deuxième mandat, un million d’emplois, principalement pour pouvoir accéder à un deuxième mandat, et deux millions d’autres postes pour un troisième exercice. Ces dispositifs étaient surtout pour couper court aux voix s’alarmant du taux de chômage alors évalué à près de 30% qui, grâce aux «miracles» du préemploi et de l’Ansej, a été ramené à 10% en quelques années seulement.

    Plus de 600 000 travailleurs issus des différents secteurs de la Fonction publique et un nombre inconnu (les syndicats qui dénoncent cette situation sont interdits au niveau des entreprises économiques) payent aujourd’hui les conséquences de cette politique. Depuis une décennie, plusieurs centaines de milliers de postes ont été créés ; rappelons les annonces faites en grande pompe par Tayeb Louh et Ould Abbès et d’autres membres des différents Exécutifs qui annonçaient des promotions de recrutement par centaines de milliers. Loin des sourires affichés et des calculs politiciens de ces ministres, c’est le calvaire assuré pour les bénéficiaires de ces dispositifs qui perçoivent une rémunération mensuelle fixée pour les diplômés de l’enseignement supérieur à 15 000 DA net, autrement dit, à peine trois quarts du SNMG pour un titulaire d’un bac +4.

    Les techniciens supérieurs à 10 000 DA net et les bénéficiaires de contrats d’insertion professionnelle touchent 8000 DA. L’Etat n’a prévu, en revanche, aucun texte obligeant l’employeur à confirmer ces employés dans des postes permanents, ni de revoir leurs salaires à la hausse et encore moins un plan de carrière. Le privé compte également des milliers de ce type de recrutements, puisqu’en 2011, à titre d’exemple, 150 000 postes avaient été annoncés. Les organisations patronales ont applaudi l’intégration de ces postulants moyennant une aide mensuelle de l’Etat de 12 000 DA pour chaque poste de travail créé.

    Une main-d’œuvre presque gratuite et des avantages sociaux ne sont certainement pas de refus. Les chefs d’entreprise ne se chargent que d’une partie, ne dépassant pas 6000 DA pour ce qui est appelé à être le salaire de ce «cadre» qui est chargé d’assumer les mêmes tâches que ses collègues recrutés sous d’autres formules de contrats beaucoup plus avantageuses. «Injustice et esclavagisme», dénoncent les centaines de représentants de cette frange de fonctionnaires qui réclament, depuis quelques années, justice et équité.

    L’Etat, qui avait pour objectif de réaliser des chiffres record en matière de création de l’emploi, est ainsi le premier à violer le code du travail et le promoteur d’une politique peu protectrice et plutôt favorable aux dépassements. Quant aux dispositifs de soutien à la création d’emplois, via l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (Ansej) et la Caisse nationale de d’assurance-chômage (CNAC) qui permettent aux jeunes chômeurs de bénéficier d’aides publiques et de financements bancaires pour la création d’entreprise, ils n’ont fait l’objet d’aucun bilan. Le président de la République a promis, par le biais des animateurs de sa campagne électorale, que durant son quatrième mandat aucune remise en question de ces dispositifs ne sera à l’ordre du jour.

    Au contraire, à l’instauration de ces dispositifs, le postulant se perdait dans un dédale bureaucratique avant de pouvoir accéder au financement de son projet (qui peut atteindre plusieurs milliards), aujourd’hui la procédure est résumée à un seul imprimé. Les moins enthousiastes pour ce dispositif y voient des jeunes étranglés par les dettes, pourchassés par les créanciers et surtout des fonds faramineux jetés par la fenêtre, au lieu d’asseoir des bases économiques pourvoyeuses de richesses et de postes de travail !

    Fatima Arab- El Watan
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