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Salaire des patrons: les actionnaires ont-ils vraiment leur mot à dire?

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  • Salaire des patrons: les actionnaires ont-ils vraiment leur mot à dire?

    Pour la première fois, lors des Assemblées Générales de 2014, les actionnaires des grandes entreprises peuvent se prononcer sur la rémunération de leurs dirigeants. Mais ce vote, baptisé "say on pay" reste purement consultatif et masque encore un manque cruel de transparence.

    l'assemblée générale de GDF Suez, il vaut mieux arriver le ventre plein. Le 28 avril dernier, pendant trois heures et demi, les actionnaires de l'entreprise ont écouté, boîtier électronique à la main, le président Gérard Mestralet, détailler les résultats du groupe. Un rendez-vous annuel et bien codifié qui connaissait pourtant cette année une petite nouveauté.

    Premiers votes sur la rémunération des dirigeants

    Alors que l'AG touchait à sa fin, le secrétaire général, Alain Chaigneau, s'est lancé dans le fastidieux appel au vote des résolutions. Les actionnaires y sont invités à donner leur avis sur une série de questions, allant du renouvellement des mandats des commissaires aux comptes, aux autorisations d'émissions d'actions en passant par la rémunération des dirigeants. Ce dernier point vise à valider "a posteriori" les rémunérations au titre de l'exercice 2013. Sans surprise, après un vote qui aura duré 15 secondes, la résolution n°24 sur la rémunération de Gérard Mestralet est adoptée... à 87%. Un score quasi soviétique.
    Il en sera de même pour la totalité de ses collègues du Cac 40, certains obtenant même de meilleurs scores. Chez Bouygues, 99,5% des résolutions ont été adoptées, chez Unibail, 99,5% des actionnaires ont voté la rémunération du président du directoire, Christophe Cuvillier. A vrai dire, il n'y a bien que chez Renault où l'on a tenté de freiner un peu. Les représentants de l'Etat ont voté contre la rémunération de Carlos Ghosn... ce qui n'a pas empêché l'AG d'adopter la mesure à 64%. Il faut dire que le patron de la marque au losange n'a pas accédé aux demandes du gouvernement de revenir sur une part de sa rémunération (ce qu'ont fait Martin et Oliver Bouygues par exemple). A l'inverse de Gérard Mestralet donc, qui cohabite également avec l'Etat dans son actionnariat (environ 30%).

    Les limites du système à la Française

    Le problème dans cet effort de démocratie actionnariale appelé "say on pay", c'est qu'il s'agit d un vote consultatif, sans contrainte majeure. Introduit en France en 2013 sous la pression du gouvernement qui menaçait d'intervenir, défini dans le code de déontologie Afep-Medef sur un principe non-contraignant, le "say on pay à la Française n'est pas totalement satisfaisant" regrette Loïc Dessaint, directeur associé du cabinet de conseil aux investisseurs Proxinvest. "Il donne la liberté à l'actionnaire de se prononcer sur une question, de donner son avis. Mais la limite de l'exercice c'est la transparence, notamment sur la part variable". Et Loïc Dessaint de pointer du doigt le cas Christophe de Margerie, PDG de Total, qui a fait voter lors de l'AG du groupe "une augmentation de 14% de sa part variable alors que tous les résultats sont en baisse. Quels sont les critères?", demande Loïc Dessaint.

    Un nouveau modèle à l'étude

    Le "say on pay" est-il déjà "has been"? Si les grands groupes ne semblent pas prêts à amorcer une deuxième phase, c'est la Commission européenne qui pourrait les y contraindre. Un projet de résolution européenne, "proche du nouveau modèle anglais", remarque Loïc Dessaint, est à l'étude. Il s'agirait d'un côté de conserver le modèle en cours sur le vote a posteriori, mais sur l'ensemble de la rémunération des cadres dirigeants, et d'y ajouter un examen précis sur trois ans des projets de rémunérations avec des règles de calculs détaillées.
    D'autre part, le vote ne serait plus consultatif mais contraignant. En l'état actuel des choses, si plus de 50% des actionnaires se prononcent contre une résolution, le conseil d'administration est simplement obligé d'en prendre acte officiellement et de publier "un communiqué mentionnant les suites qu'il entend donner aux attentes exprimées par les actionnaires lors de l'assemblée générale", indique le code Afep-Medef.

    La pression des actionnaires

    Aux Etats-Unis, le PDG d'Oracle Larry Ellison fait face depuis plusieurs années à de fortes contestations. Une majorité de ses actionnaires vote systématiquement contre les augmentations de rémunération décidées par son conseil d'administration. "C'est vrai qu'on ne va pas le virer, mais ces dirigeants ont intérêt à être exemplaires car des fonds n'hésitent plus à se manifester", explique Loïc Dessaint. C'est d'ailleurs le cas chez Nexans où Amber Capital, quatrième actionnaire de référence avec 5,5% du capital, réclame ouvertement depuis mi-avril la révocation du PDG, Frédéric Vincent.

    Et pourtant les grands patrons gagnent (un peu) moins

    En cumulant l'ensemble des revenus des patrons du Cac 40, le salaire moyen s'établit à 2,25 millions d'euros par tête selon Les Echos, soit un léger "repli de 2,1%" par rapport à 2012.
    Dans le détail, l'évolution est plutôt équilibrée puisque 18 patrons ont vu leur rémunération baisser, et autant augmenter. Quatre patrons (Ghosn, Senard, Huillard, et Bouygues) sont stables.

    l'express fr
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