Les chiffres sont éloquents : pour près de la moitié d’entre nous, l’islam apparaît comme une menace. Pour la grande majorité, il se révèle incompatible avec les valeurs de la société française. Incompréhension, peurs, malentendus… Enquête sur l’origine d’une phobie très particulière.
La peur de l’islam n’est pas un phénomène nouveau. Des générations d’écoliers ont appris par cœur que l’héroïque Charles Martel avait vaillamment arrêté les méchants Arabes à Poitiers en 732. En conséquence, s’est imprimée dans leur psychisme l’image de l’Arabe musulman envahisseur potentiel, barbare assurément. Puis il y a eu la colonisation, la guerre d’Algérie, liant en une histoire commune nos deux sociétés, la française et l’algérienne.
Ces faits renvoient au passé. Mais savons-nous réellement composer avec lui ? Selon Malek Chebel, anthropologue, psychanalyste et auteur avec Christiane Godin de Vivre ensemble, éloge de la différence (Le Livre de poche, 2013), nous sommes encore hantés par un traumatisme collectif : les « indigènes » de la Tunisie ou de l’Algérie coloniales se sont rebellés, armés et transformés en sujets libres, maîtres de leur destin. Et dans l’inconscient des uns et des autres continuent de bouillonner des sentiments douloureux, d’autant plus tenaces qu’ils ne sont pas verbalisés : culpabilité et volonté inavouée de revanche du côté des anciens colons, ressentiment du côté des ex-colonisés
Sémantique et amalgame
Le souvenir traumatisant de la guerre d’Algérie n’explique évidemment pas à lui seul la peur de l’islam. Nous constatons que déjà, d’entrée de jeu, nous sommes piégés par le langage. En effet, quand nous disons « islamique » nous entendons simultanément « islam », la religion, et « islamisme », l’extrémisme religieux, le terrorisme, le gouvernement des mollahs. Un problème sémantique, qui entraîne d’emblée, dans les esprits, une confusion entre le croyant musulman respectant son prochain et le djihadiste prêt à se faire sauter dans un bus avec une cinquantaine d’innocents.
En psychologie, la phobie est une peur irraisonnée, pas forcément irrationnelle, mais toujours amplifiée. Dans la peur de l’avion, c’est le crash fatal qui est craint. Les avions tombent, c’est vrai. Mais pas tous. Un accident mortel est même rarissime.
Quelle est la « chose » effrayante dans la peur de l’islam ? Le terrorisme, l’invasion par une population aux traditions différentes réputées inassimilables, le ravalement de l’image de la femme ? Toutes ces représentations s’entremêlent, amalgamant les violences en Égypte, celles qui ont secoué Trappes l’été dernier, les prières de rue, le niqab, le hidjab, le 11 septembre… Du même coup, préjugés, malentendus, fantasmes et vraies raisons de s’indigner se percutent
Un rapport ambigu à l'islam
Notre relation à cette religion s’inscrit sous le signe de l’ambiguïté. Nous sommes fiers de proclamer notre droit au plaisir et à la sensualité. Pourtant, quand nous entendons des extrémistes dénoncer notre impudeur d’Occidentaux, nous nous sentons parfois obscurément coupables. Finalement, est-ce moralement correct de boire, de fumer, d’avoir une vie sexuelle si libérée, d’afficher nos corps dénudés sur la plage ? pouvons-nous être tentés de nous demander, mus par ce vieux fond de culpabilité chrétienne toujours prêt à resurgir.
Et, pour compliquer la situation, à moins d’être des racistes convaincus, et ce n’est pas à eux que s’adresse cet article, après avoir pesté en silence contre ces femmes qui dissimulent leur chevelure, leur visage – « Ce n’est pas possible, elles s’en fichent des valeurs de la république, des combats que les femmes ont menés pour leurs droits », pensons-nous –, une partie de nous murmure : « Tout de même, te gênent-elles vraiment ? Tu devrais être plus tolérant ! » L’humaniste en nous ne se sent pas à son aise d’être ainsi pris en flagrant délit d’intolérance
Un réflexe antireligieux ?
Le psychanalyste et philosophe Daniel Sibony, auteur d'Islamophobie et Culpabilité (Odile Jacob, 2013) l’écrit dans son blog, il est justement essentiel aussi de ne pas succomber à cette forme d’islamophobie, qui, elle, consiste à s’autocensurer, à s’interdire toute critique de l’islam de peur d’être étiqueté comme islamophobe. Pour se libérer de nos peurs, il faudrait au contraire nous confronter à nos émotions, à nos constructions mentales au lieu de les refouler et d’essayer de les fuir. Mais où commence réellement l’islamophobie ? Quand un professeur demande à une étudiante d’ôter son voile à l’occasion d’un examen, est-ce un acte antimusulman ? Oui, répondront certains, parce qu’ils estiment que c’est une atteinte aux libertés, au droit d’afficher ses opinions religieuses. Non, c’est une nécessité pour s’assurer de son identité, rétorqueront les autres, car ils estiment que dans un pays laïque, les opinions religieuses ne doivent pas s’afficher.
En fait, l’islam interroge les valeurs laïques qui nous ont été inculquées. Vincent Geisser, chercheur spécialiste de l’islam et auteur de La Nouvelle Islamophobie (La Découverte, 2003), définit sans hésitation l’islamophobie actuelle comme un réflexe antireligieux. Dans notre France cartésienne et volontiers anticléricale, la religion et ses rituels tendent à se confondre avec la superstition, la pensée magique et les contes de fées. Aussi supportons-nous mal que des individus nés ou installés en France, bénéficiant de ses « lumières », de son esprit scientifique, s’obstinent à pratiquer une religion parfois vue comme « rétrograde ».
Crise économique et crispations identitaires
Imprégnés par le discours psychanalytique, nous nous définissons à partir de notre histoire personnelle et tenons à notre singularité. Nous ne penserions jamais ou presque à revendiquer nos origines chrétiennes pour définir notre être. De fait, nous sommes pratiquement incapables de comprendre la place de l’islam dans l’univers mental arabo-musulman : simultanément religion, culture, racine identitaire, cause à défendre. Du coup, nous ne saisissons pas bien pourquoi toute une communauté se sent insultée quand un hebdomadaire caricature son prophète : pour nous, rire du pape, de Jésus ou de la Sainte Vierge n’est pas un problème. Et les quelques extrémistes qui vengeront l’honneur de Dieu en brûlant le journal blasphémateur vont surtout nous conforter dans l’idée que cette religion est bel et bien obscurantiste. En tout cas, avis aux amateurs de caricatures, celles que publie quotidiennement le dessinateur algérien Ali Dilem sur Facebook sont nettement plus percutantes que celles de Charlie hebdo : il connaît mieux son sujet.
Pour ne rien arranger, la crise économique que nous traversons, comme tous les soubresauts angoissants de l’histoire, nuit à la tolérance. Quand nos revenus baissent, quand nos vies sont déstabilisées, les peurs montent et, avec elles, les crispations identitaires – « Je suis chez moi, il y en a assez de tous ces étrangers qui vivent sur mes impôts… » s’emportent certains. Or, aujourd’hui, nos propres incertitudes trouvent devant elles un monde musulman qui est justement en train d’essayer de refouler les siennes en renouant avec sa culture et ses traditions. Comment résister à nos peurs et préjugés ? Certainement pas en suivant Samuel P. Huntington, professeur de sciences politiques à l’université américaine Harvard, qui a fortement contribué à rendre l’islam terrifiant avec son fameux Choc des civilisations (Odile Jacob, 2007), dans lequel il présente le monde musulman comme un univers clos, figé, à la limite de la débilité mentale. Or il n’y a pas un, mais des islams : celui rétrograde des talibans, cet autre austère des mollahs d’Iran, mais aussi l’islam ouvert du Maghreb, qui pratique le culte des saints, ou encore celui spirituel et poétique des sages soufis, éclairé et humaniste, prôné par des penseurs tels que Malek Chebel, etc.
La peur, une forme de jouissance
Prenons également nos distances avec les images spectaculaires des journaux télévisés qui alimentent les peurs en nous présentant des fanatiques hurlant à la mort et des femmes en burka, ombres noires sans visage, ou des banlieues proches, zones de non-droit, dominées par des bandes de jeunes livrés à eux-mêmes, méprisant leurs pères démissionnaires. Face à ce spectacle, comment imaginer que les enfants des cités deviennent plus tard des adultes responsables, occupant des fonctions honorables, voire des postes clés ? Non seulement s’imprime dans nos esprits l’idée, cliché, que tous les musulmans vivent dans des cités violentes et sont des délinquants, mais nous en oublions aussi que la plupart de ceux qui pratiquent optent pour un islam du cœur, qu’ils n’imposent à personne, et ne portent ni barbe ni burka.
Ces bandes qui cassent, ont la haine, manifestent des comportements misogynes, antisémites, homophobes, ne sont pas des inventions racistes. Selon le sociologue Albert Memmi, auteur de Portrait du décolonisé (Gallimard, "Folio Actuel", 2007), leur violence serait même un message adressé à la société française, trop lente à intégrer cette jeunesse, qui a quelques bonnes raisons de se sentir stigmatisée et exclue. « Vous ne voulez pas de nous ? Nous allons vous donner de bonnes raisons de nous rejeter », nous lancent-ils. « La peur que l’on inspire est une forme de jouissance, détaille le sociologue. Chez le fils d’immigré, c’est également une revanche pour contrebalancer les coups de balai de son père sur le trottoir, qu’il peut ainsi occuper tout entier avec ses compagnons, obligeant les passants à en descendre. Il ne cédera le passage à personne. Dans le métro, il franchira le portillon sans payer, il mettra les pieds sur la banquette d’en face, rayera la vitre de sa signature. Considérant que toutes les lois n’ont pas été faites en sa faveur, mais contre lui, il n’a pas à les respecter. » Comprendre ne rend pas plus acceptables ces comportements agressifs. Au moins sommes-nous prévenus : impossible d’exclure des milliers d’humains en s’imaginant qu’il n’y aura pas de conséquences violentes
La peur de l’islam n’est pas un phénomène nouveau. Des générations d’écoliers ont appris par cœur que l’héroïque Charles Martel avait vaillamment arrêté les méchants Arabes à Poitiers en 732. En conséquence, s’est imprimée dans leur psychisme l’image de l’Arabe musulman envahisseur potentiel, barbare assurément. Puis il y a eu la colonisation, la guerre d’Algérie, liant en une histoire commune nos deux sociétés, la française et l’algérienne.
Ces faits renvoient au passé. Mais savons-nous réellement composer avec lui ? Selon Malek Chebel, anthropologue, psychanalyste et auteur avec Christiane Godin de Vivre ensemble, éloge de la différence (Le Livre de poche, 2013), nous sommes encore hantés par un traumatisme collectif : les « indigènes » de la Tunisie ou de l’Algérie coloniales se sont rebellés, armés et transformés en sujets libres, maîtres de leur destin. Et dans l’inconscient des uns et des autres continuent de bouillonner des sentiments douloureux, d’autant plus tenaces qu’ils ne sont pas verbalisés : culpabilité et volonté inavouée de revanche du côté des anciens colons, ressentiment du côté des ex-colonisés
Sémantique et amalgame
Le souvenir traumatisant de la guerre d’Algérie n’explique évidemment pas à lui seul la peur de l’islam. Nous constatons que déjà, d’entrée de jeu, nous sommes piégés par le langage. En effet, quand nous disons « islamique » nous entendons simultanément « islam », la religion, et « islamisme », l’extrémisme religieux, le terrorisme, le gouvernement des mollahs. Un problème sémantique, qui entraîne d’emblée, dans les esprits, une confusion entre le croyant musulman respectant son prochain et le djihadiste prêt à se faire sauter dans un bus avec une cinquantaine d’innocents.
En psychologie, la phobie est une peur irraisonnée, pas forcément irrationnelle, mais toujours amplifiée. Dans la peur de l’avion, c’est le crash fatal qui est craint. Les avions tombent, c’est vrai. Mais pas tous. Un accident mortel est même rarissime.
Quelle est la « chose » effrayante dans la peur de l’islam ? Le terrorisme, l’invasion par une population aux traditions différentes réputées inassimilables, le ravalement de l’image de la femme ? Toutes ces représentations s’entremêlent, amalgamant les violences en Égypte, celles qui ont secoué Trappes l’été dernier, les prières de rue, le niqab, le hidjab, le 11 septembre… Du même coup, préjugés, malentendus, fantasmes et vraies raisons de s’indigner se percutent
Un rapport ambigu à l'islam
Notre relation à cette religion s’inscrit sous le signe de l’ambiguïté. Nous sommes fiers de proclamer notre droit au plaisir et à la sensualité. Pourtant, quand nous entendons des extrémistes dénoncer notre impudeur d’Occidentaux, nous nous sentons parfois obscurément coupables. Finalement, est-ce moralement correct de boire, de fumer, d’avoir une vie sexuelle si libérée, d’afficher nos corps dénudés sur la plage ? pouvons-nous être tentés de nous demander, mus par ce vieux fond de culpabilité chrétienne toujours prêt à resurgir.
Et, pour compliquer la situation, à moins d’être des racistes convaincus, et ce n’est pas à eux que s’adresse cet article, après avoir pesté en silence contre ces femmes qui dissimulent leur chevelure, leur visage – « Ce n’est pas possible, elles s’en fichent des valeurs de la république, des combats que les femmes ont menés pour leurs droits », pensons-nous –, une partie de nous murmure : « Tout de même, te gênent-elles vraiment ? Tu devrais être plus tolérant ! » L’humaniste en nous ne se sent pas à son aise d’être ainsi pris en flagrant délit d’intolérance
Un réflexe antireligieux ?
Le psychanalyste et philosophe Daniel Sibony, auteur d'Islamophobie et Culpabilité (Odile Jacob, 2013) l’écrit dans son blog, il est justement essentiel aussi de ne pas succomber à cette forme d’islamophobie, qui, elle, consiste à s’autocensurer, à s’interdire toute critique de l’islam de peur d’être étiqueté comme islamophobe. Pour se libérer de nos peurs, il faudrait au contraire nous confronter à nos émotions, à nos constructions mentales au lieu de les refouler et d’essayer de les fuir. Mais où commence réellement l’islamophobie ? Quand un professeur demande à une étudiante d’ôter son voile à l’occasion d’un examen, est-ce un acte antimusulman ? Oui, répondront certains, parce qu’ils estiment que c’est une atteinte aux libertés, au droit d’afficher ses opinions religieuses. Non, c’est une nécessité pour s’assurer de son identité, rétorqueront les autres, car ils estiment que dans un pays laïque, les opinions religieuses ne doivent pas s’afficher.
En fait, l’islam interroge les valeurs laïques qui nous ont été inculquées. Vincent Geisser, chercheur spécialiste de l’islam et auteur de La Nouvelle Islamophobie (La Découverte, 2003), définit sans hésitation l’islamophobie actuelle comme un réflexe antireligieux. Dans notre France cartésienne et volontiers anticléricale, la religion et ses rituels tendent à se confondre avec la superstition, la pensée magique et les contes de fées. Aussi supportons-nous mal que des individus nés ou installés en France, bénéficiant de ses « lumières », de son esprit scientifique, s’obstinent à pratiquer une religion parfois vue comme « rétrograde ».
Crise économique et crispations identitaires
Imprégnés par le discours psychanalytique, nous nous définissons à partir de notre histoire personnelle et tenons à notre singularité. Nous ne penserions jamais ou presque à revendiquer nos origines chrétiennes pour définir notre être. De fait, nous sommes pratiquement incapables de comprendre la place de l’islam dans l’univers mental arabo-musulman : simultanément religion, culture, racine identitaire, cause à défendre. Du coup, nous ne saisissons pas bien pourquoi toute une communauté se sent insultée quand un hebdomadaire caricature son prophète : pour nous, rire du pape, de Jésus ou de la Sainte Vierge n’est pas un problème. Et les quelques extrémistes qui vengeront l’honneur de Dieu en brûlant le journal blasphémateur vont surtout nous conforter dans l’idée que cette religion est bel et bien obscurantiste. En tout cas, avis aux amateurs de caricatures, celles que publie quotidiennement le dessinateur algérien Ali Dilem sur Facebook sont nettement plus percutantes que celles de Charlie hebdo : il connaît mieux son sujet.
Pour ne rien arranger, la crise économique que nous traversons, comme tous les soubresauts angoissants de l’histoire, nuit à la tolérance. Quand nos revenus baissent, quand nos vies sont déstabilisées, les peurs montent et, avec elles, les crispations identitaires – « Je suis chez moi, il y en a assez de tous ces étrangers qui vivent sur mes impôts… » s’emportent certains. Or, aujourd’hui, nos propres incertitudes trouvent devant elles un monde musulman qui est justement en train d’essayer de refouler les siennes en renouant avec sa culture et ses traditions. Comment résister à nos peurs et préjugés ? Certainement pas en suivant Samuel P. Huntington, professeur de sciences politiques à l’université américaine Harvard, qui a fortement contribué à rendre l’islam terrifiant avec son fameux Choc des civilisations (Odile Jacob, 2007), dans lequel il présente le monde musulman comme un univers clos, figé, à la limite de la débilité mentale. Or il n’y a pas un, mais des islams : celui rétrograde des talibans, cet autre austère des mollahs d’Iran, mais aussi l’islam ouvert du Maghreb, qui pratique le culte des saints, ou encore celui spirituel et poétique des sages soufis, éclairé et humaniste, prôné par des penseurs tels que Malek Chebel, etc.
La peur, une forme de jouissance
Prenons également nos distances avec les images spectaculaires des journaux télévisés qui alimentent les peurs en nous présentant des fanatiques hurlant à la mort et des femmes en burka, ombres noires sans visage, ou des banlieues proches, zones de non-droit, dominées par des bandes de jeunes livrés à eux-mêmes, méprisant leurs pères démissionnaires. Face à ce spectacle, comment imaginer que les enfants des cités deviennent plus tard des adultes responsables, occupant des fonctions honorables, voire des postes clés ? Non seulement s’imprime dans nos esprits l’idée, cliché, que tous les musulmans vivent dans des cités violentes et sont des délinquants, mais nous en oublions aussi que la plupart de ceux qui pratiquent optent pour un islam du cœur, qu’ils n’imposent à personne, et ne portent ni barbe ni burka.
Ces bandes qui cassent, ont la haine, manifestent des comportements misogynes, antisémites, homophobes, ne sont pas des inventions racistes. Selon le sociologue Albert Memmi, auteur de Portrait du décolonisé (Gallimard, "Folio Actuel", 2007), leur violence serait même un message adressé à la société française, trop lente à intégrer cette jeunesse, qui a quelques bonnes raisons de se sentir stigmatisée et exclue. « Vous ne voulez pas de nous ? Nous allons vous donner de bonnes raisons de nous rejeter », nous lancent-ils. « La peur que l’on inspire est une forme de jouissance, détaille le sociologue. Chez le fils d’immigré, c’est également une revanche pour contrebalancer les coups de balai de son père sur le trottoir, qu’il peut ainsi occuper tout entier avec ses compagnons, obligeant les passants à en descendre. Il ne cédera le passage à personne. Dans le métro, il franchira le portillon sans payer, il mettra les pieds sur la banquette d’en face, rayera la vitre de sa signature. Considérant que toutes les lois n’ont pas été faites en sa faveur, mais contre lui, il n’a pas à les respecter. » Comprendre ne rend pas plus acceptables ces comportements agressifs. Au moins sommes-nous prévenus : impossible d’exclure des milliers d’humains en s’imaginant qu’il n’y aura pas de conséquences violentes
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