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En hommage à deux valeureux chefs de l'ALN, morts au combat : le lieutenant Si M'hamed Raïs, le 8 juin 1958,

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  • En hommage à deux valeureux chefs de l'ALN, morts au combat : le lieutenant Si M'hamed Raïs, le 8 juin 1958,

    En hommage à deux valeureux chefs de l'ALN, morts au combat : le lieutenant Si M'hamed Raïs, le 8 juin 1958, et le colonel Si M'hamed Bougara, le 5 mai 1959.

    Quand la force K rallie l'ALN



    Le 4 mai 1958, un violent accrochage oppose le Commando Djamal aux troupes françaises, à Tafrent, commune d'El Maine, wilaya de Aïn Defla selon le découpage administratif actuel (1).

    Tafrent (arch Bathia) est limitrophe du arch Béni Boudouane, fief du sinistre bachagha Boualem. L'armée française a engagé une vaste opération-poursuite, depuis plusieurs jours. L'ALN venait de lui asséner un grand coup, lui faisant subir un cuisant revers.
    En effet, quelques jours auparavant, le 28 avril 1958, la force K forte de près de 1 000 hommes, après avoir éliminé son chef, a rejoint, avec armes et bagages, l'ALN dans la région de Amrouna. Aussitôt, l'armée française mobilise d'énormes moyens afin de rattraper, intercepter les déserteurs. L'ALN avait anticipé cette réaction de l'armée. Elle a planifié et préparé l'accueil des ralliés depuis plusieurs jours, dès le moment où elle s'est assurée de l'imminence du ralliement de la force K.
    C'est le lieutenant Rachid (Bouchouchi) qui fut chargé par le colonel Bougara (Si M'hamed) d'organiser et de piloter cette grande opération. Il fut exigé des adjoints de Belhadj, qui étaient à l'origine du ralliement de la force K, d'apporter avec eux, comme preuve de leur engagement sincère et définitif, la tête de leur chef. C'est ce qu'ils firent dans la nuit du 28 avril 1958.
    Dès l'arrivée des éléments ralliés, les responsables procèdent à leur dispersion à travers le territoire de la wilaya. Un tiers environ de l'effectif est dirigé vers le Titteri, dans la région de Médéa pour être réparti entre les zones 1 et 2 de la Wilaya IV. Un autre contingent d'une centaine d'éléments rejoint le Dahra, les régions du Nord de la zone 3. Le reste des effectifs est affecté aux régions ALN de l'Ouarsenis.
    Mais qui est cette armée, cette force K qui vient de changer de camp en rejoignant l'ALN, suscitant le courroux et la rage de l'armée française qui se lance à sa poursuite, mobilisant d'énormes moyens terrestres et aériens.
    Dans une précédente contribution (2), j'avais évoqué l'histoire de ce maquis contre-révolutionnaire appelé par les français force K ou force Kobus du nom qu'ils ont donné à Belhadj Djillali Abdelkader, le chef de cette “armée”. Les membres de cette force sont aussi appelés “belhadjistes”.
    C'est Belhadj qui a créé ce maquis, en octobre 1956, chez lui à Zeddine, localité dépendant d'El Attaf, dans la wilaya de Aïn Defla.
    Avec la bénédiction et l'appui de l'armée française, Kobus recrute de nombreux jeunes de la région et accueille aussi des jeunes venus de l'Algérois fuyant la répression de la police et de l'armée et qui, de bonne foi, pensaient avoir rejoint l'ALN, car Belhadj cachait sa collusion avec l'armée, au début de son aventure.
    Par la suite, pour ceux qui commençaient à douter de sa sincérité, il prétendait qu'il jouait un tour à l'armée qu'il combattrait dès qu'il aura reçu d'elle suffisamment d'armes et de munitions. à la population, il clamait que sa troupe était la vraie ALN.
    Belhadj fut un grand responsable dans le parti nationaliste PPA-MTLD. C'est un “historique”. Belhadj a côtoyé les grands dirigeants de l'OS (Organisation spéciale créée en 1947): Mohamed Belouizdad (le premier chef de l'OS), Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, Ahmed Ben Bella, Mohamed Maroc, Djillali Reguimi, Amar Aït Hamouda, Ahmed Mahsas.
    Il a fait partie de l'état-major de l'OS . Sorti aspirant de l'Ecole d'élèves officiers de Cherchell, il était chargé de l'instruction militaire.
    La ferme familiale, à Zeddine, a abrité, en décembre 1948, la réunion du Comité central élargi du MTLD. En mars 1950, lors du démantèlement de l'OS par la police française, il fut arrêté et condamné à 3 ans de prison. C'est dans cette période qu'il fut retourné et devint “collaborateur” des services de renseignements français.
    Les responsables de la wilaya gérèrent intelligemment ce maquis contre-révolutionnaire, installé dans la zone 3 de la Wilaya IV. L'ALN œuvra à contenir et à bloquer son extension afin de le fixer dans les limites de son fief de Zeddine. Néanmoins, au début d'avril 1957, le commando Djamal, sous le commandement de Si Mohamed, chef militaire de la zone à l'époque, donna l'assaut au PC de Belhadj, tuant de nombreux belhadjistes dont le propre frère de Abdelkader Belhadj.,L'armée française dut recourir à l'aviation pour secourir la force K et lui éviter de graves pertes. Cette action de l'ALN contribua à mettre à nu la duperie de Kobus et dévoila au grand jour sa collaboration avec l'ennemi.
    Dans la nuit du 3 mai 1958, le contingent des belhadjistes (fort de 350 hommes environ) affecté à l'Ouarsenis, poursuivi par l'armée française, rejoint le commando Djamal à Tafrent.
    Nous étions plus de 450 djounoud. Cet effectif important ne constitue nullement un avantage. Bien au contraire, il s'avère être un handicap et la cause de maintes difficultés. L'ALN avait opté, lors du Congrès de la Soummam, pour la katiba (compagnie), unité idéale pour mener des actions de guérilla. La taille de la katiba, 110 à 120 hommes, répartis en 3 sections, lui donnait une très grande mobilité et la rendait insaisissable. En cas de forte pression de l'ennemi, la katiba pouvait se scinder en 3 unités d'une section chacune et se regrouper rapidement après. Un effectif de plusieurs centaines de djounoud constituait une cible très facile, surtout en cas d'attaque aérienne. Les ex-belhadjistes qui ne sont pas entraînés à notre forme de combat et qui n'ont jamais subi de bombardements, rendent donc notre formation vulnérable. Avant l'aube, nous quittons la dechra. Nous rejoignons la forêt. Nous nous installons sur la plus importante crête. Le commando se place en première ligne. Devant nous, une autre forêt, dont nous sommes séparés par un terrain nu, envahi par la broussaille. Tôt le matin, un mouvement de troupe est signalé, avançant lentement vers la dechra que nous venons de quitter. Nous apprendrons, plus tard, que c'est une unité de chasseurs-alpins. Ils viennent donc côté Sud, par rapport à notre position. Il fait jour. C'est calme. Un calme stressant. C'est toujours le même stress que nous ressentons avant que n'éclatent les premiers coups de feu. Nous ne bougeons pas. Nous attendons dans un grand silence. Puis une information arrive, relayée d'un djoundi à l'autre, murmurée. Des soldats arrivent à la forêt située en face, par petits groupes, sans faire de bruit. Ils viennent de Draâ El Halfa, un poste avancé installé à Beni Boudouane. Un long moment s'écoule, sans que rien se passe. Il est 8 heures. Puis, enfin, les soldats débouchent de la forêt. Ils avancent en formation d'essaim, sur un terrain nu; ils se dirigent vers la crête que nous occupons. Nous les laissons approcher. Ils sont nombreux. Parfois, la broussaille haute en certains endroits les couvre en partie. Nous les laissons encore progresser. Les premiers soldats sont à présent à quelques dizaines de mètres. Nous ouvrons le feu. Un déluge de balles s'abat sur eux. Je suis près du tireur de la mitrailleuse, une MG. Je vois un groupe entier tomber, fauché par la première rafale de la MG. “El Houdjoum” crie Si M'hamed, le chef du Commando. Nous quittons notre position et fonçons sur les soldats. Nous récupérons toutes les armes. Parmi les soldats, il y avait des harkis, sûrement de Beni Boudouane. Lors de cet assaut, nous serons témoins d'une scène de judo. Un soldat était étendu, apparemment sans vie. Un compagnon saute sur lui pour récupérer son arme. Contre toute attente, le soldat se relève à moitié, saisit le djoundi et, par un jeu de jambes, le soulève et le projette à plusieurs mètres. Il allait abattre notre compagnon. Nous achevons cet adepte des arts martiaux.
    Nous poursuivons les soldats qui courent, se replient. Ils se retranchent derrière une butte. Nous ne pouvons les déloger. Il faut décrocher et quitter les lieux. Nous sommes dans une position dangereuse. L'ennemi est partout. Au Sud, les chasseurs alpins avancent vers notre position. Au Nord, il y a le territoire hostile des Béni Boudouane. Je marche côte à côte avec Kadi Méliani, un ami d'enfance. J'avais récupéré des munitions ainsi qu'un sac à dos. C’est le moment de partager le “butin”: du fromage, du pain et du chocolat. Nous avions faim. La veille, comme l'avant-veille, nous n'avons mangé que deux fois de la “m'hamessa” (plombs). Ce sac a failli nous coûter la vie à Méliani et à moi-même. Inconsciemment, je l'ai enfilé sur mon dos. Vraisemblablement, des ex-belhadjistes restés en retrait, me prirent pour un soldat français et tiraient sur moi. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. C'est Méliani qui saisit la méprise et me crie de jeter le sac.
    Soudain, le bruit des avions remplit le ciel. Une vingtaine d'avions arrivent. Des T6, des Mystère, des bombardiers B 19 et B 26, des Piper (ou “mouchards”, comme les appellent les djounoud) qui renseignent les avions et les troupes au sol sur nos mouvements. Après avoir tourné assez haut, ces engins de la mort arrivent sur nous. Ils piquent, lâchent des roquettes ou de longues rafales, remontent puis reviennent et recommencent, observant le même rituel. Après le passage des chasseurs, c'est au tour des bombardiers qui, souvent, sans piquer lâchent à l'aveuglette de grosses bombes.
    Les ex-belhadjistes qui ont rejoint notre commando ne connaissent pas cette guerre. Ils sont paniqués. Ils courent dans tous les sens. Ils se déplacent à plusieurs, constituant ainsi une cible idéale pour les avions. Il y a de nombreux morts et blessés parmi eux. J'ai vu près de moi, quatre djounoud déchiquetés par une seule roquette. Il faut donc les encadrer, les orienter, diriger leurs déplacements. Si M'hamed ordonne le repli par l'Ouest pour rejoindre T'kader, au-delà de la crête. L'aviation s'acharne. Les tirs de roquettes, des mitrailleuses deviennent plus denses, plus précis. Ces raids disloquent notre grosse formation. Le gros des ex-belhadjistes, accompagnés de membres du Commando, parviennent à franchir la colline. Nous apprendrons plus tard que la katiba régionale dirigée par Si Amar qui occupait une crête située non loin a facilité le passage de nos éléments. Le reste de notre katiba est piégé dans ce qui ressemble à une cuvette, peu boisée. Rejoindre nos compagnons devient impossible. Car, subitement, une noria d'hélicoptères surgit, plein ouest; une dizaine d'appareils des “bananes”(3) formant une longue colonne. Avant qu'ils ne touchent le sol, les soldats sautent, par section entière. L'armée française vient de nous verrouiller la voie du repli.

    (à suivre)

    Par : Omar RAMDANE

    Liberté
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    quand la force " k ." (suite)

    Suite dans notre édition de demain (2e partie et fin)

    (1) - Ce récit est conforté par les témoignages des compagnons : Saïd Bouraoui, Lakhdar Ibrahimi, Medjahed Mohamed (Si Hocine).
    (2) - Contribution intitulée Le Commando Djamal dans l’Ouarsenis, les monts de Amrouna et Doui et au Dahra parue dans les quotidiens: Liberté (éditions du 23 au 31 juillet 2012) et Echourouk El yaoumi (éditions du 31 juillet au 6 août 2012).
    (3) - L'hélicoptère a la forme d'une banane ; il peut transporter une section entière.
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

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