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En finir avec les faux débats ?

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  • En finir avec les faux débats ?

    Tout le monde aura noté la pénibilité avec laquelle le Président réélu s’est acquitté de la formalité de prestation de serment. Mais tout le monde aura, aussi, remarqué l’enthousiasme festif des invités. Les claquements de mains appuyés et les youyous criards semblaient avoir pour motif celui de compenser l’atonie d’un Président fatigué et, s’adressant aux mécontents du quatrième mandat, celui d’exprimer la force sonore de ses soutiens.

    Bien sûr, il n’y a rien d’étonnant à ce que cela se soit passé ainsi. Le sérail, dans sa diversité, s’est progressivement adapté à la culture de cour, réduisant l’État à une arène de compétition courtisane.

    Les mises en scène inlassablement assénées visent à nous convaincre que la maladie, si elle vient perturber la performance physique du Président, ne doit en aucun cas remettre en cause l’indiscutable nécessité de son règne. Peut-être, compense-t-il la difficulté grâce à des pouvoirs mystérieux, mais le fait est que l’argument de la santé est déclaré irrecevable. À commencer par le Conseil constitutionnel, que les militants du mouvement Barakat ont voulu solliciter hier pour, probablement, juste prendre acte de sa position.
    D’ailleurs, il n’y a que ces occasions protocolaires pour imposer publiquement des épreuves physiques au Président. Et, avant-hier, c’était peut-être la dernière, avant longtemps.

    Le malaise de cette situation est qu’elle risque de nous enfermer, désormais, dans une quotidienneté politique où s’affronteront, d’un côté, les doutes exprimés quant à la capacité du Président à superviser l’activité institutionnelle, à prêter une attention soutenue à la vie nationale et à traiter les dossiers relatifs à la gestion du pays et, de l’autre, les répliques outrées de ceux qui s’emploieront à nous assurer de sa bonne forme et de sa régularité dans le suivi des affaires nationales. Ce qui réduira le débat à une suite de chicanes sur un sujet à propos duquel tout a été dit.
    Il n’était pas fatal que le pays voit sa vie publique tourner autour de l’appréciation de la forme physique de son Président. Mais, puisque l’on en est là, il serait autrement plus salutaire de se libérer de cette question polémique, de ramener la question nationale à sa nature politique et de s’atteler à concevoir le projet d’un pays post-autoritaire.

    Un pays parvenu à l’âge politique où les notions de démocratie et de développement, notamment, reprennent du sens. L’Algérie a été suffisamment sanctionnée par une partie de ses “libérateurs” qui l’ont réduite à l’état de butin de guerre. Et l’ont affublée d’un système politique conçu de sorte à ce que lui soit interdite toute évolution effective vers le stade d’État-nation. Ce n’est pas d’une “deuxième République” dont elle a besoin, mais d’une seconde libération.

    La preuve la plus éclatante de l’absurdité de cette situation, où une nation toute entière se voit absorbée par un système phagocyte, est qu’elle puisse subir, dans l’impuissance, la situation politique ubuesque actuelle. Les forces actuellement en action ne sont pas, cependant, aptes à concevoir la délivrance du pays de ce système macrophage pour la simple raison que ce système en est le géniteur et que, lorsqu’il n’en est pas l’auteur, il a les moyens de les absorber.

    Ce qui rend très hypothétique une évolution vers un État centré sur la perspective nationale.

    : Mustapha Hammouche- Liberté
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