Annonce

Réduire
Aucune annonce.

États-Unis : prier en politique reste un droit

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • États-Unis : prier en politique reste un droit

    La Cour suprême autorise les prières au conseil municipal tant qu'elles ne font pas de prosélytisme.


    Pour nous autres Français, habitués à une laïcité qui a coupé net le cordon entre Dieu et la politique, il est toujours frappant d'assister à la prière chrétienne qui ouvre les sessions parlementaires du Congrès et les maintes réunions organisées de la base au sommet du pouvoir exécutif. «Prions!» lance souvent le président Barack Obama, lors de cérémonies de remise de décoration ou de dîners officiels à la Maison-Blanche. La «république unie et indivisible» qu'évoque le serment d'allégeance à l'Amérique, place cette dernière «sous (la protection de) Dieu».

    Perdure même à Washington l'étonnante tradition d'un «breakfast de prière» annuel, qui réunit les parlementaires et le chef de l'État. Aux États-Unis, où la séparation de l'Église et de l'État, visait à protéger la liberté religieuse de l'emprise excessive du pouvoir - à l'inverse de la France, où on souhaitait protéger l'État d'une Église jugée envahissante - Dieu fait bon ménage avec la politique.

    Des «cérémonies ancrées dans l'histoire du pays»

    De ce point de vue, la décision ce lundi de la Cour suprême des États-Unis d'autoriser les prières à l'ouverture des réunions publiques des conseils municipaux, n'a rien de surprenant. Deux femmes originaires de l'État de New York avaient lancé le débat en 2007 en protestant contre la mairie de la petite ville de Greece, près de Rochester, qui organisait des séances de prières chrétiennes à l'ouverture de ses sessions.

    Linga Stephen, une ancienne bibliothécaire athée de 70 ans, vice-présidente de la branche locale d'Américains unis pour la séparation de l'Église et de l'État, s'était sentie «offensée par ces pratiques». Susan Galopai, 51 ans, habitante juive de Greece, qui déjà, à l'école, refusait de chanter les cantiques de Noël parce qu'elle ne s'identifiait pas à cette fête chrétienne, l'avait rejointe dans sa cause, jugeant la tradition sectaire. Les deux femmes n'imaginaient pas que l'affaire remonterait jusqu'à la Cour suprême. «Nous avons reçu des lettres de menace, maudissant les athées…» a raconté Stephen

    L'exposition des citoyens à ces prières n'est pas «une violence inacceptable», mais «une pratique lancée par les Pères fondateurs et qui a résisté au test du temps».
    Le juge Anthony Kennedy


    La Cour, dans son avis, a confirmé une précédente décision, qui en 1983, avait donné raison à la législature du Nebraska et jugé constitutionnelle l'organisation de prières menées par un prêtre presbytérien rémunéré, au motif que ces «cérémonies étaient ancrées dans l'histoire du pays». Ce sont les mêmes raisons qui ont motivé la décision des cinq juges conservateurs de la Cour. Le juge Anthony Kennedy, chargé de formuler la décision majoritaire, a estimé que de telles pratiques «donnaient de la gravité à l'événement et reflétaient l'héritage de la nation». L'exposition des citoyens à ces prières n'est pas «une violence inacceptable», mais «une pratique lancée par les Pères fondateurs et qui a résisté au test du temps», a-t-il dit.

    Les quatre juges libéraux ont toutefois voté contre, notant dans leur avis minoritaire que «ces pratiques n'étaient pas conciliables avec la pratique du 1er amendement, qui affirme que tout citoyen, quelle que soit sa religion, détient une part égale de son gouvernement». Ils ont aussi appelé à la diversification des prières, estimant que la «neutralité vis-à-vis des différentes religions n'est pas un produit du politiquement correct du XXIe siècle, mais une vue du XVIIIe». La mairie de Greece a promis de répondre positivement aux demandes de prières d'autres religions


    le figaro
Chargement...
X