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Ukraine: les gesticulations armées se précisent

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  • Ukraine: les gesticulations armées se précisent

    Pendant que les diplomates signent des accords en vue d'une désescalade, les occidentaux prennent lentement position sur le terrain. Quelques avions de chasse et des contingents. Des mouvements encore symboliques mais qui visent à renforcer la présence de l'Otan dans l'est de l'Europe. Etat des forces en présence


    Ce n'est pas encore « Retour vers la guerre froide », contrairement à ce qu’entonnent un peu trop vite des experts nostalgiques, mais les gesticulations s’intensifient de part et d’autre pendant que les diplomates signent des accords en vue d’une désescalade.

    Au delà des sanctions et des menaces, les forces déployées des deux côtés sont encore modestes. Et même si régulièrement la presse fait état d’incursions russes en territoire ukrainien ou que le Pentagone signale la violation de l’espace aérien ukrainien par les forces aériennes russes, « la présence de troupes russes de l’autre côté de la frontière dramatise la lecture que l’on peut faire des événements » explique Isabelle Facon chercheuse à la Fondation pour la Recherche Stratégique.

    On se regarde, on s’observe, on se provoque, on gesticule mais on prend position.

    La Russie a positionné environ 40.000 hommes le long des 1500 kilomètres de frontière avec l’Ukraine et l’OTAN dit n’avoir constaté aucun retrait des troupes. Difficile de dire si cette concentration de troupes relève de la provocation ou de la préparation. En face, les forces armées ukrainiennes sont en état « d'alerte total pour le combat » a déclaré mercredi 30 avril le président ukrainien par intérim. Le long de la frontière, certains observateurs signalent même le creusement de tranchées sur plusieurs dizaines de kilomètres.

    La France continue son commerce militaire avec Moscou

    Journaliste russe spécialisé dans les questions de défense au Moscow Times, un journal indépendant en anglais, Alexander Golts estime qu’en cas d’offensive russe «une défaite rapide de la faible armée ukrainienne est garantie, mais la force d'intervention déployée par la Russie n'est pas assez forte pour occuper plusieurs régions de l'Ukraine ».

    Côté marine, le très informé « Mer et marine » a publié récemment un « point de situation sur la flotte russe en Mer Noire ». On y découvre une flotte russe stationnée en Mer Noire loin d’être colossale et passablement fatiguée : deux sous marins conventionnels, cinq batiments de surface datant des années 1980 et quelques bâtiments logistiques. « La flotte de la mer Noire, si elle n’est pas insignifiante, n’est donc pas une force de premier plan » écrivent les auteurs.

    Ironie du sort, c’est notamment sur la France et le Vladivostok, un porte hélicoptères sur le modèle du Mistral français, construit à St Nazaire par les chantiers STX, que comptait Moscou pour renforcer ses positions…

    A l’heure où pleuvent les sanctions économiques contre Moscou, la France n’a pas jugé la situation encore assez grave pour mettre fin à son commerce militaire avec la Russie.

    Pas encore un déploiement massif de forces


    Pourtant, doucement la France aussi bouge ses pions. L’armée française reconnaît avoir envoyé en Mer Noire des bateaux d’observation, l’Alizé et le Dupuy de Lome. Utilisé par la Direction du renseignement militaire, ce bâtiment de surveillance et de renseignement, est systématiquement déployé dans les zones de crise et d’intérêt stratégique.

    Jean-Luc Mélenchon s’est sans doute fait peur un peu vite en s’étonnant de « l’envoi de forces françaises en Mer Noire » : « Je déplore que l'envoi de ces navires n'ait fait l'objet d'aucune communication du gouvernement et qu'ils aient été découverts suite à des signalements des Etats riverains de la mer Noire. Cette surenchère militaire dans le sillage des Etats-Unis est une erreur politique. La multiplication des provocations contre la Russie ne peut que conduire au pire ».


    Si le président du Front de Gauche a raison de dénoncer l’absence d’information de la représentation nationale en ce qui concerne l’envoi des forces françaises à l’étranger, deux bateaux de surveillance ne relèvent pas encore, à proprement parler, de la « surenchère militaire ».

    En revanche, le déploiement de Quatre Rafale lundi, en Pologne, à Malbork, accompagnés d’une centaine d’hommes est plus significatif. Les quatre Rafale sont, en effet, arrivés « livrés » avec le ministre de la défense français, Jean-Yves Le Drian qui a soigné sa communication. Cette initiative vise « à dissuader et à réassurer. Dissuader pour éviter toute intervention néfaste de la Russie. Et réassurer pour montrer à la Pologne que nous sommes un allié » a précisé le ministre de la Défense qui a évoqué la crise « la plus grave depuis la Guerre froide ».

    Présent à Malbork, un envoyé spécial de RFI a fait admettre au responsable du contingent sur place que leur mission pourrait être élargie à la demande de l’OTAN : « On est à une centaine de kilomètres de Kaliningrad et on est à environ 200 kilomètres des premiers Etats baltes, précise le chef du détachement, le lieutenant-colonel Yann Malard. On est actuellement une soixantaine, on va encore avoir un peu plus de personnel qui va arriver très prochainement ».

    Quatre Typhoon de la Royal Air Force seront pour leur part basés en Lituanie, à Siaulai, quatre Mig 29 polonais et quatre F-16 danois sont aussi attendus en Estonie.

    Au total, 22 avions de chasse et 2 avions de surveillance sont stationnés entre la Baltique et la mer Noire face à la Russie en vue de dissuader les avions militaires russes de s'égarer trop fréquemment au dessus de l'Ukraine. Tous devraient être opérationnels à partir du 1er mai.

    La Pologne réclame 10.000 hommes de l'OTAN sur son territoire

    Enfin, les américains qui ont fait tourner un destroyer en Mer Noire pendant 15 jours « afin de rassurer les pays membres de l’Otan inquiets de la situation en Ukraine » ont ajouté 150 soldats sur la base polonaise de Svidvin, et souhaitent en envoyer 450 de plus dans les pays baltes d'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.


    Selon la lettre Intelligence Online, ils s’apprêtent à déployer 600 Marines en Roumanie, sur une base militaire située aux bords de la Mer Noire. Un document confidentiel dévoilé par le journal allemand Der Spiegel montre également que l’Alliance Atlantique cherche à renforcer sa présence en Europe de l’Est, notamment en Arménie, Azerbaidjan et Moldavie

    Des contingents largement symboliques alors que la Pologne, qui entretient des rapports difficiles avec la Russie, a réclamé à l’OTAN le déploiement de 10.000 hommes sur son seul territoire.

    Certains observateurs n’hésitent d’ailleurs pas à moquer la faiblesse des mouvements occidentaux : « s’ils pensent impressionner Poutine avec une douzaine d’avions de chasse, quelques centaines de soldats et un destroyer en Mer Noire…»

    Marianne
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