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Rumeurs sur Internet : "50% des hoax sont islamophobes"

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  • Rumeurs sur Internet : "50% des hoax sont islamophobes"

    INTERNET – Facebook et Twitter sont les meilleurs propagateurs de rumeurs, mais également les meilleurs moyens d'y mettre un terme. Paul Mourey, spécialiste des réseaux sociaux, répond aux questions de Metronews sur ces "hoax" qui trompent même nos institutions et nos politiques

    Le compte de la Gendarmerie nationale a posté sur les réseaux sociaux une liste de signes que laisseraient les cambrioleurs lors de leurs repérages avant de passer à l'action. Il s'agit en réalité d'une rumeur ancienne. Cas isolé ou hoax (canular en anglais) parmi tant d'autres ? Metronews fait le point sur la question, avec l'interview de Paul Mourey, expert des réseaux sociaux et de l'innovation chez Solucom, l'un des principaux cabinets de conseil en management en France.

    Le hoax posté sur la page Facebook de la gendarmerie nationale est-il un cas isolé ?
    À vrai dire il n’est pas très courant qu’une institution soit prise au piège d’une rumeur sur les réseaux sociaux. C’est plus courant chez les politiques, on l’a vu récemment pour Christine Boutin reprenant une publication du journal satirique Le Gorafi. Évidemment la spécificité d’une reprise par une entité "officielle", et son caractère exceptionnel, réside dans le fait qu’elle donne du crédit à la rumeur, et l’inscrit donc dans la durée.

    Quels sont les principaux hoax qui ont actuellement cours sur Facebook ?
    Au-delà du célèbre et éculé "Facebook va devenir payant", en ce moment font recette les rumeurs sur la théorie du genre, sur le vol MH370 (qu’est-il advenu du vol ?), et "la rumeur du 9-3" (des villes qui toucherait des subventions pour accueillir des habitants de Seine-Saint-Denis). Mais le vrai changement aujourd’hui est l’accélération des rumeurs islamophobes : elles représentent 50% des hoax démantelées par le site Hoaxbuster, selon son fondateur.

    Les hoax sur Facebook sont-ils vus par beaucoup d'internautes ?
    La visibilité de ces rumeurs est difficile à quantifier sur Facebook du fait de la confidentialité des publications offerte par la plateforme. Sur Twitter néanmoins, le caractère public permet d’obtenir des chiffres intéressants. Si l’on prend le cas des attentats des Boston, une étude menée par IBM a démontré que 29% des tweets les plus relayés étaient des rumeurs, alors que seulement 20% provenaient d’informations vérifiées.

    L’étude a également démontré que les plus gros accélérateurs de propagations des rumeurs se trouvaient être les célébrités ou comptes influents. Plus étonnant encore, pendant les 5 jours qui ont suivi l’événement, 32 000 comptes ont été créés pour parler des attentats… Dont 20% ont été bloqués ou supprimés puisqu’il s’agissait de spam ou de faux comptes.

    Qui véhiculent ces hoax et pourquoi ?
    Il faut distinguer les créateurs de l’Hoax, de ceux qui le propagent. Leurs intentions sont très différentes ! Celui qui lance une rumeur a souvent une intention de nuire. Nuire à une entreprise, à une célébrité, ou à un groupe. Les motivations derrière cette désinformation sont diverses : évincer un concurrent, stigmatiser, ou même se distraire.

    Mais ces rumeurs ont ceci de commun qu’elles choquent, elles font peur ou génèrent de l’angoisse chez les personnes qui les lisent. C'est de cette façon qu'on peut analyser la motivation de celui qui la propage : choqué, il veut prévenir ; alerter, protéger ses contacts… Qui font de même, et c’est ainsi que la rumeur devient incontrôlable. Partager une rumeur, comme une information d’ailleurs, c’est avant tout créer du lien. Les propagateurs font souvent l’économie de la vérification au profit d’une connivence ou d’un contact social créé.

    Est ce que les réseaux sociaux fournissent un terrain plus propice aux Hoax que les autres moyens de communication ?
    On le sait, les réseaux sociaux ont une spécificité qui nourrit la rumeur : ils mettent en relations des personnes dont l’opinion importe. Un message transmis par une personne "de confiance" aura un poids d’autant plus important.

    Par ailleurs, les réseaux sociaux sont aussi un accélérateur d’informations. Il est vrai que la vitesse et la portée ont radicalement changé le fonctionnement de la rumeur. Tout se sait plus vite et par plus de personnes. Mais soyons clairs : nous n’avons pas attendu Twitter pour voir apparaître les rumeurs de village !

    La bonne nouvelle est que cette même puissance sert également à corriger la rumeur ! On se rappelle qu’Isabelle Adjani, que l’on disait morte du Sida en 1987, fut poussée à se rendre sur le plateau télé du 20 heures pour démentir publiquement. Il lui suffirait aujourd’hui d’un tweet ! C’est d’ailleurs ce qu’a fait la chanteuse Diam’s que l’on disait récemment SDF. La rumeur s’éteint alors instantanément.

    Avez-vous quelques conseils pour les détecter ?
    On peut citer deux indicateurs permettant de soupçonner un Hoax : le premier se trouve dans la mécanique visant à demander systématiquement, au sein du message, de reposter (sur Facebook) et de retweeter (sur Twitter) une information. Un second est bien évidemment l’absence de source permettant de vérifier l’information.

    Dans le doute : le site Hoaxbuster est une référence, mais on a vu ces dernières années apparaître de très bonnes plateformes de fact-checking (vérification de l’information) comme Désintox (Libération) ou Les Décodeurs (Le Monde). De nouveaux acteurs sont en préparation, comme le programme Pheme. Il réunit cinq universités d’Europe et des acteurs privés autour de la création d’un outil capable d’identifier les rumeurs en temps réel sur les réseaux sociaux, utilisant les possibilités offertes par le big data.

    metronews
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