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Aux Pays-Bas, l'assassin de Pim Fortuyn libéré

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  • Aux Pays-Bas, l'assassin de Pim Fortuyn libéré

    Le Monde.fr
    Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)


    Le politicien d'extrême droite Pym Fortuyn en mai 2002, quelques jours avant son assassinat à Hilversum (Pays-Bas).
    La justice néerlandaise devait libérer, vendredi 2 mai, Volkert van der Graaf, l'assassin, en mai 2002, à Hilversum, du leader populiste Pim Fortuyn. Relâché après avoir effectué les deux tiers de sa peine, cet ancien militant de la cause environnementale sera soumis à un contrôle sévère et interdit de séjour dans une partie du territoire.
    Diverses polémiques entourent cette décision, qui replonge les Pays-Bas dans une période sombre. Cet assassinat d'un dirigeant qui entendait révolutionner le royaume avait en effet été suivi, deux ans plus tard, de celui de Theo Van Gogh, caricaturiste et auteur à l'humour cinglant, poignardé à Amsterdam par un islamiste radical.

    Ces deux événements ont bouleversé durablement la vie d'un pays jusque là très paisible. Le débat politique s'est considérablement radicalisé, tandis que l'opinion exprimait de diverses manières sa critique du pouvoir exercé par les partis traditionnels. Les thèmes de l'immigration, des rapports avec l'islam et de l'insécurité, chers à Pym Fortuyn, ont été repris par son principal héritier, l'ancien élu libéral Geert Wilders, fondateur et chef unique du Parti pour la liberté. Il a également récupéré la critique de M. Fortuyn contre l'Europe, qui voulait mettre fin aux accords de Schengen, dissoudre le Parlement de Strasbourg et limiter fortement les compétences de l'UE.

    En 2001, M. Fortuyn, 54 ans, avait, pour sa première apparition, raflé plus d'un tiers des sièges au conseil municipal de Rotterdam, sa ville. En 2002, il comptait généraliser ce succès au niveau national et devenir premier ministre. Un sondage le créditait alors de 17 % des intentions de vote pour les élections prévues le 15 mai. Il avait été assassiné le 9 par Volkert van der Graaf, qui disait vouloir venger « les plus vulnérables », ciblés, selon lui, par le tribun populiste.

    PLUS IMPORTANT QUE REMBRANDT ET VAN GOGH

    Lors des élections qui avaient suivi son enterrement en grandes pompes, la « Liste Pim Fortuyn » allait décrocher 26 sièges des 150 sièges à la chambre des députés, s'imposant comme un partenaire indispensable. Elle sombrait toutefois rapidement dans la confusion et les querelles internes, permettant à M. Wilders de récupérer une grande partie de son électorat en radicalisant la critique du système et de ses élites.

    En 2004, les Néerlandais, invités à désigner les personnages les plus importants de leur histoire placèrent Pim Fortuyn devant les peintres Rembrandt et Van Gogh, les philosophes Spinoza et Erasme ou leurs reines, Juliana et Beatrix… Sans doute parce que ce dénonciateur qui n'exerça jamais le pouvoir créa une très profonde césure dans leur histoire politique. Aujourd'hui, même ses adversaires les plus résolus reconnaissent l'influence considérable qu'il a exercée sur un pays devenu très différent de ce qu'il était à la fin du XXe siècle.

    Vendredi, le ministère de l'intérieur se montrait extrêmement discret sur la libération de M. van der Graaf et l'endroit où il sera caché. Certaines sources évoquaient sa possible « exfiltration » vers l'Allemagne. La question de son éventuelle protection policière est débattue, alors que divers groupes d'extrême droite ont appelé à la vengeance. L'un d'eux, Résistance identitaire, affirme avoir rassemblé des fonds à cette fin et un groupe néonazi a posté sur YouTube une vidéo intitulée « Volkert doit mourir » . Un sondage réalisé sur un échantillon de 22 000 personnes a indiqué que 65 % de la population s'oppose à des mesures de protection particulières. Vendredi soir, une manifestation doit avoir lieu à Rotterdam, à l'appel de Simon Fortuyn, le frère du défunt.

    Le gouvernement entend, de son côté, réexaminer les conditions qui permettent la libération quasi automatique d'un détenu aux deux tiers de sa peine.

    Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen)
    Journaliste au Monde
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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