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L'ANC a déçu les Sud-Africains

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  • L'ANC a déçu les Sud-Africains

    Situé à une dizaine de kilomètres de Mafikeng, Localeng est l'un des plus vieux villages de la province du Nord-Ouest. Mais c'est aussi l'un des plus oubliés de la nouvelle Afrique du Sud. Les enfants sont à une heure de marche de l'école. Il n'y a pas de crèche. La clinique ferme le week-end. Rien ne marche. Même la pompe à eau, installée l'an dernier, n'est toujours pas connectée au réseau. Mais le pire, c'est qu'il n'y a même pas l'électricité. Les villageois se mobilisent depuis cinq ans pour avoir du courant. Ils ont écrit à la mairie, à la province, à la présidence. Ils sont même allés jusqu'à demander au ministre de l'Énergie des panneaux solaires


    Pas de courant, pas d'élection. Les résidents de Localeng ont décidé de boycotter l'élection générale du 7 mai pour protester contre la lenteur des transformations. Le président Jacob Zuma, qui brigue un second mandat de cinq ans, est donné vainqueur au scrutin de ce mercredi. Mais il n'a jamais été aussi impopulaire. L'ANC (Congrès national africain), au pouvoir depuis vingt ans, n'a jamais fait face à une telle opposition.
    «On a voté, voté, voté… Des promesses, des promesses, des promesses… mais rien ne se passe. On est fatigués. Pourquoi voulez-vous qu'on vote pour quelque chose qui ne vient pas?» s'exclame Boitumelo Mahabi. Femme de caractère, cette porte-parole de la communauté explique qu'il lui faut «gaspiller» de l'essence pour aller chercher à boire car le premier magasin est à plusieurs kilomètres.
    En Afrique du Sud, il ne se passe pas une semaine sans qu'une communauté ne manifeste son mécontentement quand aux conditions de vie. Les uns se plaignent des toilettes, les autres de l'eau courante. Certaines émeutes sont violentes. On brûle les bâtiments municipaux, les écoles, les bibliothèques. Les bavures policières se répètent. Les 34 mineurs de Marikana qui ont perdu la vie en août 2012 en réclamant de meilleurs salaires font figure de martyrs.
    Notables corrompus

    À Localeng, on tient à rester pacifique. «Pourquoi brûler une clinique pour avoir une école? Ça n'a pas de sens» ; assure Mothisi Ntwaae. Mais il reconnaît que la patience a ses limites. Les résidents sont d'autant plus furieux que les cinq maisons du village reliées au réseau sont celles qui bordent la maison du conseiller municipal ANC. Peter Babedi, élu depuis cinq ans, n'a jamais eu de problème de courant. Interrogé par la presse locale, l'élu s'est justifié en expliquant qu'il était le seul de toute façon à pouvoir payer les factures.
    Corruption, népotisme… Certains gouvernements provinciaux sont tenus responsables des transformations très lentes de la société. Les sondages sont formels. Les électeurs sud-africains vont les sanctionner. Dans la province du Nord-Ouest, Julius Malema, l'ex-leader des jeunesses de l'ANC, profite de ces faiblesses pour récupérer des électeurs. Son parti EFF (Economic Freedom Fighters) pourrait faire 5 % des voix. L'Alliance démocratique, première force d'opposition, promet aussi d'améliorer son score dans toutes les provinces du pays. Crédité de plus de 20 % des voix, le parti d'Helen Zille a fait campagne sur la corruption.
    La piscine privée de Zuma

    Nkandla est la goutte qui a fait déborder le vase. Quand les Sud-africains ont appris que l'État a dépensé plus de 20 millions d'euros pour rénover la résidence privée de Jacob Zuma, le sentiment de rejet a été général. «La société civile ne s'est jamais autant mobilisée pour dénoncer le dysfonctionnement croissant de certaines institutions», fait remarquer David Lewis, directeur de Corruption Watch. «Ils nous expliquent que les devis ont été dépassés, que la piscine a coûté 10 millions de rands au lieu de 4 millions (70 000 euros environ, NDLR)! Nous continuerons à dire que la piscine n'aurait jamais du être construite et que Zuma devrait rembourser tout ce qui apparaît comme un bénéfice personnel.»
    Jacob Zuma est le président le plus impopulaire de l'Afrique du Sud post-apartheid. Sa cote de popularité est en dessous des 50 %. Mais le système électoral est tel qu'il a toutes les chances d'être réélu. À en croire les sondages, l'ANC devrait faire plus de 60 % des voix et c'est le chef du parti qui a le plus de voix qui dirigera le pays. Mais ce deuxième mandat s'annonce périlleux. De la redistribution des terres à la réforme des mines, le gouvernement devra bien un jour tenir les promesses qu'il a faites aux millions de Sud-Africains.
    «Pas de courant, pas d'élection». À Localeng, le mot d'ordre des résidents est bien plus populaire que le slogan de l'ANC, «une vie meilleure pour tous».

    le figaro
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